Comme tu le sais sans doute, les relations entre l’Angleterre et l’Irlande sont marquées par des siècles de conflits et de réconciliations houleuses. Pour comprendre l’évolution de ces relations, je te propose d’en examiner les grandes étapes historiques.
La conquête anglaise de l’Irlande
Le début des conflits remonte au XIIᵉ siècle, avec l’intervention du roi Henri II d’Angleterre. En 1171, il débarque en Irlande et impose son autorité sur le territoire, qui est alors fragmenté par des royaumes celtiques. La colonisation anglaise est ensuite officialisée par la bulle papale Laudabiliter, qui justifie la domination anglaise par la volonté de christianiser le pays.
Malgré cela, l’Irlande conserve son identité culturelle. La langue gaélique, les lois bretonnes et la structure clanique sont toujours présentes dans de nombreuses régions. Parallèlement, certains clans irlandais, comme les O’Neill et les O’Donnell, organisent plusieurs révoltes pour repousser les forces coloniales.
Aux XIIIᵉ et XIVᵉ siècles, l’influence anglaise recule, notamment avec les invasions écossaises d’Edward Bruce en 1315.
À partir du XIVᵉ siècle, la montée du phénomène d’Hiberno-Normands complique encore la situation. Ce sont des descendants des colons normands qui adoptent les coutumes gaéliques et se fondent dans la société irlandaise.
Les XVIᵉ et XVIIᵉ siècles : intensification des tensions
Avec la Réforme protestante au XVIᵉ siècle, les relations anglo-irlandaises se compliquent encore. L’Irlande, qui est majoritairement catholique, fait résistance à la couronne anglaise, qui, elle, est protestante. Les révoltes irlandaises des années 1590 sont réprimées, comme celle de Hugh O’Neill.
Le XVIIᵉ siècle est marqué par des politiques coloniales agressives, comme celle des Plantations. Les terres sont confisquées au profit des colons protestants anglais et écossais. Les tensions s’aggravent avec les massacres des guerres des Trois Royaumes et les campagnes de Cromwell en 1649, qui marquent profondément la mémoire collective irlandaise.
Le XVIIIᵉ siècle : marginalisation et pauvreté
Au XVIIIᵉ siècle, les lois pénales (Penal Laws) discriminent les catholiques et les protestants non anglicans. Par conséquent, la majorité des Irlandais sont exclus de la propriété foncière, de l’éducation et des fonctions publiques. Cela renforce la marginalisation des Irlandais catholiques et alimente le ressentiment.
Parallèlement, l’Union de 1801 abolit le Parlement irlandais et intègre l’Irlande au Royaume-Uni. L’objectif initial était de consolider le contrôle britannique, mais cela n’a finalement fait qu’augmenter les tensions, notamment parmi les nationalistes irlandais.
Le XIXᵉ siècle : famine et rébellion
La Grande Famine (1845-1852) est un des épisodes les plus sombres du conflit. Des millions d’Irlandais meurent ou émigrent. Cet événement devient un point de ralliement pour les mouvements nationalistes.
Au XIXᵉ siècle, des organisations, comme le Fenian Brotherhood ou la Ligue nationale irlandaise, militent pour l’indépendance. La question de l’autonomie (Home Rule) devient de plus en plus présente dans la politique, mais ne trouve pas de résolution immédiate.
Le XXᵉ siècle : indépendance et partition
La montée des tensions débouche sur l’Insurrection de Pâques en 1916. C’est un soulèvement armé réprimé, mais qui alimente le mouvement indépendantiste. La guerre d’indépendance irlandaise (1919-1921) s’achève par le traité anglo-irlandais, qui établit l’État libre d’Irlande en 1922.
Cependant, la partition de l’île, qui laisse l’Irlande du Nord sous contrôle britannique, continue d’augmenter les tensions. L’Irlande du Nord connaît de nombreuses violences sectaires, entre unionistes protestants et nationalistes catholiques, qui portent le nom de The Troubles (1968-1998).
Vers la réconciliation ?
L’accord du Vendredi saint, signé le 10 avril 1998, marque une étape historique dans le processus de paix dans les relations anglo-irlandaises. C’est l’aboutissement de longues négociations. Cet accord est soutenu par les gouvernements britannique et irlandais, et des partis politiques nord-irlandais qui représentent les unionistes (majoritairement protestants) et les nationalistes (principalement catholiques).
Les États-Unis, avec le sénateur George Mitchell, jouent le rôle de médiateur. De plus, l’Union européenne soutient financièrement et politiquement le processus.
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Les piliers de la réconciliation
L’accord repose sur plusieurs piliers fondamentaux :
- Le partage du pouvoir : la création d’une Assemblée nord-irlandaise et d’un gouvernement décentralisé dans lequel les unionistes et les nationalistes collaborent.
- La reconnaissance des identités duales : les citoyens d’Irlande du Nord peuvent choisir d’être Britanniques, Irlandais, ou les deux.
- La coopération Nord-Sud : des institutions transfrontalières sont mises en place pour renforcer la coopération entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
- Le désarmement et la démilitarisation : l’accord prévoit de désarmer les groupes paramilitaires et de réduire la présence militaire britannique.
Un double référendum, organisé en 1998 dans la République d’Irlande et en Irlande du Nord, aboutit à une large approbation populaire. Cependant, le Brexit de 2016 ravive les inquiétudes, notamment autour de la frontière irlandaise. La question de l’Irlande du Nord reste un défi complexe et des tensions persistent dans les relations anglo-irlandaises.
Des exemples pour en parler
Afin de parler de ce sujet dans un essai ou lors d’un oral, tu peux mentionner certaines œuvres littéraires ou de cinéma.
Parmi les romans les plus emblématiques, tu peux mentionner The Valley of the Squinting Windows, de Brinsley MacNamara. Il dépeint la vie rurale irlandaise et les tensions liées à la domination britannique. En littérature contemporaine, tu peux parler de Milkman d’Anna Burns, qui explore les effets psychologiques et sociaux du conflit nord-irlandais.
Au cinéma, tu peux parler de Michael Collins (1996) de Neil Jordan, qui dépeint la guerre d’indépendance irlandaise. Ce film dramatise les luttes et les compromis qui ont conduit à la partition de l’Irlande. Tu peux aussi mentionner Bloody Sunday (2002), réalisé par Paul Greengrass, qui recrée les événements tragiques de 1972, lorsque des manifestants pacifiques sont tués par l’armée britannique en Irlande du Nord.
Conclusion
Les relations entre l’Angleterre et l’Irlande reflètent une histoire de domination, de résistances et de demi-réconciliations. Ce passé influence toujours les dynamiques actuelles, comme lors du Brexit. Cependant, même s’il y a eu des avancées avec l’accord du Vendredi saint, on est toujours loin de la réconciliation complète.