Major-Prépa te propose de devenir un véritable hacker informatique avec cette analyse de la série Mr. Robot qui pourra t’être très utile en expression écrite en anglais.
Présentation de la série
Avec pour personnage principal un pirate informatique, Mr. Robot dépeint l’interpénétration entre monde réel et monde virtuel. Elliot est en effet un informaticien new-yorkais qui travaille en tant qu’ingénieur de sécurité au sein de la société de cybersécurité Allsafe, où il s’assure de la protection des données informatiques de grandes entreprises, notamment E Corp.
Très rapidement il est contacté par Mr. Robot qui dirige la Fsociety, groupe anarchiste qui semble vouloir utiliser Allsafe, la société d’Elliot, pour pirater et s’attaquer au conglomérat E Corp qui contribuerait au maintien de la pauvreté. Ce groupe est lié à une organisation de plus grande envergure, la Dark Army, qui est dirigée par Whiterose et qui agit à l’international.
Elliot, qui hésite à rejoindre la Fsociety, ne comprend pas d’emblée le fonctionnement et les motivations de l’organisation. En tant que spectateurs, nous ne voyons qu’au travers des yeux d’Elliot. Ce personnage n’est pas très fiable puisqu’il consomme des drogues et souffre de plusieurs pathologies psychiques qui lui provoquent, entre autres, des amnésies. Par exemple, il oublie l’identité de certains personnages de la série.
En parallèle des actions du protagoniste, Angela, l’amie d’enfance d’Elliot qui considère qu’E Corp est responsable de la mort de ses parents et de ceux d’Elliot, essaie de s’attaquer au conglomérat par des moyens légaux. Elle accepte ainsi un poste à E Corp dans l’espoir d’y trouver des preuves incriminantes. C’est de cette manière qu’Elliot parvient à obtenir des informations de l’intérieur, qu’il s’agisse de celles fournies par Angela ou Tyrell, employé ambitieux du conglomérat.
La série s’organise autour de plusieurs enjeux
Au-delà d’être une œuvre de divertissement, Mr. Robot, série diffusée pendant la présidence de Donald Trump, a des implications idéologiques et culturelles. Elle dépeint une extrême gauche américaine qu’on n’a pas tant l’habitude de voir.
La série est également intéressante d’un point de vue esthétique puisque nombreuses sont les références à l’art et à la littérature (Sam Esmail, le réalisateur, a d’ailleurs fait des études d’art en sus de ses études d’informatique) :
– Les lunettes en forme de cœur de Darlene font par exemple écho à Lolita (1955), roman de Vladimir Nabokov qui a été adapté au cinéma par Stanley Kubrick (1962) puis par Adrian Lyne (1997).
– Le décor de la saison 2 fait apparaître plusieurs livres, notamment la pièce En attendant Godot (1952) de Samuel Beckett.
– Tyrell récite à plusieurs reprises le poème intitulé La Brouette rouge (1923) de William Carlos Williams.
Ces références sont à première vue surprenantes, non seulement puisqu’elles n’ont a priori rien en commun, mais également parce qu’elles sont représentatives d’une tradition passée qui entre en contradiction avec la dimension futuriste et dystopique de Mr. Robot.
Cet article va donc essayer de faire sens de ces diverses références dans la série.
Une idéologie anticapitaliste
L’idéologie anticapitaliste développée par la Fsociety est, entre autres, héritée des travaux du théoricien russe Piotr Alexeïevitch Kropotkine, et notamment de La Conquête du pain, ouvrage qu’il a écrit en 1892 et dans lequel il avance que le capitalisme prospère grâce au maintien de la pauvreté.
Kropotkine s’inscrit dans la doctrine politique du communisme libertaire (ou « communisme anarchiste », comme l’auteur le désigne dans La Conquête du pain), au croisement du communisme et de l’anarchisme (doctrine qui prône non pas le désordre social, mais la liberté politique maximale permise, entre autres, par une démocratie directe).
L’influence des auteurs russes
Si les écrits anticapitalistes russes sont une source d’inspiration pour le réalisateur de Mr. Robot, les romans russes l’intéressent également. En effet, juste avant de pousser Elliot de la balustrade côtière dans l’épisode 2 de la saison 1, le spectateur peut apercevoir Mr. Robot en train de lire Résurrection, roman écrit en 1899 par Tolstoï, autre auteur russe célèbre pour ses écrits qui condamnent la privation de liberté que sous-tendent les structures de pouvoir capitalistes.
Le choix d’auteurs russes plutôt que d’auteurs occidentaux est assez symbolique. Historiquement, l’opposition entre marxisme et capitalisme correspond à la dichotomie entre l’URSS et les États-Unis que l’on a pu observer pendant la guerre froide, et qui a pu, tout récemment avec la guerre en Ukraine, être ravivée, prolongée ou encore transformée. Symboliquement et dans l’imaginaire collectif, tout ce qui est d’origine russe, à l’instar de Résurrection de Tolstoï, vient donc s’opposer au système capitaliste américain tout en étayant l’idéologie de gauche que défend la Fsociety.
La place de la religion et de la spiritualité
Dans l’ouvrage de Tolstoï, et comme le suggère son titre aux connotations bibliques (Résurrection), c’est dans la religion que le personnage trouve refuge. Ce point est néanmoins à nuancer. Il ne s’agit pas de la religion telle qu’elle est officiée et instituée par l’Église, puisque Tolstoï a toujours condamné les pouvoirs ecclésiastiques et a fini par être excommunié par l’Église orthodoxe russe.
Il s’agit de ce que Tolstoï nomme le « véritable » christianisme, selon lequel la raison nous vient directement de Dieu, et non pas des pouvoirs qui, soi-disant, le représentent. C’est en suivant cette doctrine et cette spiritualité que Tolstoï, d’abord nihiliste, s’inscrit ensuite dans l’anarchisme chrétien qui prône la révolution, comme tout courant anarchiste, à la différence que cette dernière est une révolution plutôt personnelle.
À première vue, Elliot de Mr. Robot ne semble pas lié au christianisme, pourtant, de nombreuses références religieuses en filigrane ponctuent la série. Par exemple, dans le journal qu’Elliot rédige dans la saison 2, une référence à l’Évangile de Matthieu est établie puisque le spectateur peut lire : « Matthieu chapitre 12, verset 40 : puisque Jonas est resté trois jours et trois nuits dans le ventre d’une baleine, le Fils de l’homme restera trois jours et trois nuits au cœur de la terre. »
Cette citation du Nouveau Testament met en exergue les références synoptiques à Jésus dans l’Ancien Testament (les prophètes de l’Ancien Testament annoncent en effet la résurrection de Jésus). Cette citation, qui apparaît à un moment où, comme Jonas, Elliot est coincé dans le ventre du système social (nommément, une prison), semble ainsi présenter le protagoniste comme un prophète.
Les images et l’intertexte religieux sont ainsi retravaillés et inspirent dans une certaine mesure Mr. Robot. En outre, le détournement et la défiguration de certaines références religieuses contribuent à la défamiliarisation à l’œuvre dans Mr. Robot et permettent d’instaurer une atmosphère dystopique.
L’idée de prophétie
Concernant la religion, l’idée de prophétie mentionnée précédemment est d’ailleurs réitérée au travers de références à des œuvres littéraires aujourd’hui considérées comme des pseudo-prophéties, à l’instar de L’Agent secret de Joseph Conrad cité dans l’adaptation de Mr. Robot en jeu vidéo.
Cette œuvre a été considérée comme prophétique par les autorités américaines, en particulier le FBI qui considère que les actes du terroriste américain surnommé « Unabomber » étaient prédits par Conrad. D’ailleurs, l’histoire de Mr. Robot et celle du terroriste « Unabomber » sont similaires. « Unabomber » s’oppose à l’hyperdigitalisation de la société en envoyant divers colis piégés à ceux qui participent à cette société technologique, rappelant, dans une certaine mesure, le modus operandi de la Fsociety.
Le thème de l’espionnage
L’Agent secret, au-delà d’avoir été considéré comme prophétique, est surtout un roman d’espionnage et d’infiltration. Deux thèmes qui ont largement inspiré Sam Esmail. Angela et Tyrrel, puisqu’ils travaillent chez E Corp, sont en quelque sorte les espions d’Elliot, tandis que les musiques de la série, à l’instar du thème principal de Mr. Robot composé par Mac Quayle, suivent une structure similaire à celle des musiques d’espionnage classiques (le fond lent de musique jazz est progressivement couvert par une accumulation d’instruments).
D’ailleurs, faisant à nouveau écho à l’URSS, le KGB est évoqué au travers du thème du secret, lorsque des hordes d’agents au visage camouflé sous une casquette ou sous des lunettes débarquent. C’est ainsi que, pour faire face aux techniques d’espionnage typiques du KGB, Elliot détruit tous ses outils informatiques et grille les disques durs au micro-ondes.
Le roman Lolita
Si Vladimir Nabokov, qui a écrit Lolita, est un auteur russe, on a tout de même du mal à comprendre pourquoi ce roman est si souvent évoqué dans la série. En réalité, Mr. Robot s’inspire du mode de narration adopté dans Lolita. Nommément une narration qui place le lecteur dans la peau du coupable afin d’induire une certaine empathie.
C’est dans cet objectif que le mode de narration de Lolita, tout comme celui de Mr. Robot, place premièrement le spectateur en position de voyeur. Au début de Lolita, le narrateur invite le lecteur à le regarder abuser de la jeune fille de 12 ans. Similairement, les scènes de voyeurisme se multiplient dans Mr. Robot. Les mouvements de caméra, en particulier les zooms effectués sur le visage de l’agent Dominique DiPierro alors qu’elle se masturbe, forcent le spectateur à pénétrer l’intimité du personnage, tandis que les mêmes mouvements de caméra sont utilisés au cours des séances d’Elliot chez sa psychologue, suggérant cette fois que le spectateur pénètre non pas l’intimité physique mais psychologique du personnage.
Il faut, en outre, souligner l’importance du regard, aussi bien dans Lolita que dans Mr. Robot. Les yeux globuleux de l’acteur principal, Rami Malek, soulignent en effet la dimension scopique (visuelle, graphique) de la série.
Ensuite, comme chez Nabokov qui choisit de sous-titrer son roman Lolita ou les confessions d’un veuf de race blanche, les divers aveux d’Elliot reposent sur un mode de narration confessionnel. À ce propos, dès le générique de début du pilote de la série, Elliot s’adresse au spectateur comme pour se confier, en l’interpellant avec son « Salut l’ami ». Puisqu’il parle pendant le générique, tout est un peu comme si Elliot sortait du cadre de la série. Ce qui renforce d’autant plus le lien créé vis-à-vis du spectateur.
Ainsi, toutes ces stratégies narratives inspirées de Lolita font du spectateur le complice d’Elliot et de la Fsociety en ce qu’ils contribuent à légitimer, au moins dans l’esprit du spectateur, les moyens illégaux auxquels Elliot a recours.
La vulnérabilité d’Elliot
L’empathie du spectateur vis-à-vis d’Elliot est d’autant plus renforcée par la vulnérabilité du personnage. Les techniques filmiques à l’œuvre dans Mr. Robot rendent visibles les symptômes de la souffrance psychologique du protagoniste.
À ce titre, de nombreuses analepses (ou flash-back) dans lesquelles la saturation des couleurs est altérée donnent accès à une mémoire fragmentée ou déformée. Par exemple, un flash-back en particulier est rejoué plusieurs fois au cours de la série, mais à chaque fois avec un scénario différent, montrant l’envergure des amnésies d’Elliot. Ce n’est qu’à la fin de la série, et grâce à l’aide de sa psychologue, que l’anamnèse – si ce n’est l’épiphanie – d’Elliot a lieu et que tous les souvenirs épars de la série font sens.
Il est également possible d’identifier des références à Alice au pays des merveilles, œuvre dans laquelle, comme dans Mr. Robot, la distinction entre imagination et réalité est brouillée. Si dans ses aventures, Alice trouve des pense-bêtes « mange-moi » et « bois-moi », Elliot, quant à lui, trouve les notes « lis-moi » et « laisse-moi » lorsqu’il découvre le piratage de Mr. Robot à Allsafe dans le pilote de la série. D’ailleurs, Alice est un intertexte foisonnant qui a servi de nombreux films auxquels Mr. Robot fait écho. On pense par exemple à Matrix, où le thème du lapin blanc d’Alice est réinvesti, et où le nom de famille du personnage Neo Anderson rappelle celui d’Elliot Alderson.
C’est parce qu’Alice, comme Matrix et Mr. Robot, est construit autour d’une dimension irréelle – dans Mr. Robot, c’est la dimension numérique et du dark web qui est mise en avant, tandis que dans Alice, c’est plutôt la dimension onirique, celle du rêve, au sein duquel la limite entre imagination et réalité est brouillée. À la fin de ses péripéties, Alice se réveille en effet et sort de son rêve très élaboré.
Dans Alice, de nombreux critiques ont identifié la présence de plusieurs drogues comme la nicotine (Morse fume des cigares), l’opium avec la chenille qui fume un narguilé un peu comme si elle était dans une fumerie, les champignons hallucinogènes (Alice se retrouve en effet sous l’influence d’un champignon) ou encore le LSD, les couleurs psychédéliques étant présentes aussi bien dans l’œuvre écrite que dans le dessin animé. Inutile de rappeler qu’Elliot, lui aussi, expérimente plusieurs drogues dans Mr. Robot, lui permettant de naviguer au sein d’une société qui le marginalise.
Enfin, tout comme Alice au pays des merveilles qui retrace le passage d’Alice de l’enfance à l’adolescence, il s’agit pour Elliot de grandir sur le plan social et d’explorer une nouvelle dimension identitaire. Il passe d’informaticien à hacktiviste au service d’un groupe anarchiste.
La crise identitaire d’Elliot
La crise identitaire éprouvée par Elliot est mise en exergue dans la série. Les clivages identitaires sont en outre renforcés par les antagonismes entre les personnages. Whiterose, qui est à la tête de la Dark Army, a des projets hypercapitalistes qui font de ce personnage l’antagoniste d’Elliot.
Cette opposition entre les deux personnages rappelle une différenciation manichéenne qui a longtemps perduré dans l’imaginaire collectif, nommément celle opposant cracker et hacker désignant, respectivement, un criminel égoïste esclave du capitalisme (ici, Whiterose) et un justicier altruiste au service de la démocratie (Elliot dans la série).
D’ailleurs, en tant qu’antagoniste parfaite, Whiterose a également une identité ambivalente. Tout comme les souvenirs d’Elliot, ceux de Whiterose sont fragmentés dans la dernière saison de la série. Whiterose est également gender fluid, et son identité et son expression de genre oscillent entre féminité et masculinité. Whiterose apparaît premièrement comme une femme à l’épisode 8 de la saison 1, puis comme un homme deux épisodes plus tard. L’apparence de ce personnage reflète ainsi les idées de mascarade, de simulacre et de société du spectacle également symbolisées par le masque de la Fsociety dans la série.
Le masque et le théâtre
Le masque est un symbole lié à divers soulèvements sociaux tels que la Conspiration des Poudres (1605) et le mouvement Occupy Wall Street. Et, bien évidemment, impossible de réaliser une série dont l’un des emblèmes est le masque sans faire référence au grand dramaturge qu’est Shakespeare.
Ainsi, les personnages de la série rappellent de grands personnages shakespeariens. Tout d’abord, les actions de Tyrell sont influencées par sa femme, configuration qui rappelle l’emprise de Lady Macbeth sur Macbeth dans la pièce éponyme où, par ambition, elle le pousse à commettre un régicide. Quant à Elliot, il rappelle Hamlet, ce héros hanté par le fantôme de son père assassiné, qu’il se met alors en tête de venger par tous les moyens.
Le masque est également un outil de dissimulation évitant aux membres de la Fsociety de se faire arrêter. D’ailleurs le demi-sigle Fsociety porte également les traces d’un masque, textuel cette fois, en ce que le « F » initial du nom masque sa signification. Elliot suggère à cet égard « fuck society » dans l’épisode 1 de la saison 3 par exemple (« eps3.0_power-saver-mode.h »).
Il est intéressant de remarquer que la même stratégie de dissimulation ou d’encodage acronymique est mise en œuvre par les ennemis de la Fsociety, nommément E Corp, qu’Elliot nomme « Evil Corp » dans l’épisode 1 de la saison 3 (« l’entreprise du mal » en français).
Néanmoins, d’autres interprétations sont possibles. Le logo d’E Corp est très fortement inspiré de celui d’Enron, conglomérat énergétique très polluant qui a fait faillite en 2021, tandis que dans la série, ce logo est parfois suivi de la mention « Esmail Corp », référence à Sam Esmail, le réalisateur de la série. Ces masques textuels sont ainsi des terrains d’expérimentation et d’énigmes rendant le spectateur actif, et non plus passif, en l’invitant à faire sens de ces acronymes et sigles qui mettent la signification en attente.
L’attente et l’existentialisme
L’attente est un thème exploré de diverses manières dans la série. En attendant Godot, pièce écrite en 1952 par Samuel Beckett, apparaît plusieurs fois dans la saison 2. La particularité de cette pièce de Beckett est qu’il ne s’y passe rien : deux personnages, Vladimir et Estragon, attendent Godot, qui n’arrive jamais. Les thèmes principaux de la pièce sont donc l’attente et sa vanité, qui encadrent l’ennui dépeint par le dramaturge. Les nombreuses stichomythies qui ponctuent En attendant Godot montrent que les personnages n’existent que par le dialogue.
Les mêmes stratégies sont utilisées dans Mr. Robot. Dans la saison 2, Elliot dialogue avec Leon, son seul compagnon qui le raccroche à une certaine réalité mais lui fait également prendre conscience de ses torts, suggérant une dimension existentialiste dans la série.
L’un des discours qu’Angela tient à Whiterose dans l’épisode 11 de la saison 2 (« eps2.9_pyth0n-pt1.p7z ») est empli de références à une autre pièce du XXe siècle, Huis clos, pièce de Jean-Paul Sartre jouée pour la première fois en 1944. Dans cette pièce, trois personnages se retrouvent à leur mort dans une même pièce et se jugent mutuellement. Chacun se pensant vertueux, aucun ne comprend la raison de sa présence, puis, progressivement, les autres lui font prendre conscience de ses désillusions. D’où la citation très connue qui marque la philosophie existentialiste de Sartre : « L’enfer, c’est les autres », puisque c’est l’altérité qui permet à l’homme de porter un regard lucide sur sa vie.
Mêler informatique et poésie ?
Un poème moderniste plusieurs fois cité et récité dans la série est La Brouette rouge de William Carlos Williams. Ce poème repose sur une codification du langage en ce que Williams a recours à des words qua words, ces mots ou syntagmes qui prennent un sens différent lorsqu’ils sont complétés par le vers suivant. Chaque vers du poème transforme la signification de ce qui précède, et le lecteur ne peut avoir une impression générale du poème qu’à la fin de sa lecture.
Le codage informatique qu’Elliot maîtrise à la perfection dans la série est construit sur le même principe. Les lignes de code doivent être mises à la suite et exécutées pour faire sens. Dès lors, il n’est pas surprenant que ce soit un poème de William Carlos Williams qui ait été choisi comme intertexte principal de la série.
Conclusion : l’importance de l’art dans une dystopie
Somme toute, plus que de donner une dimension transmédiale à la série, l’intertexte littéraire de Mr. Robot souligne l’interpénétration qui a lieu entre monde réel et monde virtuel. Surtout, si la littérature est aussi présente dans ce monde dystopique et futuriste, c’est également pour souligner qu’elle n’est pas vaine mais, au contraire, qu’elle permet de faire sens des évolutions socioculturelles, à l’instar de celles en jeu dans Mr. Robot.
Sam Esmail ne s’en tient d’ailleurs pas à la littérature, puisque d’autres références aux arts visuels, notamment au cinéma, sont établies dans la série. Par exemple, Retour vers le futur est le film favori d’Elliot, tandis que dans l’épisode 9 de la saison 1, dans un flash-back, Elliot demande à son père de l’emmener voir Pulp Fiction au cinéma. Ensuite, un des restaurants de la série s’appelle « Fidelio », une référence à Eyes Wide Shut, film dans lequel le mot de passe pour accéder aux soirées spéciales est « Fidelio ».
Cette liste n’est pas exhaustive, de nombreux autres films cultes sont évoqués directement ou indirectement dans la série, à l’instar de Shining, Fight Club, ou encore V pour Vendetta. Toutes ces références intermédiales contribuent ainsi au dynamisme de Mr. Robot, puisqu’au-delà d’ancrer la série dans une tradition culturelle commune, leur utilisation souvent détournée participe à la défamiliarisation en jeu dans la série. Le spectateur se retrouve ainsi dans une position liminale, entre connu et inconnu, comme propulsé à la lisière du dark web, section de la toile seulement accessible à un certain nombre d’initiés.
Voilà, tu as maintenant plein d’idées d’analyses à recaser en expression écrite d’anglais, qu’il s’agisse d’une analyse politique de cette série diffusée sous Trump, ou d’une réflexion plus esthétique portant sur les diverses œuvres évoquées dans Mr. Robot. En tout cas, si tu aimes les séries, n’hésite pas à aller lire nos recommandations pour travailler l’anglais ici.