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Envie de t’entraîner sur une colle type IENA ? Major-Prépa te propose un sujet accompagné de son corrigé, ainsi que des conseils méthodologiques !

Le sujet

Tu peux retrouver la transcription du sujet sur le site de NPR News, ainsi qu’une multitude d’autres podcasts pour t’entraîner à la compréhension orale.

Méthode et spécificités

Contrairement aux sujets ELVi ou Ecricome, les sujets IENA sont spécifiques puisqu’il s’agit de tester à la fois ta compréhension orale et ton expression orale. Pour réussir le jour J, écoute régulièrement de l’anglais (la radio, des films, des séries ou même des podcasts).

Pendant ton temps de préparation, attention de ne pas tomber dans le piège du perfectionnisme. Il n’est pas attendu de toi que tu aies saisi tous les détails du podcast, mais bien que tu produises une synthèse des grandes lignes du document. Donc, ne panique pas si tu n’as pas pu tout prendre en note et n’écoute pas le document plus de deux fois (en effet, il dure en moyenne quatre minutes, cela te ferait perdre énormément de temps).

Pour plus d’informations quant aux attentes du jury en oral d’anglais, va voir cet article !

Comme pour beaucoup d’autres épreuves orales, le temps de préparation est de 20 minutes, puis 10 minutes sont dédiées à ton passage devant le jury (tu dois produire une synthèse du document et un commentaire). Tu devras ensuite répondre à des questions portant sur le document, sur ta présentation ou sur la civilisation du monde anglophone de manière générale, échange qui peut durer jusqu’à 10 minutes.

Analyse et proposition de corrigé

La compréhension du document

Chaque fois que tu écoutes un document audio, essaie de répondre aux questions suivantes :

  • What is the main theme of the document?
  • How many people discuss the topic and who are they?
  • What are the main issues and arguments developed in the document?

Si tu parviens à rassembler ces quelques éléments, la synthèse de l’audio ne devrait pas poser problème.

Le sujet en question

Le journaliste (Michel Martin) et son invitée (Charlotte Jee) s’attachent à décrire les cyberviolences faites aux femmes, tout en envisageant un Internet plus féministe.

Le journaliste commence par dire que la « Déclaration d’indépendance du cyberespace », créé en 1996 avec l’avènement du World Wide Web, avait pour ambition de créer un espace dénué de préjudices raciaux ou économiques. Néanmoins, un paramètre important est absent de cette déclaration, comme le remarque Charlotte Jee : il s’agit du genre.

Le journaliste lui demande ensuite pourquoi Internet est si toxique pour les femmes, notamment pour les femmes noires. Elle répond que c’est d’abord pour des questions d’ego. Les sexistes ne peuvent pas concevoir qu’une plateforme soit aussi bien dédiée aux femmes qu’aux hommes. Ces mêmes sexistes n’ont pas la possibilité de museler les femmes sur Internet. Raison pour laquelle ils lancent des campagnes de « trolling » et n’hésitent pas à harceler les femmes par messages afin de leur rendre la vie un peu plus compliquée.

La discussion porte ensuite sur la culture internet

Le journaliste fait des remarques sur les profits générés par le World Wide Web. Ils sont majoritairement empochés par des hommes, tandis que les femmes représentent moins de 20 % des personnes employées dans la tech. Il remarque également que Charlotte Lee a écrit sur ce qu’elle nomme la discrimination algorithmique et lui demande quelques précisions à ce sujet.

Elle illustre son idée au moyen d’un exemple. Si l’on tape « écolier » sur Google images, on trouve des photos tout à fait classiques. En revanche, si on tape « écolière », un grand nombre de photos représentera des jeunes filles sexualisées, ce qui, selon elle, amplifie la misogynie dans la société.

Internet n’apparaît pas comme un espace de liberté ou de renouveau. Au contraire, les cyberespaces se fondent sur et renforcent les normes sociales. En sus, elle explique que ces comportements sont même encouragés par le fonctionnement d’Internet. Les algorithmes valorisent l’engagement en ligne et l’interaction, et ceux qui le font le plus sont justement les harceleurs et les trolls.

Le journaliste lui demande dès lors s’il existe une solution à ce problème et elle répond qu’un mouvement cyberféministe très divers s’attache aujourd’hui à renforcer la protection de la vie privée en ligne, mais qu’il faut plus de politiciens engagés dans ce sens, ainsi que plus de contrôles.

Brouillon de la synthèse

Une fois que tu as compris les grandes lignes du document, tu dois les organiser pour proposer une synthèse claire. La progression de ce document suit un fil conducteur assez logique : les intervenants soulèvent d’abord un problème avant d’évoquer les diverses solutions possibles.

Dès lors, pour ce sujet spécifique, tu n’as pas besoin d’opérer une grande réorganisation de l’information. En revanche, note que pour certains sujets, tu devras obligatoirement modifier l’ordre dans lequel les informations apparaissent pour organiser ta synthèse de manière logique.

Un plan pour la synthèse de ce document peut ainsi être le suivant :

1) The lack of security for women on the Internet

2) Algorithmic discrimination: the exacerbation of misogyny

3) Cyberfeminism as a first step towards more cybersecurity

Proposition de synthèse

Cybersecurity and the dangers faced by women online are the main topics discussed by the host and his interviewee who has herself studied the problems related to the inclusion of women on the Internet.

The World Wide Web was originally created in the hope of founding an egalitarian space devoid of any discrimination or prejudices. By the way, the Declaration of Independence of the Internet redacted in 1996 explicitly reads it: since racial and economic divides are not perceptible online, no discrimination could exist.

Yet, in this very Declaration, one word is missing, namely “gender.” As a consequence, the Internet has become a dangerous place for women, notably Black women. The interviewee, Charlotte Jee, develops this idea and postulates that the web has become toxic because sexists have found ways to express their frustration. They are not able to silence women on such platforms and thus created trolling campaigns aimed at harassing women and making them feel uncomfortable on the Internet.

The journalist adds that this problem expands outside of the digital sphere and has social consequences. He calls this system of causality “the Internet culture” and explains that if men perceive a majority of Internet profits, only 20% of women work in the tech sector.

Charlotte Lee even goes further by evoking her concept of “algorithmic discrimination.” According to her, the dangers of the Internet might also have psychosocial outcomes as illustrated by a simple example: if you Google “schoolboy,” you will not be surprised by the images you find, but on the contrary, if you Google “schoolgirl,” you will find a number of sexualized images, a situation which contributes to the exacerbation of misogyny in general.

She thus concludes that Internet has not become what the Declaration claimed it would be since cyberspaces are inspired from and reinforce social norms. Moreover, harassment and trolls seem to be encouraged by Internet algorithms which valorize interaction.

A solution to such issues could be cyberfeminism, a movement aimed at increasing the degree of privacy online. However, more politicians should consider the issue while new controls have to be put in place in order for the Internet to become a safer place for women.

 

Brouillon du commentaire

Le commentaire a pour objectif de tester ton aisance à l’oral, tes compétences dans l’organisation d’une démonstration, ainsi que tes connaissances civilisationnelles et ta capacité à les sélectionner par rapport à un thème précis.

Ici, il s’agit des femmes et d’Internet. La difficulté du sujet est de bien penser à toujours commenter l’interaction entre ces deux thèmes et non pas chaque thème séparément. Par exemple, un commentaire avec une première partie sur les femmes et une seconde partie sur Internet serait complètement hors sujet, puisque les deux notions doivent être étudiées de manière conjointe.

Pour éviter un tel écueil, il faut donc bien problématiser le sujet et dépasser la réflexion qui a été engagée dans l’audio. Se demander dans quelle mesure Internet est dangereux ou quelles sont les solutions à la discrimination en ligne n’a que peu d’intérêt, puisque ces questions sont déjà soulevées dans l’interview.

Comment problématiser ?

Il faut prendre un peu de distance par rapport au document et se fonder sur des connaissances civilisationnelles ou une argumentation plus personnelle. Par exemple, en cours ou dans les médias, tu as déjà entendu parler du mouvement #MeToo qui vise à dénoncer les abus sexuels au travail.

Grâce à cette information, on peut voir se dessiner un paradoxe. Comment expliquer qu’à l’ère #MeToo, ce moment de réappropriation de la sphère internet par les femmes, tant de dangers soient encore soulevés dans le document étudié ?

Faire un plan

Une fois cette problématique soulevée, tu peux penser à un plan en trois axes pour y répondre. Il existe des plans types, tels que les plans thématiques ou typologiques, mais tu as également le droit de faire un plan singulier qui ne suit pas ces structures classiques. L’important est d’organiser ta pensée de manière progressive et logique afin de produire une démonstration claire que tes auditeurs n’auront pas de mal à suivre.

Dernier conseil : ne perds pas de temps à écrire tous les détails de ta démonstration au brouillon. Mets surtout en valeur la structure de ton argumentation (tes parties, sous-parties et transitions), car c’est ça qui va guider ta présentation et te donnera l’assurance d’être clair.e. Si tu veux plus de conseils pour te préparer aux oraux, va consulter notre article sur le sujet !

Voici un exemple possible de plan de commentaire pour ce sujet

I. The Internet as a heterotopia: the co-existence of archaic, conservative viewpoints and modern, progressist ideas

1. The Internet as a timeless place

2. The World Wide Web and the controversial revalorization of archaic ideologies

II. Intersectionality on the Internet: dichotomous experiences between White women and other minorities

1. Various degrees of discrimination

2. The limited scope of Internet feminism

III. From postmodernity to cybermodernity: Internet as the ultimate space to implement the hypermodern system of social categorization

1. The contemporaneous advent of social progress and the Internet

2. The evolution of the Internet: from connection to division

Explications du plan

Note que les titres de ce plan sont relativement développés. Il est conseillé de le faire sur ton brouillon pour bien mettre en valeur ce que chaque partie démontre (cela t’évitera d’être trop descriptif.ve ou de faire du pur placage de cours).

En outre, différents concepts apparaissent ici. Ces derniers permettent de donner un ton académique et argumentatif au développement, mais attention à bien les définir à l’oral.

Une hétérotopie est un endroit où plusieurs périodes temporelles coexistent ou se superposent (par exemple un musée, où des œuvres de tous les siècles sont exposées). Ce terme a été inventé et défini par le philosophe Michel Foucault.

L’intersectionnalité est un terme pensé par Kimberlé Williams Crenshaw, qui permet d’analyser les différents degrés de discrimination au sein d’un groupe. Par exemple, une femme blanche subira moins de préjudices qu’une femme noire qui elle est soumise au sexisme mais également au racisme. Ce concept est très intéressant à développer ici, puisque très rapidement, le journaliste du document dit qu’Internet est dangereux pour les femmes, notamment celles appartenant à des minorités ethniques.

La cybermodernité est un terme sociologique employé pour décrire notre période contemporaine au sein de laquelle la digitalisation est exacerbée. L’hypermodernité, quant à elle, est une période popularisée par le sociologue Gilles Lipovetsky. Elle correspond à une exacerbation de la modernité et l’une de ses caractéristiques est le besoin social de s’autocatégoriser (et donc de s’opposer à d’autres groupes).

Proposition de commentaire

If the audio document seems to declare that the Internet is completely toxic for women, recent events have conversely suggested that the Internet could raise awareness regarding the discrimination of women. For instance, the #MeToo movement started on MySpace in 2007 and was aimed at denouncing sexual abuses at work. Similarly, the Everyday Sexism Project founded by Laura Bates in 2017 was aimed at cataloguing instances of sexual harassment or abuse. Such initiatives have become increasingly popular, suggesting that the Internet is no longer a dangerous place for women. Therefore, how to account for the very pessimistic viewpoint adopted in the audio document at a time when #MeToo has transformed women’s perception and use of cyberspaces?

A first element to answer this question is the co-existence of archaic, conservative viewpoints and modern, progressist ideas on the Internet. The web has become a heterotopia, a term defined by Michel Foucault to describe places in which different periods of time have to be found such as a museum which displays artworks from all centuries. The Internet has a similar aspect: websites, posts and opinions redacted years ago are still to be found online, which provokes several issues.

Archaic ideologies, notably the stereotype of “the Angel in the House” or that of women as intellectually inferior to men, are to be read about on the Internet. The problem is that if some people, notably children or teenagers, read such ideas without any critical distance, they might believe them, which could result in a revalorization of sexist mindsets. However, as these old websites and post constitute historical content and might be used as artifacts by researchers, suppressing them is entirely out of the question while adding more regulation seems to be rather complicated if not impossible. The only plausible solution thus appears to raise awareness about the importance of critical distance, yet no official study has measured the ability of students to reflect and criticize what they find on the Internet.

Another problem explaining the dangerous aspect of the Internet at the era of the #MeToo movement is intersectionality. This concept has been defined by Kimberlé Williams Crenshaw as a tool enabling researchers to analyze the various degrees of discrimination people could face. As an example, White women face as much misogyny as Black women, yet the latter are also confronted to racism. Therefore, if movements such as #MeToo contribute to the decrease in misogyny, organizations tackling both racism and misogyny are scarcer.

As a result, the scope of Internet feminism is limited as sexism is not the only problem encountered by women online. Racism or social discrimination are a few examples among many others while various systemic problems such as modern prostitution also flourish online and notably endanger young women. The “Sugar Daddy” concept according to which rich, old men pay young girls in need to “spend time” with them increasingly worries feminist organizations as “spending time” unofficially means having sex.

This example illustrates the numerous drifts the Internet has taken since its creation. These changes are to be accounted for by social evolutions: if the World Wide Web was popularized during the postmodern period, a time of social progress and connection illustrated by the emancipation of women or ethnic minorities such as African Americans in the United States, the advent of the hypermodern era transformed people’s perception of cyberspaces.

Hypermodernity, a term popularized by sociologist Gilles Lipovetsky, refers to an exacerbation of modern ideologies and mores. One important element of his theory is that people are now more apt to self-define themselves, thus dividing society from the inside. According to him, society is now composed of antagonistic groups (those who are pro-life and those who are pro-choice as well as those who fight her the environment and those who consider global warming as a scam for instance). The adaptation of similar social behaviors online is generally called “cybermodernity,” and the Internet has thus become the ultimate place of confrontation and division between these antagonistic groups. The World Wide Web has thus gone far away from its initial aims of connection.

All in all, even if the #MeToo movement contributes to making the Internet a safer place for women, other parameters have to be taken into account in order to explain why the journalist and his interviewee consider that the web is dangerous for women. Sexist ideas are still spread online while some women are confronted to other types of discrimination than misogyny, notably racism. But more importantly, social evolutions have transformed this space of connection into a place of disconnection where people are apt to stand against one another.

Bravo à toi si tu as fait ce sujet, et si tu souhaites t’entraîner pour l’épreuve écrite IENA, n’hésite pas à aller consulter nos sujets et corrigés !