Voici l’analyse de l’épreuve de LV2 (LVB) anglais ELVi 2025, épreuve très importante du concours BCE 2025 ! En effet, elle compte pour beaucoup d’écoles, avec un coefficient plus ou moins élevé. Avec la réforme, l’épreuve a fait peur neuve. À voir comment les candidats s’en sont sortis !

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Tu peux retrouver le sujet juste ici et consulter les coefficients détaillés de cette épreuve et voir pour quelles écoles elle compte !

Analyse du sujet de LV2 (LVB) Anglais ELVi 2025

Portant sur l’égalité des chances et la fin de la discrimination positive, ce dossier s’inscrit dans le débat contemporain américain. Le sujet permettait de sortir du lot si on arrivait à mobiliser ses connaissances civilisationnelles et historiques. Commençons sans tarder par une petite présentation des documents !

Présentation des documents

Document 1

Cet article explqiue qu’après la décision de la Cour suprême d’interdire les admissions universitaires fondées sur la race, les données montrent une baisse générale du nombre d’étudiants noirs dans les universités très sélectives (bien que certaines institutions comme Yale ou Duke aient connu peu de changement, voire une hausse). L’article ajoute qu’il faudrait faire des efforts de recrutement ciblés dans les zones rurales ou défavorisées.

Document 2

Dans un article qui répond à Calvin Yang (plaignant dans un procès contre Harvard et opposé à la discrimination positive), la journaliste Caitlyn Liao défend l’affirmative action puisqu’elle est un moyen de corriger les inégalités structurelles du système éducatif. Elle souligne que les critères dits « objectifs » (les notes ou les activités extrascolaires) ne reflètent pas les obstacles que certains candidats ont dû surmonter. Elle dénonce aussi les privilèges injustes comme les faveurs accordées aux enfants d’anciens élèves (legacy).

Document 3

Dans Le Monde, le sociologue Didier Fassin critique la décision de la Cour suprême américaine, qu’il considère comme un aveuglement face aux inégalités raciales persistantes. Il souligne que, contrairement à l’argument de la neutralité raciale avancé par la Cour, les conditions de vie restent profondément inégalitaires selon les groupes raciaux. Si les juges conservateurs refusent de reconnaître l’importance des expériences raciales dans la construction de l’identité, la juge progressiste Ketanji Brown Jackson rappelle l’ampleur des écarts raciaux en matière de santé, de richesse ou d’éducation. L’auteur dénonce aussi l’hypocrisie d’un système qui maintient les privilèges familiaux des blancs tout en supprimant les politiques destinées à rétablir un semblant d’équité.

Document 4

Cette caricature critique la décision de la Cour suprême puisque l’on y voit un juge de la Cour s’adressant à un étudiant noir et lui déclarant : « Your ladder is unnecessary » (« Ton échelle est inutile »), sous-entendant que les mesures d’aide à l’accès à l’enseignement supérieur pour les minorités ne sont plus justifiées. Pourtant, un autre individu, blanc, entre dans l’université grâce à une « legacy admission » (admission par “héritage”), illustrée par une échelle symbolisant l’avantage hérité. La caricature dénonce l’hypocrisie du système : alors que les mesures de compensation pour les discriminations raciales sont supprimées, les privilèges héréditaires restent en place et ne sont pas remis en question.

Document 5

Le graphique présente l’évolution du pourcentage d’admissions dans les universités américaines en fonction de l’origine ethnique des étudiants. On y observe que les étudiants blancs et asiatiques sont majoritairement représentés dans les établissements les plus sélectifs, tandis que les étudiants noirs et hispaniques restent sous-représentés. Ces données visuelles soulignent les inégalités persistantes dans l’accès à l’enseignement supérieur, malgré les politiques de discrimination positive. Le document met donc en évidence le déséquilibre structurel dans le système universitaire, et, si le titre dit que supprimer la discrimination positive ne changera rien, c’est parce que les journalistes supposent que la discrimination positive est inefficace.

Question 1 : résumé analytique comparatif

La première question t’invitait à comparer les documents 1 et 2 pour comprendre quels événements ont amené à la disparition de la discrimination positive.

Le document 1 présente une vision plutôt factuelle et judiciaire du sujet : il montre comment des plaintes et des statistiques ont conduit la Cour à prendre sa décision. Le document 2, quant à lui, propose une lecture critique et politique du même phénomène : il montre les tensions au sein même des communautés minoritaires et les limites du discours méritocratique qui a contribué à la décision de la Cour.

Voici quelques idées qui pouvaient être mobilisées dans ta réponse :

  • Décision de la Cour suprême : l’arrêt Students for Fair Admissions v. Harvard (document 1) marque la fin officielle de l’affirmative action, déclarée inconstitutionnelle car reposant sur des critères raciaux.
  • Plaintes d’étudiants asiatiques et blancs : des étudiants comme Calvin Yang (document 2) ont porté plainte en affirmant qu’ils avaient été injustement rejetés au profit de candidats moins « qualifiés », uniquement en raison de la race.
  • Croyance en une méritocratie neutre : les opposants à l’affirmative action, comme Yang, estiment que le mérite scolaire (notes, tests, activités) devrait suffire à départager les candidats, sans tenir compte de leur origine ethnique (document 2).
  • Argument d’égalité raciale formelle : selon la logique de la majorité de la Cour (document 1), traiter les individus différemment selon leur race reste une forme de discrimination. La discrimination positive est perçue par certains comme un traitement de faveur envers les minorités racisées, aux dépens d’autres groupes ce qui accroirait le ressentiment (documents 1 et 2).
  • L’évolution du paysage juridique américain, marqué par un conservatisme croissant au sein de la Cour suprême, a facilité l’abandon de cette mesure (document 1).

Question 2 : expression écrite

La question d’expression écrite t’invitait à réfléchir à la possibilité d’une égalité d’opportunités pour toutes et tous aux Etats-Unis. C’est une question tout à fait d’actualité tant la “méritocratie” (dont la définition varie en fonction du biais politique) est mise sur le tapis par Trump (et son “bras droit”, Elon Musk). Voici ci-dessous quelques idées, organisées sous forme de plan, pour répondre à la question. Pour te différencier, il fallait bien mobiliser tes connaissances civilisationnelles et historiques.

I. Un idéal démocratique inscrit dans l’histoire américaine mais confronté à de profondes inégalités structurelles

  • Principe fondateur : l’égalité des chances est au cœur du rêve américain, inscrit dans la Déclaration d’indépendanceall men are created equal »), et renforcé par les mouvements civiques du XXe siècle.
  • Inégalités persistantes :
    • Document 3 : souligne le déni de réalité de la Cour suprême face au racisme systémique ; l’arrêt met fin à une politique née des luttes pour les droits civiques.
    • Les inégalités raciales demeurent dans la santé, l’éducation, le logement et l’accès à l’emploi.
  • Contexte historique :
    • L’esclavage, la ségrégation (Jim Crow), puis la déségrégation (arrêt Brown v. Board of Education, 1954) ont façonné une société profondément inégalitaire.
    • La discrimination positive a été introduite sous Johnson dans les années 1960 pour réparer les inégalités historiques.
  • Document 5 : montre que, malgré les politiques correctives, les minorités restent largement sous-représentées dans les universités d’élite.

II. La remise en cause des politiques de discrimination positive : entre méritocratie idéalisée et maintien des privilèges

  • Argument de la méritocratie :
    • Document 2 : les opposants comme Calvin Yang estiment qu’affirmer des critères raciaux va à l’encontre du mérite individuel.
    • Mais la journaliste souligne que le mérite n’est jamais neutre : il dépend des conditions matérielles (accès aux activités, écoles, etc.).
  • Inégalités renforcées par des privilèges implicites :
    • Documents 3 et 4 : dénoncent les legacy admissions, avantageant les enfants de diplômés, majoritairement blancs.
  • Contexte politique :
    • Polarisation croissante autour des questions raciales.
    • Lutte entre principe d’universalité républicaine (égalité sans distinction) et reconnaissance des discriminations systémiques.

III. Vers plus d’égalité ?

  • Réformes structurelles possibles :
    • Prise en compte des critères socio-économiques (revenu, type d’école fréquentée, quartier, etc.) plutôt que la race seule.
    • Investissements publics dans l’éducation primaire et secondaire dans les quartiers défavorisés.
  • Limites et tensions persistantes :
    • Sans volonté politique forte, les mécanismes d’exclusion persistent.
    • Autre problème : les étudiants marginalisés doivent « monétiser leur trauma » pour exister dans les dossiers d’admission (document 2).
  • Vision à long terme plutôt qu’à court terme (comme semble le suggérer la formulation de la question d’expression écrite en mentionnant “forseeable future“) :
    • L’égalité des chances est une aspiration, non une réalité immédiate.
    • Elle dépend d’un engagement collectif pour combattre les inégalités historiques, culturelles et économiques.

Question 3 : traduction (thème)

Cette traduction demandait, comme toujours, une bonne maîtrise de la grammaire anglaise pour éviter de faire des erreurs qui coûtent cher. Quelques mots de vocabulaire, notamment politique et juridique, pouvaient également poser problème (bien que moins coûteux que la grammaire en termes de points). Voici une petite analyse du sujet de traduction :

Vocabulaire

  • “Proposition” : en anglais juridique ou philosophique, “proposition” existe, mais ici, “claim”, “assertion”, voire “statement” sont plus adaptés.
  • “Passe-droit” : terme idiomatique difficile ; il faudra opter pour une périphrase comme “unfair advantage, “special privilege“, oupreferential treatment“.
  • “Remis en cause” : ne pas traduire littéralement par “put back into question” ; préférer “called into question“, “challenged“, “contested“.
  • Gouffres” : traduction métaphorique, à rendre par “gaping disparities” ou “wide gaps“.

Grammaire

  • Concordance des temps / discours indirect : “La juge rappelle que…” nécessite le passage au prétérit en anglais : “The judge recalled/reminded that…”
  • Relatives : “Les candidats que leurs parents ont précédés dans l’élite” : il faut construire une relative fluide en anglais (“candidates whose parents attended these elite institutions before them“).
  • Modalité : “Ce n’est donc pas « racialement neutre »” : il faut rendre l’implication argumentative ; possibilité d’utiliser “can hardly be considered racially neutral” ou “should not be seen as”.

 

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