Ce nouvel épisode est consacré au colistier républicain de Donald Trump, et possible futur vice-président, James David Vance ! C’est un colistier dont on entendra parler dans les prochains mois et qui te servira certainement d’exemple à l’écrit et à l’oral.
Les débuts de J. D. Vance
Vie privée, études et début de carrière juridique et financière
Né en 1984 sous le nom de James Donald Bowman dans l’Ohio, Vance grandit dans une famille pauvre de la Rust Belt, touchée par la toxicomanie. Ce sont essentiellement ses grands-parents qui vont s’occuper de son éducation à la maison et toute cette histoire va largement influencer, dans son récit autobiographique, ses propos sur l’Amérique blanche déclassée.
Après avoir occupé le rôle d’officier des communications dans le corps des Marines américains pendant quatre ans (six mois passés en Irak), être passé par l’Université d’État de l’Ohio et la très prestigieuse université de Yale en droit, celui qui s’appelle désormais Vance devient finalement un juriste reconnu dans le service public, puis dans des cabinets privés. Il devient ensuite investisseur en capital-risque, opérant notamment au sein de fonds d’investissements californiens spécialisés dans les opérations concernant la tech américaine. Cette carrière lui a permis d’alimenter le mythe d’un véritable « transfuge de classe » et de self-made man. C’est une facette qu’il met volontiers en avant pour défendre ses « valeurs américaines » très néo-conservatrices.
Il se sert de ce parcours tumultueux pour construire une image anti-élite, tout en dénonçant ce qu’il considère être l’influence néfaste des élites hollywoodiennes et médiatiques sur la culture américaine.
Une carrière politique ayant connu des à-coups
Après son retour dans l’Ohio en 2016, Vance cherche à devenir le protagoniste de la lutte contre la crise des opioïdes et pour l’éducation. Il est élu sénateur de l’Ohio en novembre 2022 grâce au soutien de Donald Trump, mais il est jugé par ses adversaires comme opportuniste. Il doit notamment beaucoup sa notoriété à son mentor milliardaire Peter Thiel (cofondateur de PayPal et son employeur en Californie), qui a lancé sa carrière politique et financé sa campagne.
Le choix de Donald Trump
Vance est un choix hautement stratégique du 45e Président pour attirer le vote des classes ouvrières et moyennes blanches qui expérimentent ce sentiment de déclassement. Il est également perçu par le Parti républicain comme une chance de rallier des votes des catégories sociales peu diplômées dans les swing states, à l’image de la famille dont il est originaire.
Du haut de ses 40 ans, il représente également une porte de sortie possible de la « gérontocratie » tant redoutée. Il constitue également un argument de taille pour séduire les populations plus jeunes, qui y voient un possible futur président en raison de l’âge avancé (78 ans) de Donald Trump.
Véritable ambassadeur de la Rust Belt, il devrait servir d’argument imparable pour convaincre les habitants des anciens bastions industriels en déclin et les ouvriers de rallier la politique virulente de préférence nationale menée par Donald Trump.
Marié à une avocate d’origine indienne, père de trois enfants et catholique convaincu, le choix de ce colistier n’est pas sans évoquer une stratégie de séduction auprès de la diaspora et des familles catholiques les plus traditionnelles, critiques du progressisme de Biden.
Un personnage haut en couleur
Des opinions politiques tranchées et identiques à celles de Donald Trump
Vance est fermement opposé à tous les procès intentés contre Donald Trump, en dénonçant leur caractère antidémocratique. Il est opposé à l’avortement (sauf en cas de danger pour la mère ou de viol), aux soins pour les mineurs transgenres, et a affirmé à plusieurs reprises se « moquer du sort de l’Ukraine ».
Grand promoteur de la théorie du grand remplacement, il affirme que le fentanyl est un moyen pour Biden d’éliminer ses opposants et déclare ouvertement que la tentative d’assassinat de Trump est une responsabilité de Biden. Il est également reconnu comme un des plus fervents défenseurs du mur de la frontière mexicaine et d’une guerre commerciale ultra-offensive à l’encontre de la Chine. Il a d’ailleurs promis de se concentrer sur la Chine et de se détourner de l’Europe.
Ouvertement climatosceptique, il corrobore les dires de Donald Trump sur les statistiques du réchauffement et y voit avant tout un frein à la compétitivité énergétique et manufacturière.
Défenseur du transfert de l’ambassade d’Israël à Jérusalem, avocat des accords d’Abraham et ennemi juré de l’Iran, la politique de Vance met toujours au centre les intérêts américains, auxquels il ajoute une exception israélienne. Il a toujours refusé de restreindre l’aide à Israël et a dénoncé la passivité de l’administration Biden, qui est selon lui responsable de l’offensive.
Le colistier de Donald Trump partage également sa haine de certains médias traditionnels et tire sa légitimité auprès de l’électorat conservateur des interviews de Tucker Carlson et de sa critique de chaînes de télévision auxquelles il reproche leur biais progressiste et idéologiquement proche du Parti démocrate.
Des promesses politiques radicales
Depuis le début de son mandat de sénateur de l’Ohio, Vance a proposé sans succès des projets d’amélioration de la sécurité ferroviaire. Il promet également un vaste désengagement en Ukraine, convoquant le précédent de la guerre en Irak et affirmant que les paquets d’aides militaires sont des armes en moins pour les Taïwanais qui en ont davantage besoin. Loin de prôner un isolationnisme militaire, Vance propose un pivot vers Taïwan et l’Iran.
À l’échelle nationale, Vance promet également de licencier tous les fonctionnaires et juges jugés « dissidents » pour les remplacer par des trumpistes. Il souhaite aussi restreindre dans la mesure du possible le droit de vote pour les populations racisées.
On retrouve habituellement la promesse de démantèlement des GAFAM à gauche de l’échiquier politique américain, mais Vance souhaite également la disparition de YouTube et de Facebook. Un investissement personnel important dans Rumble (concurrent de YouTube) pourrait motiver sa décision, même s’il met en avant le besoin d’une concurrence saine. Pour parvenir à cela, le colistier de Donald Trump promet de lever des protections juridiques accordées aux plateformes.
Les controverses et les défis qui se posent à lui
Polémiques autour de J.D. Vance
Son livre Hillbilly Élégie lui permet de devenir l’ambassadeur clé de l’Amérique blanche rurale, mais lui vaut également des critiques mordantes de certains membres du Parti démocrate qui y voient une accumulation de stéréotypes. Il est également moqué pour certaines descriptions sexuelles dans son ouvrage et désigné comme un véritable démagogue par d’autres.
La rhétorique pro-ouvrière de Vance est souvent critiquée. Par exemple, il a manifesté un soutien important aux grévistes de l’automobile de l’UAW à l’automne 2023 en dénonçant la concurrence chinoise et la main-d’œuvre étrangère à bas coût, tout en affirmant en parallèle qu’il fallait privilégier les baisses d’impôt au profit du patronat américain.
Des remarques sexistes ont également été prononcées, comme en 2021 lorsqu’il a qualifié les démocrates de « femmes à chat, sans enfants et malheureuses », avant de revenir sur ses propos en affirmant qu’il n’avait rien contre les chats.
Coups d’éclat notables
Il y a encore quelques mois, le choix de Vance paraissait impossible puisqu’il avait qualifié Donald Trump de « cynique comme Nixon » et de « futur Hitler américain » en 2016, et avait voté pour Hillary Clinton. La carrière politique tumultueuse de Vance prend un nouveau tournant grâce au soutien des fils Trump, de Tucker Carlson et d’Elon Musk qui auraient supposément fait pression pour nommer Vance.
Le colistier de Trump a aussi critiqué publiquement et violemment Starbucks pour son engagement en faveur de la Palestine, affectant parfois les cours de l’action en Bourse. Dans le même esprit, Vance a également éclaboussé Google en lançant une théorie du complot sur une proximité avec le gouvernement chinois.
Sa critique acerbe du refus de Mike Pence de soutenir l’insurrection trumpiste du Capitole contribue également à cette rhétorique. En octobre 2021, Vance s’en prend frontalement à Mark Zuckerberg dans une tribune du New York Post dans laquelle il reproche au dirigeant de Meta d’avoir influencé le scrutin en le promouvant à grande échelle sur sa plateforme.
À l’occasion d’une tuerie dans une école survenue en septembre 2024, il s’est également fait remarquer pour sa banalisation de la violence armée, affirmant que « les fusillades dans les écoles sont une réalité de la vie », balayant ainsi d’un revers toute possibilité d’un contrôle sur les armes à feu ou de contrôles de l’état psychologique des détenteurs.
Vance a fait parler de lui à la suite des manifestations et des blocus des universités américaines en promettant qu’il ferait tout pour restreindre les aides fédérales aux universités n’ayant pas fait preuve d’une extrême fermeté à l’encontre des manifestations étudiantes.
Quelles sont ses chances de victoire ?
Annoncé à la Convention nationale républicaine deux jours seulement après la tentative d’assassinat de Donald Trump, l’effet Vance n’a pas tout à fait eu l’effet escompté. En battant des records d’impopularité, le duo Trump-Vance n’a pas su faire le poids face au ticket Harris-Walz qui s’est attiré les ferveurs des populations des swing states dans les sondages de l’été 2024. Dix jours seulement avant sa nomination comme futur vice-président, sa popularité a chuté de six points à l’échelle du pays et de 16 points dans son État d’origine.
Retrouve toutes nos ressources pour te préparer en anglais !