Major Prépa > Concours > Interpréter son rang à l’ESCP (2024) lorsque l’on se situe dans la zone d’incertitude

Premièrement, je vous souhaite tout mon courage si vous vous trouvez dans cette situation qui n’est pas évidente pour vous et vous fait malheureusement stresser quelques jours de plus comme a pu le vivre notre cher Lucas Quach, dernier admis à l’ESCP en 2022 (1133e)
On dira que vous êtes dans la zone d’incertitude si vous vous trouvez entre 1050 et 1250, sachant qu’en 2021, le rang du dernier admis était 1083, en 2022, 1133 et en 2023, 1117. Pourquoi la zone d’incertitude va jusqu’à 1250 ? Car c’est l’accumulation des places des 3 parisiennes : \(400+430+420=1250\). Mais en lisant cet article, tu vas te rendre compte que la question de l’augmentation ou la diminution du rang est surtout une histoire de bi admis. Si le rang monte jusqu’à 1250, cela voudrait dire que l’intégralité des candidats du top 3 sont admissibles à la fois à HEC, ESSEC et ESCP, ce qui a très peu de chances d’arriver (on connaît tous un candidat qui a été admissible à l’ESSEC mais pas à l’ESCP, etc.)
Pour déterminer jusqu’où peut descendre ou monter le rang de l’ESCP, il faut s’intéresser au tableau des désistements croisés SIGEM. Le rang peut monter ou descendre en fonction de 5 facteurs :
- L’ajout de place dans l’une ou les trois parisiennes (ce qui fait augmenter le rang)
- L’utilisation ou non de la marge de sécurité de l’une ou des trois parisiennes (ce qui fait augmenter ou descendre le rang)
- Le nombre de bi admis HEC x ESCP ou ESSEC x ESCP qui choisissent HEC ou ESSEC à ESCP (ce qui fait augmenter le rang)
- Le nombre de bi admis HEC x ESCP ou ESSEC x ESCP qui choisissent ESCP à HEC ou ESSEC (ce qui fait diminuer le rang) – et méprenez vous, ce cas est tout à fait envisageable étant donné que 14 candidats ont choisi ESCP à ESSEC en 2022, 13 en 2023…
- Le nombre d’admis à l’ESCP qui choisissent une autre école que l’ESCP (comme l’ENS, l’ENSAE, Cyr…), ce qui fait augmenter le rang s’il y en a plus cette année ou alors qui pourrait le faire diminuer s’il y en a moins cette année.
Lire aussi : Interpréter son rang à l’ESSEC (2024) lorsque l’on se situe dans la zone d’incertitude
Tableau des désistements croisés SIGEM 2022 et 2023


D’abord il faut comprendre comment lire le tableau des désistements croisés SIGEM. Concentrons nous sur les désistements SIGEM 2023 (regardez le tableau on fait les commentaires ci-dessous). Dans les 1117 candidats théoriquement admis à l’ESCP (regarder la colonne de l’ESCP et additionner les chiffres) :
– 361 bi admis HEC ESCP ont choisi HEC
– 306 bi admis ESSEC ESCP ont choisi ESSEC
– Mais 13 bi admis ESSEC ESCP ont choisi ESCP (ce qui enlève 13 places au rang final, car si ça n’avait pas été le cas, il y aurait eu 319 bi admis ESSEC ESCP ayant préféré l’ESSEC)
– 420 ont rempli toutes les places de l’ESCP
– 2 bi admis EDHEC ESCP ont choisi EDHEC
– 1 bi admis TBS ESCP a choisi ESCP (oui oui… !)
Par addition de tous ces chiffres, on arrive à 1090. Or le “total des affectés” affiché est 1101, il manque 1101-1090=11 candidats bi admis. Il s’agit en fait des candidats bi admis à CYR, ENS ou ENSAE et ESCP (que l’auteur a ici fait le choix de ne pas afficher), d’où :
– 11 bi admis CYR, ENS ou ENSAE x ESCP ont choisi CYR, ENS ou ENSAE
– 16 sont non affectés ou démissionnaires de la procédure SIGEM
En gros, tous les chiffres qui sont dans la colonne ESCP en dehors de la case rouge/orange font monter le rang de l’ESCP
Prenons l’exemple du rang de 2023
Faisons un peu de maths : comment le rang du dernier admis se construit ?
Pour expliquer cela, on va regarder l’évolution du rang du dernier admis de 2022 (1133e) et de 2023 (1117e) : un rang qui a évolué de -16 places. Et pour se faire, on va en particulier comparer le nombre de bi admis ESCP x une autre école en 2022 et en 2023 pour en comprendre l’évolution.
Pour comprendre d’où sortent ces chiffres, regarder les colonnes ESCP de 2022 et 2023 et soustraire les différences
Formule : \(a-b=c\) où \(a\) représente le nombre de candidats en 2023, \(b\) représente le nombre de candidats en 2022 et \(c\) représente l’évolution de candidats entre 2022 et 2023
Bi admis HEC à ESCP : \(361-367=-6\) candidats
Bi admis ESSEC à ESCP : \(306-317=-11\) candidats
Intégrés à l’ESCP : \(420-425=-5\) places (explication plus tard dans l’article de cette perte de place, étant liée à la marge de sécurité)
Bi admis ESCP à EDHEC : \(2-5=-3\) candidats
Bi admis ESCP à TBS : \(1-0=+1\) candidat
Bi admis ESCP à Cyr ou ENS ou ENSAE : \(11-12=-1\) candidat
Démissionnaires SIGEM : \(16-7=+9\) candidats
Ce qui fait \(-6-11-5-3+1-1+9=-16\)
Le rang a diminué de 16 places entre 2022 et 2023. En faisant cette décomposition de calculs, on comprend d’où viennent les diminutions (ou les augmentations) de rang
Explications (très détaillées)
Avant de passer aux explications détaillées, il faut comprendre le concept de “marge de sécurité” que les écoles peuvent appliquer à leur guise tous les ans.
HEC, ESSEC et ESCP offrent en 2023 (et c’est également le cas en 2024) 400, 430 et 420 places respectivement (mais seulement 395 intègrent HEC en 2023). Une marge de sécurité sont des places supplémentaires (au delà des places prévues) qui permettent à l’école de s’assurer de remplir leurs rangs à la rentrée dans la situation où un candidat désisterait son inscription à l’école après la procédure SIGEM (le but final étant d’éviter la perte de frais de scolarité si un candidat se désiste après son inscription… ou alors de gonfler artificiellement son chiffre d’affaires en engrangeant plus de frais de scolarité… ?).
En 2022 (et ce n’était pas le cas en 2021 ni en 2023), les parisiennes ont activé leur marge de sécurité (+2 places pour HEC, +5 places pour l’ESSEC et +5 places pour l’ESCP). C’est pourquoi on peut lire sur le tableau de 2022 que les parisiennes offraient 402, 435 et 425 places respectivement. Précisons également qu’en 2022, en plus de sa marge de sécurité active, l’ESSEC avait augmenté son nombre de place à 10, passant de 420 à 430.
On voit bien l’impact de l’absence de marge de sécurité à HEC sur son nombre d’intégrés en 2023 : comme il y a eu 4 démissionnaires et 1 candidat qui a intégré une école du type CYR/ENSAE/ENS, le nombre d’intégrés à HEC passe de 400 à 395. Une marge de sécurité à 405 par exemple aurait permis de remplir les places passant de 405 à 400.
Pour expliquer l’évolution du rang du dernier admis entre 2022 et 2023, on peut lister plusieurs facteurs principaux :
– L’effet direct de l’absence de marge de sécurité à ESCP
– L’effet indirect de l’absence de marge de sécurité à HEC et ESSEC
– L’effet indirect de la performance individuelle des candidats au concours
d’où les explications :
– L’effet direct de l’absence de marge de sécurité à ESCP : en 2023, les écoles reviennent sur leur décision de 2022 et n’activent pas leur marge de sécurité, on passe donc de 402+435+425=1262 places offertes en parisienne à 400+430+420=1250, soit une diminution de 12 places. L’impact sur le rang du dernier admis à l’ESCP n’est pas si évident car rappelez vous, on raisonne en bi admis : la non activation de la marge de sécurité à ESCP (-5 places) a un impact direct sur le rang final qui provoque donc une diminution de 5 places. En revanche, pour les autres parisiennes, la non activation des marges de sécurité provoque l’effet indirect d’une diminution du nombre de bi admis HEC x ESCP et ESSEC x ESCP
– L’effet indirect de l’absence de marge de sécurité à HEC et ESSEC : l’évolution du nombre de bi admis HEC x ESCP ou ESSEC x ESCP entre 2022 et 2023 est en baisse (-6 et -11 candidats respectivement) comparé à l’évolution entre les années 2021 et 2022 (+14 et +17 candidats respectivement) : ces chiffres signifient que les candidats étant admis à l’ESCP ont moins réussi à être admis à HEC ou ESSEC en 2023 comparé à 2022. Pourquoi ? Car HEC et ESSEC ont ouverts moins de places en 2023 comparé à 2022. En fait, le nombre de places est théoriquement resté constant, mais en 2022, les parisiennes ont toutes décidé d’activer leur marge de sécurité ce qui a provoqué une augmentation artificielle de places, et donc avait énormément joué à l’augmentation du rang. La non activation des marges de sécurité à provoqué l’effet inverse en 2023.
– L’effet indirect de la performance individuelle des candidats au concours : la diminution du nombre de bi admis HEC x ESCP ou ESSEC x ESCP s’explique également par la conjoncture des concours et de la performance individuelle de chaque candidat : il se peut qu’en 2023, moins de candidats aient réussi les épreuves liées à HEC ou ESSEC mais aient mieux réussi celles liées à ESCP. Ce facteur est très difficilement quantifiable en termes statistiques car il dépend de la performance individuelle de chaque candidat. Ainsi, comme l’évolution des bi admis en 2021-2022 se chiffrait à +14 et +17 candidats bi admis HEC x ESCP et ESSEC x ESCP respectivement et en 2022-2023 à -6 et -11 candidats bi admis HEC x ESCP et ESSEC x ESCP respectivement, on peut supposer qu’en 2022, les candidats ont mieux réussi les épreuves à la fois de HEC et ESCP, et celles de ESSEC et ESCP comparé à 2023, où les candidats ont moins réussi les épreuves liées à HEC ou ESSEC quand ces derniers avaient réussis celles de ESCP.
Ces trois premiers points, certes très techniques à comprendre, expliquent la perte de -6-11-5=-23 places entre 2022 et 2023 liés à l’évolution des candidats bi admis HEC x ESCP, ESSEC x ESCP et les candidats ayant rempli les places de ESCP
– Les autres facteurs, un peu plus marginaux, faisant évoluer le rang du dernier admis sont sur tous les bi admis ESCP x une autre école qui choisissent d’aller dans une autre école. Par exemple lorsque des candidats préfèrent ENS, CYR, EDHEC, ENSAE ou même TBS à ESCP, chaque choix individuel vers l’une de ces écoles fait reculer le rang du dernier admis ESCP d’une place, ces décisions sont généralement très rares.
– Un facteur étant lié à la tendance actuelle se trouve dans le nombre de bi admis ESSEC x ESCP choisissant d’aller à ESCP. Il est en croissance depuis 3 ans (4 candidats font le choix de ESCP à ESSEC en 2021, 14 en 2022 et 13 en 2023). Chaque bi admis ESSEC x ESCP faisant le choix de ESCP fait avancer (donc enlève des places) au rang final de l’ESCP. Il sera intéressant de voir si cette tendance continue à se confirmer en 2024 puisque pour le moment, elle semble être liée au classement du Financial Times d’ESCP (2e Français) vis à vis de ESSEC (3e Français) depuis 2 ans, à la politique “boursier-friendly” qui exonère les frais de scolarités de l’ESCP pour les échelons 4 à 7 ou alors à l’ambiance ressentie lors de l’accueil des admissibles ?
– Enfin, un dernier facteur se joue au niveau du nombre de démissionnaires de la procédure SIGEM, qui lui pour le coup est très difficilement quantifiable
Les scénarios sur l’évolution du rang ESCP en 2024
La conjoncture actuelle semble montrer que le rang de l’ESCP a de fortes chances de stagner cette année.
En effet, aucune des trois parisiennes n’a prévu d’ajouter des places cette année (mais ça sera sûrement le cas l’année prochaine). Il n’est pas exclu qu’il y ait une légère baisse ou augmentation du rang qui dépendra des facteurs énoncés ci-dessus.
- Le facteur principal qui risquerait de faire augmenter ou diminuer le rang serait donc lié à l’effet indirect de la performance individuelle des candidats au concours.
- Un second facteur serait lié aux nombre de bi admis ESSEC x ESCP qui choisiraient l’ESCP au lieu de l’ESSEC (faisant donc avancer et diminuer le rang final de l’ESCP): ce nombre sera-t-il encore en hausse cette année ? Sachant que l’ESCP garde sa place de 2e meilleure Business School Française au Financial Times cette année encore face à l’ESSEC (3e)
- Un autre facteur résiderait dans le nombre des bi admis ESCP x une autre école préférant une autre école du type ENS, ENSAE, CYR à ESCP…
- Enfin, un dernier facteur, à prendre avec des pincettes, serait que, comme en 2022, les parisiennes décident d’activer leur marge de sécurité, ce qui augmenterait le nombre de places en parisiennes, et donc mécaniquement (par les effets directs et indirects vu ci-dessus) engendrerait une augmentation du dernier admis à ESCP.
Réponse finale le 12 juillet 2024.