thème

Dans cet article, nous verrons une proposition de corrigé de thème anglais. Le texte est tiré d’Enfance de Nathalie Sarraute. Le corrigé propose des explications pour chaque phrase et justifie certains choix de traduction. Cela permettra de revoir précisément et en contexte certaines règles de grammaire et de traduction.

Segment 1

« Je dévale en courant, en me roulant dans l’herbe rase et drue parsemée de petites fleurs des montagnes jusqu’à l’Isère qui scintille au bas des prairies, entre les grands arbres… »

Traduction : I run down the hill, and roll down in…/I sometimes roll down in the short, thick grass scattered with little mountain flowers until I reach the river Isère/down the river Isère, which sparkles beyond the meadows, between the tall trees…

Commentaire

La première question qui se pose à la lecture du texte est le choix du temps à employer. On pouvait recourir au présent simple (présent de narration), comme dans le texte français, pour la totalité du texte. Une autre alternative était de recourir au prétérit, étant donné le contexte narratif. On pouvait aussi traduire les deux premiers paragraphes par du présent simple de narration, puis opter pour le prétérit dans le dernier paragraphe, dont le tout début (« Enfin, un matin très tôt… ») indique un changement de séquence temporelle, invitant à changer de temps.

En revanche, be + V-ing et would (fréquentatif) n’étaient pas acceptables dans le cadre du texte. Il ne s’agit pas d’une habitude passée (valeur de would fréquentatif), décrite comme caractéristique, prévisible. Dans ce cas, would s’emploie avec un sujet animé (humain ou animé).

Par exemple : « When she was young, she would spend all her money on books. » Attention, on n’emploie pas would avec un verbe d’état, ni pour décrire un comportement important régulier ! Ainsi, on ne dira pas « I would smoke » pour dire « Avant, j’étais fumeuse, » mais « I used to smoke. »

Segment 2

« Je m’agenouille sur son bord, je trempe mes mains dans son eau transparente, j’en humecte mon visage, je m’étends sur le dos et je l’écoute couler, je respire l’odeur de bois mouillé des énormes troncs de sapins écorcés portés par son courant et qui ont échoué près de moi dans les hautes herbes… »

Traduction : I kneel (down) on its bank/on the river bank, I dip/plunge my hands into its clear water, I moisten my face with it, I lie down on my back and listen to it/to its/flowing, I inhale/breathe in the smell of wet wood from the huge barked fir tree trunks which have been carried by the river’s current and have been washed up/have landed/have been stranded near the tall grass…

Commentaire

Attention à ne pas calquer les verbes réflexifs ici. Il ne faut pas traduire « se rouler, s’agenouiller, s’étendre » par to roll, to kneel, to lie, mais rajouter des prépositions quand cela est nécessaire. L’anglais est friand de verbes prépositionnels qui décrivent des mouvements. Il ne faut pas reproduire la même erreur pour les verbes « se laver » et « s’habiller », qu’on ne peut pas traduire par to wash et to dress seuls.

Attention également à diversifier les termes dans le champ lexical de l’humidité pour ne pas créer des répétitions qui n’existent pas dans le texte source.

Pour traduire le verbe « dévaler », on ne pouvait pas utiliser le verbe to hurtle. En effet, la définition présentée dans l’Oxford English Dictionary montre que ce verbe conserve dans toutes ses acceptions l’idée d’une action violente, que ne comporte pas nécessairement le verbe « dévaler ».

De même, note qu’il était peu recommandé d’utiliser until + indication temporelle, car il est impossible de faire suivre until (ou till) d’une indication spatiale.

Segment 3

« Je colle mon dos, mes bras en croix le plus fort que je peux contre la terre couverte de mousse pour que toutes les sèves me pénètrent, qu’elles se répandent dans tout mon corps, je regarde le ciel comme je ne l’ai jamais regardé… je me fonds en lui je n’ai pas de limites, pas de fin. »

Traduction : I lie down flat on my back/I press my back against the earth, with my arms stretched out/arms outstretched. I try to be as close to the moss-covered ground as I can, so that all the sap can seep through me, so that it can spread into my whole body, I look at the sky as never before…/as I have never looked at it before…I melt/dissolve into it, I have/know no limit(s)/no boundaries, no end.

Commentaire

La difficulté principale ici est la syntaxe. Il faut à tout prix éviter le calque : on ne peut pas traduire « colle » par stick. De plus, la syntaxe anglaise rend obligatoire de placer le complément du verbe immédiatement après ce dernier.

Ainsi, on est forcé de faire remonter the earth dans la phrase anglaise. Une autre solution est de détacher complètement le verbe « je colle » du complément « contre la terre » dans la phrase anglaise.

Segment 4

« Le brouillard qui monte jusqu’à l’hôtel, recouvre les prés, emplit les vallées, est bienfaisant, il adoucit, il rend moins douloureuse la fin des vacances… Sa fraîcheur, sa grisaille me stimulent, elles fortifient mon impatience d’affronter enfin ce qui m’attend à la rentrée, cette « nouvelle vie » au lycée Fénelon, on m’a dit qu’on y travaille tellement, que les professeurs y sont très exigeants, tu verras, les premiers temps risquent d’être difficiles, ça te changera de l’école primaire… »

Traduction : The fog/mist/haze rises (up) to the hotel, shrouding the fields/meadows, filling the valley – a kindly/salutary mist, it softens and alleviates the pain inherent in the last days of vacation/the holidays… Its coolness, its grey tones raise my spirits, they make me all the more impatient to face at last the prospect of that new term, that “new life” at the lycée Fénelon where it’s all work, I was/I have been told, where the teachers are so demanding/exacting, you will see, the first days may well be hard, you’ll find it quite a change from primary school…

Commentaire

Il est nécessaire ici de transformer la première proposition relative en principale dans la traduction anglaise. Il faut donc supprimer le pronom relatif. La forme en -ing est préférable pour traduire « recouvre », car elle explicite le mouvement. Elle lui donne plus d’emphase et éclate sa durée.

Il est recommandé de ne pas traduire « stimuler » par stimulate et d’expliciter le sens ici. Le lycée Fénélon étant un lieu réel sans traduction officielle, il est possible de conserver « lycée Fénélon » dans la traduction. Cependant il ne serait pas pénalisé de traduire the Fénélon highschool.

Segment 5

« Enfin un matin très tôt, Véra me conduit jusqu’à l’angle de l’avenue d’Orléans et de la rue d’Alésia où s’arrête le tramway Montrouge-Gare de l’Est… Elle m’aide à escalader le marchepied, elle se penche vers la portière et elle dit au contrôleur : “Soyez gentil, c’est la première fois que ‘la petite’ prend le tramway toute seule, rappelez-lui de descendre au coin du boulevard Saint-Germain…” »

Traduction : Finally, very early one morning, Vera takes me to the Montrouge-Gare de l’Est tram stop on the corner of the avenue d’Orléans and the rue d’Alésia…She helps me (to) climb (up) the step, then leans towards the door and tells the ticket collector: ‘It’s the first time the “little one” has taken the tram on her own, so could you please remind her to get off at the corner of the boulevard Saint-Germain…

Commentaire

Ici encore, l’énumération de lieux peut poser problème. Faut-il les traduire quand on peut ? L’essentiel est la cohérence. Si tu avais précédemment décidé de traduire « lycée Fénélon » par Fénélon Highschool, alors il est recommandé de traduire les noms communs (« rue », « avenue »).

Attention à ne pas oublier la règle de grammaire essentielle : X time + have-en. On est obligé de traduire « c’est la première fois que… » avec du present perfect. On considère en fait le nombre de fois jusqu’au moment présent. Il est donc essentiel de ne pas calquer le français qui emploie le présent.

Segment 6

« Elle me dit encore une fois de faire bien attention, je la rassure d’un geste et je vais m’asseoir sur la banquette en bois sous les fenêtres, mon lourd cartable neuf bourré de cahiers neufs et de nouveaux livres, posé par terre entre mes jambes… »

Traduction : She tells me again to be on the watch, I reassure her with a nod/I nod to reassure her/I nod to her reassuringly [trad. jury qui interprète « geste » comme un geste de la tête], then I go and sit down on the wooden seat by the window, with my heavy brand new satchel lying/standing on the floor between my legs, bursting with/crammed with new exercise books/notebooks and books…

Commentaire

Une des difficultés principales ici tient à l’interprétation du geste. Il faut éviter la surtraduction, tout en étoffant la proposition. Le calque ne convient pas ici, on ne peut pas avoir with a gesture, qui serait mal dit.

De plus, il faut porter une attention toute particulière à l’ordre des adjectifs. Le Bescherelle définit la règle ainsi : TACOM, soit (Jugement) Taille/Âge/Couleur/Origine/(Autre qualité) Matière.

Segment 7

« Je me retiens de bondir à chaque instant, je me tourne d’un côté et de l’autre pour regarder les rues à travers les vitres poussiéreuses… c’est agaçant que le tramway s’attarde tant à chaque arrêt, qu’il ne roule pas plus vite… »

Traduction : I refrain from jumping up every now and then, I turn right and left to look at the streets through the dusty windowpanes…how annoying that the tramcar should linger so much/so long at each stop, that it shouldn’t go any faster…

Commentaire

Le verbe exprimant un jugement par rapport à quelque chose (« c’est agaçant… »), il est fortement recommandé d’utiliser le subjonctif avec should en anglais.

 

N’oublie pas que la traduction est avant tout un exercice qui se pratique ! C’est en forgeant que l’on devient forgeron et en traduisant que l’on devient traducteur. La difficulté principale de la traduction est de trouver l’équilibre entre la sur- et la sous-traduction, entre la forme et le sens. Parce que, si tu traduis des textes littéraires, il est primordial de prêter une attention toute particulière à la syntaxe et aux figures de style utilisées dans le texte source.