Les élections présidentielles américaines de novembre 2024 ont marqué la fin du mandat de Biden, étant donné que le candidat de 81 ans a renoncé à se présenter pour une réélection. Retour sur les quatre dernières années des Etats Unis.
Dimension économique
The American Rescue Plan Act
Le American Rescue Plan Act (ou ARPA) est une politique de relance de Biden adoptée en 2021 pour protéger le peuple américain des effets de la pandémie de Covid-19. Très coûteux (les dépenses totales comptent pour 8,5% du PIB américain) et très contesté (seuls les démocrates ayant approuvé ce texte), ce plan a tout de même été un succès.
Une des mesures phare consistait en des dons du gouvernement directement destinés aux ménages américains les plus modestes : ainsi, chaque personne en difficulté recevait un chèque de 1400 dollars. Plus de 400 milliards de dollars ont été consacrés aux établissements d’enseignement (écoles, crèches, universités), et 25 milliards de dollars ont été dédiés aux petites entreprises.
La réussite de ce plan est incontestable : plus de 4 millions d’emplois ont été créés, ce qui a permis au marché du travail américain de retrouver son niveau pré-Covid.
The Inflation Reduction Act
L’Inflation Reduction Act, ou IRA, est une loi phare du programme de Biden qui vient lutter contre les conséquences de la pandémie de Covid-19. Celle-ci est adoptée en 2022 et vise à freiner l’inflation, mais également à investir dans des programmes de santé et dans l’environnement, où 369 milliards de dollars de dépenses sont prévus. Le projet est donc censé réduire le déficit de 1,9 billions de dollars sur une période de 20 ans, créer jusqu’à 1,5 million d’emplois supplémentaires, et accompagner la croissance du PIB. Le projet de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 40% en dessous des niveaux de 2005 d’ici 2030 ferait également des Etats-Unis un pays leader dans un modèle de croissance durable.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour pouvoir déterminer les effets directs que ce plan a eu sur l’économie, beaucoup voient cette mesure Biden comme un élément revitalisant pour les Etats-Unis.
Des chiffres
Évolution de quelques données clés entre le début et la fin du mandat de Biden.
Après avoir atteint un pic de 9,1% en juin 2022, l’inflation américaine s’est stabilisée à 2,6% en avril 2024, preuve d’une bonne gestion de la pandémie et des retombées des conflits mondiaux.
Pour ce qui est du chômage, alors qu’il était d’environ 8% en 2021, il est à 4,1% aujourd’hui. Biden a su stabiliser le marché du travail en dépit des tensions économiques. On peut même parler de prouesse : le taux de chômage avait atteint une moyenne de 3,6% en 2023, soit le taux le plus bas jamais enregistré.
Ainsi, alors que le taux de croissance économique du pays était de -0,8% en 2020 (soit une récession), il était de 5,9% en 2021, avant de se stabiliser et d’atteindre environ 1,5% en 2024.
Toutefois, les mesures du président américain ont un coût qui se fait ressentir dans le déficit du pays. En effet, celui-ci a augmenté de 8% en 2024 par rapport à 2023, suite à des baisses des impôts versés par les ménages et les entreprises. Le soutien face à l’inflation a donc un poids conséquent sur l’État américain.
Dimension sociale
Une santé à moindre coût
Dès le début de son mandat, Biden a souhaité rendre le système de santé américain plus accessible et moins coûteux pour tous. C’est pourquoi il s’est notamment servi de l’ARPA et de l’IRA pour baisser le prix des médicaments et des consultations médicales. En effet, aux Etats-Unis, ce sont les grandes compagnies pharmaceutiques (Big Pharma) qui décident du prix de leurs produits, ce qui amène en général à des abus (les prix américains sont 600 fois supérieurs à ceux du Mexique ! ). Ainsi, en février 2024, le président a réussi à faire en sorte que le dispositif Medicare (mis en place pour les plus de 65 ans) puisse permettre aux séniors d’accéder à des prix réduits pour des médicaments qui traitent les problèmes de coeur, le cancer et le diabète. Biden s’est engagé dans un réel bras de fer avec Big Pharma.
Egalité raciale
Durant son mandat, Biden a également amélioré la situation pour les personnes américaines issues de minorités raciales ou ethniques, qui ont été nombreuses à voter pour lui et à le soutenir.
En effet, 38% de la population noire du pays disent que les mesures de Biden leur ont été bénéfiques, contre seulement 10% lorsque Trump était au pouvoir. Celle-ci a tout particulièrement bénéficié des mesures économiques du président, puisque son taux de chômage avait atteint un niveau historiquement bas en 2023 notamment grâce à l’ARPA.
De surcroît, la population latino-américaine a également pu profiter de mesures en leur faveur. Grâce à une réforme du Small Business Act (SBA) qui facilite l’accès au crédit, le nombre d’entrepreneurs au sein de ce groupe a augmenté de plus de 80%.
Enfin, c’est également durant le mandat de Biden qu’a été mis en place le Covid-19 Hate Crimes Act, spécifiquement pour lutter contre le racisme auquel les communautés asiatiques du pays faisaient face durant la pandémie. Afin de les sensibiliser sur ce sujet, de nombreuses conférences ont également été tenues à destination des policiers du pays.
Dette étudiante
Le président Biden lutte contre la dette exorbitante auquel les étudiants américains doivent faire face au cours de leurs études supérieures. Jusqu’en juillet 2024, de nombreuses mesures permettant d’effacer cette dette ont été mises en place successivement, ce qui a permis d’annuler jusqu’à 150 milliards de dette étudiante affectant 4 millions de personnes. Cependant, cela reste insuffisant: ce n’est que 9% du montant total qui a été effacé, celui-ci s’élevant à 1600 milliards de dollars.
Politique étrangère
Avec sa campagne “America is back”, Biden a longtemps essayé de réintégrer les Etats Unis dans les accords internationaux desquels Trump s’était retiré, comme les Accords de Paris sur le climat de 2015. Cependant, il reste ferme à l’encontre de la Chine et de la Russie.
Pour ce qui est de la Chine, le président redoute surtout son omniprésence sur le marché des puces électroniques. C’est pourquoi en 2022, il décide de mettre en place le Chips and Science Act, qui prévoit 39 milliards de dollars de subventions et 75 milliards de prêts pour développer l’industrie des semi-conducteurs dans le pays. L’objectif final est de représenter 20% de l’offre mondiale, et ne pas se laisser écraser par la concurrence chinoise.
Pour ce qui est de la Russie, Biden a surtout montré sa volonté de condamner le pays pour ses attaques contre l’Ukraine, commencées en 2022. Les avions russes sont exclus de l’espace aérien américain depuis mars 2022, et les importations de métaux russes sont interdites depuis avril 2024. Le pays a également imposé un embargo sur les hydrocarbures venant de Russie en mars 2022, et le Congrès américain a demandé son exclusion de l’OMC. De nouvelles sanctions continuent de s’appliquer très régulièrement aux institutions russes.
Controverses personnelles
Son fils
Le fils du président, Hunter Biden, a été et continue d’être au cœur de beaucoup de discussions. Fin 2020, Hunter Biden est soupçonné d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Il était prévu qu’il soit inculpé pour fraude fiscale en décembre 2023, celui-ci n’ayant pas payé l’équivalent de 1,4 milliards de dollars en taxes entre 2016 et 2019. C’est notamment durant cette controverse que le président a été la cible d’un impeachment, ou mise en accusation de la part des républicains qui pensaient que la famille du président avait reçu un traitement préférentiel pendant son mandat. Toutefois, faute de preuves concrètes, les accusations ont été laissées de côté.
En juin 2024, Hunter Biden est reconnu coupable pour possession illégale d’arme sous l’influence de stupéfiants. C’est le premier enfant d’un président américain en exercice à être reconnu coupable lors d’un procès pénal. Néanmoins, Biden a décidé de le gracier le 1er décembre 2024 en plaidant une “erreur judiciaire”.
Son âge
C’est peut-être un des plus gros points noirs du mandat de Biden. En effet, à 81 ans, sa santé a fait l’objet de beaucoup de débats, ce qui a amené les républicains à l’appeler “Sleepy Joe”, ou l'”endormi”. Il a été vu à de nombreuses reprises en train de perdre l’équilibre, ou tenir des propos incohérents. Ces accusations atteignent un pic vers la fin de son mandat en juillet 2024, lorsqu’il confond Zelensky et Poutine pendant un sommet de l’OTAN. C’est en grande partie pour cette raison qu’il ne s’est pas représenté aux élections en novembre 2024.
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