Avec le nouveau format des oraux de langue à l’EDHEC, il est désormais essentiel de maîtriser des sujets moins axés sur des thèmes spécifiques à un pays anglophone et davantage orientés vers des questions philosophiques et mondiales. C’est pourquoi Major Prépa te propose aujourd’hui de traiter de la liberté d’expression, sujet qui n’a de cesse d’animer les débats actuels.

Les épreuves orales de langues de l’EDHEC

Depuis 2024, l’EDHEC a dévoilé un nouveau format d’une durée de 20 minutes. Après avoir choisi un sujet parmi les deux problématiques proposées, l’étudiant possède 5 minutes pour préparer ses arguments. Par la suite, il devra s’exprimer de façon continue pendant 5 minutes, tout en prenant position sur le sujet. 

A la suite de cette première phase, l’entretien prendra la forme d’un échange d’environ 10 minutes avec l’examinateur, qui sera alors amené à poser des questions au candidat pour approfondir le thème abordé. 

Je te propose donc d’explorer ensemble un sujet fréquemment au centre des débats : la liberté d’expression. Cet article t’aidera à élaborer des arguments en faveur de la défense de cette liberté, ou à comprendre pourquoi, dans certaines circonstances, il pourrait être nécessaire de la limiter.

Qu’est-ce le “free speech”?

Pouvant être traduit par la liberté d’expression, le “free speech” est un droit fondamental qui permet aux individus de communiquer leurs idées, opinions et croyances sans craindre la censure ou la répression par les autorités. 

Selon la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH), c’est un droit qui inclut la liberté de parler, écrire, publier et diffuser des informations ainsi que de participer à des débats publics et critiquer les institutions.

Aux Etats-Unis, la liberté d’expression est extrêmement valorisée et protégée par le Premier Amendement de la Constitution et représente ainsi un pilier essentiel de la démocratie américaine. 

Proposition d’amorce : les frontières floues entre liberté d’expression et respect des croyances individuelles

Rappelle toi de l’attentat tragique à Paris du 7 janvier 2015 de l’hebdomadaire satirique, Charlie Hebdo. En 2006, il avait publié des caricatures de Mahomet, le prophète de l’Islam, ce qui avait suscité de nombreuses controverses et menaces de mort. Huit ans après, deux frères islamistes radicalisés ont fait irruption dans les bureaux de Charlie Hebdo tuant douze personnes dont plusieurs dessinateurs emblématiques comme Charb, le directeur de la publication.

Cet attentat a marqué un tournant dans l’histoire de la France, en ravivant les débats sur la liberté d’expression. Ce n’est qu’en septembre 2020, à l’occasion de l’ouverture du procès des complices des auteurs de l’attentat, que Charlie Hebdo a pris la décision de republier les caricatures controversées. 

Cette republication a été un geste symbolique pour réaffirmer leur engagement en faveur de la liberté d’expression, malgré les violences subies. Toutefois, cette initiative relance le débat sur les limites de la liberté d’expression et soulève la question cruciale : est-il possible de vraiment tout dire au nom de la liberté d’expression ?

“Je suis Charlie” est un slogan qui a rapidement émergé dans les manifestations en solidarité avec les victimes de l’attaque. Il symbolise la défense de la liberté d’expression et le rejet de la violence contre ceux qui utilisent leur voix pour critiquer.

Arguments en faveur de la limitation de la liberté de parole

Limiter la liberté d’expression pour protéger les groupes vulnérables

Les discours offensants peuvent causer du tort aux individus en attaquant directement leur identité ou encore leurs croyances personnelles. Ainsi, ici limiter ces discours peut aider à protéger ces personnes contre la discrimination qu’ils peuvent subir.

C’est pourquoi au Royaume-Uni, les lois sur le discours de haine, comme la Public Order Act (1986), interdisent les discours qui incitent à la haine raciale, religieuse ou sexuelle, afin de protéger ces groupes minoritaires.

En réglementant les discours de haine et donc la liberté d’expression, le Royaume-Uni cherche à maintenir l’ordre public et à promouvoir une société plus inclusive et tolérante.

Préservation de l’ordre public contre la haine et la violence 

Les discours extrémistes ou provocateurs peuvent déstabiliser l’ordre public. Le droit à la liberté d’expression doit donc être exercé avec équilibre.

Cette liberté a été mise à l’épreuve pendant l’attaque contre le Capitole des Etats-Unis, le 6 janvier 2021. Ce jour-là, des partisans de l’ancien président Donald Trump ont pris d’assaut le Capitole pour contester les résultats de l’élection présidentielle de 2020. Ce raid a rappelé que la parole, surtout lorsqu’elle provient de figures publiques, a un pouvoir immense. 

Cet événement met en lumière une question cruciale : dans quelle mesure la liberté d’expression peut-elle être utilisée pour propager des fausses informations et inciter à la violence? 

Dès lors, la liberté d’expression est un droit essentiel dans une démocratie mais un droit fragile qui peut être menacé par la manipulation politique.

Arguments contre la limitation de la liberté de parole 

Préservation de la démocratie face aux risques de censure et d’abus

La liberté de parole est essentielle pour une démocratie opérationnelle, permettant aux individus de critiquer le gouvernement et d’exprimer des idées impopulaires.

Par exemple, pendant le maccarthysme, des milliers d’Américains ont été accusés de communisme et ce, souvent sans preuves tangibles. Cette période a été une attaque directe contre la liberté d’expression. En effet, le peuple vivait dans la peur de s’exprimer librement, de peur d’être accusés de trahison : les opinions politiques, qui faisaient partie du débat public, étaient réprimées

Le maccarthysme montre bien comment la liberté d’expression peut être compromise sous prétexte de protéger la sécurité nationale, conduisant très souvent à des abus de pouvoir : il ne faut donc pas limiter la liberté de parole ! 

Stimulation du débat et de l’innovation 

Avant tout, la liberté d’expression permet d’alimenter les débats pour laisser place à la confrontation des idées, nécessaire au développement de la société. 

Aux États-Unis, des sujets controversés comme le mariage homosexuel ont bien conduit à une évolution de l’opinion publique. Pendant des décennies, le mariage entre personnes de même sexe était illégal dans la plupart des Etats, souvent motivés par des convictions religieuses. Toutefois, grâce à la liberté d’expression, des voix en faveur du mariage homosexuel ont pu s’exprimer librement à travers des manifestations et campagnes de sensibilisation telle que la campagne “No H8” (No hate) lancée en 2008 en réponse à l’adoption de la Proposition 8 en Californie, qui interdisait le mariage homosexuel.

La liberté de parole : une réflexion complexe sans réponse définie

Dans ce type de sujet, il est très difficile de trouver un consensus clair. 

Pour conclure, tu peux reprendre ton amorce et expliquer que comme la liberté d’expression est souvent invoquée pour justifier des attaques contre des minorités (groupes religieux ou ethniques, communauté LGBT, etc…), ce principe doit être mis en balance avec les autres droits de l’homme : comment concilier les caricatures ridiculisant l’islam avec certaines lois occidentales se disant contre les discours de haine ? Il faut choisir : soit on censure les deux, soit on n’en censure aucune.

Dès lors, la liberté d’expression peut-elle fonctionner dans la société si elle nuit ou offense les gens ? Ici le débat reste ouvert : où s’arrête la liberté d’expression et où commencent les responsabilités envers autrui ? 

Je te laisse réfléchir à ces quelques points qui pourraient t’aider à former ton propre avis sur la question. Rappelle-toi que ce n’est pas la réponse qui est importante, mais bien la façon dont tu défends ton idée. Il faut ressentir de l’engagement.

Bien souvent, il arrive de poursuivre l’entretien sur des sujets plus larges. Ainsi, l’objectif principal  de cette épreuve est de communiquer avec le jury. C’est pourquoi il est très important que tu sois implacable sur ta grammaire. N’hésite donc pas à la revoir sur les articles disponibles sur le site : La grammaire anglaise en schémas