Major-Prépa te propose une analyse détaillée de cette copie de culture générale HEC/EMLyon qui a obtenu la note de 20/20 au concours de la BCE en 2023. Le thème de l’année était “Le monde” , et le sujet « L’épreuve du monde » .
En tant qu’autrice de cette copie, je vais te donner tous les conseils que j’ai appliqués pour rédiger cette dissertation et m’y préparer.
Comment faire une bonne dissertation de culture générale ?
Tout d’abord, rappelons que le coefficient de la dissertation de culture générale à HEC est de 6 en ECG maths appliquées et de 4 en ECG maths approfondies. Ta note est donc cruciale, car elle peut vraiment changer l’issue de ton concours.
Fréquenter les rapports du jury pour maîtriser totalement la méthodologie
Pour bien réussir les épreuves de culture générale, il faut que tu saches ce que l’on attend de toi. Cela passe bien-sûr par la lecture massive de rapports de jurys. Bien que les thèmes changent tous les ans, les attendus restent sensiblement les mêmes et ce n’est qu’en les respectant ostensiblement que tu montreras au jury que tu les as bien compris. Cela est très susceptible de séduire ton correcteur, car beaucoup de candidats négligent les rapports de jurys.
En effet, n’hésite pas à « grossir le trait » sur le respect de la méthodologie afin de bien manifester au correcteur ta volonté d’appliquer les conseils et méthodes énoncés dans les rapports de jurys. La méthodologie est une partie non-négligeable, si ce n’est majeure, de la note de culture générale. C’est une partie de la note largement accessible car elle ne fait pas appel à ta façon de rédiger ou à ta culture personnelle mais simplement à ta capacité à disserter rigoureusement.
S’approprier les oeuvres
Ensuite, l’autre partie de la note réside grandement dans l’authenticité de tes lectures et fréquentations d’oeuvres en tout genre, et dans la façon dont tu réussis à les exploiter. En effet, l’épreuve de Culture Générale demande fatalement d’avoir réellement fréquenté les oeuvres que tu cites. Mais pas de panique : cela est largement accessible, d’autant plus à l’écrit. Si tu n’as à ta disposition que dix, voire cinq oeuvres — dont l’oeuvre la plus vue et revue de l’année —, une excellente note n’est pas hors de portée.
Bien qu’il soit stratégique d’avoir lu quelques oeuvres originales, ou de pouvoir faire référence à une gravure à laquelle toi seul auras pensé, la réussite de la dissertation réside surtout dans ta capacité à exploiter et « creuser » une oeuvre. Pour chaque référence, il ne faut donc pas se contenter d’illustrer : il faut analyser et produire un raisonnement qui montre un lien avec le sujet, bien que ce lien ne soit pas nécessairement évident de prime abord. Peu importe l’oeuvre utilisée, ce sont la pertinence et l’originalité de ce raisonnement qui saura convaincre le jury, car elles mettront en avant ta finesse d’analyse.
Enfin, il s’agit d’avoir l’audace de produire quelque chose de personnel. A l’échelle de l’explication d’une sous-partie ou du plan tout entier, il faut croire en ton raisonnement, et chercher à emmener le correcteur avec toi en t’appuyant sur une logique que tu trouves sincèrement pertinente.
L’introduction
L’introduction est, de loinn la partie la plus importante de la copie. Le correcteur commencera par la balayer du regard et à l’issue de cela, il saura déjà approximativement la note que tu auras… et celle que tu n’auras pas. Si ton développement et ta conclusion comptent évidemment aussi, une mauvaise introduction empêche d’avoir une bonne note. Il faut absolument la soigner, en commençant par l’accroche.
L’accroche
Dans une introduction de dissertation, l’accroche renvoie à l’interprétation du sujet dans la vie courante. Il s’agit de prendre du recul quant à l’énoncé du sujet, et de s’éloigner de la sophistication, pour faire comme si le sujet avait été entendu par une personne qui n’a pas travaillé sur le thème pendant un an.
C’est une approche très stratégique si vous n’avez pas mieux en terme de référence culturelle, car elle vous distinguera du reste des candidats grace à son originalité, et mettra en avant votre capacité à raisonner de façon lucide et nouvelle malgré les semaines d’entraînement et de révisions. L’accroche sert ainsi avant tout à amener un sujet qui parait déjà problématique.
La définition des termes du sujet
Chaque terme doit être défini précisément dans le contexte du sujet ! Il ne faut surtout pas donner une définition plate et universelle qui sortirait tout droit du dictionnaire. Il s’agit de mettre en évidence ce en quoi le sujet n’est pas simple et pose réellement problème. Ici, la définition des termes est commentée et analysée d’un point de vue critique : « cette définition ne va pas de soi car […] » .
Tu dois également t’arrêter sur la formulation du sujet, comme cela a été fait ici, par une brève reflexion sur le singulier de « l’épreuve ». Ce passage sert à amener la problématique.
La problématisation
Il s’agit ainsi de montrer en quoi, selon toi, le sujet mérite reflexion : “selon toi” , car tu dois amener ton correcteur à te suivre dans ton raisonnement.
Dans la problématisation, comme dans tout le reste de la copie, les idées se succèdent en effet de façon logique et argumentée. Cela apparait explicitement : « or s’il y a […], c’est qu’il y a […] », « si […], alors […] » ou encore « c’est pourquoi ». Il est primordial d’emmener le correcteur avec toi, dès l’introduction, dans le fil de ta réflexion, grâce à des tournures explicites. Elles suggèrent le cheminement de la pensée.
On peut voir aussi que la candidate (oui, je parle de moi à la troisième personne) a tenté de balayer rapidement toutes les interprétations du sujet. C’est l’occasion de le faire. Il faut en effet montrer que tu n’as oublié aucune piste, bien que tu doives en choisir une pour bâtir ton plan. C’est ainsi que tu peux te distinguer des autres candidats, et montrer au jury que tu n’as rien laissé de coté. Ce passage sert également à justifier ton choix de plan, en dégageant la piste la plus intéressante.
La problématique
Celle-ci ne paraphrase pas le sujet, mais cherche à en dégager la question sous-entendue. Il faut chercher la complexité du sujet, ce en quoi il est paradoxal, ou pas évident, et le formuler explicitement dans la problématique. Cette capacité à voir et à synthétiser intelligemment le problème que pose le sujet est gage d’une très bonne note !
L’annonce du plan
Elle est rédigée de façon à mettre en évidence un raisonnement actif et logique, et non pas la juxtaposition de trois grands axes. Les connecteurs logiques sont d’excellent moyens de montrer explicitement la progression de la pensée : « Dès lors », « or » .
Le plan
La première partie
Elle évoque l’idée la plus évidente. Cette idée à été amenée au fil de l’introduction, et la candidate a expliqué son intérêt. Mais si c’est l’idée la plus évidente, elle n’en reste pas moins étonnante : « Évoquer le monde comme une épreuve est étonnant dans la mesure où […] ».
La deuxième partie
Elle s’articule avec la première partie. Souvent, elle contraste avec celle-ci, mais ne la contredit pas pour autant radicalement. La candidate a en effet trouvé la limite de sa première partie, et l’a développée dans la deuxième. Bien sûr, l’idée doit être originale, si possible ; néanmoins, une idée classique, mais mieux analysée que d’autres permettra une excellente note.
La troisième partie
Attention : cette partie ne doit pas sortir de nulle part sous prétexte d’originalité ! Elle s’articule au contraire avec la deuxième partie, et en soulève à nouveau la limite. Toute la dissertation est affaire d’autocritique et de remise en question, qui font avancer la pensée.
La troisième partie doit donc être autant que possible originale, certes, mais surtout audacieuse et pertinente. Elle montre ta finesse d’analyse et ta capacité à élaborer un axe tout à fait inédit qui n’était pas suggéré par ta problématique. En effet, si après avoir trouvé ta problématique, tes deux premières parties viennent assez naturellement, ta troisième partie est l’occasion d’apporter une touche totalement personnelle. La troisième partie sert à exprimer ta personnalité (car oui, c’est possible même à l’écrit !). Ici, la candidate a opté pour une note optimiste, qui a su séduire le correcteur, en développant l’idée selon laquelle, si l’épreuve du monde est difficile, elle n’est pas insurmontable.
Les sous-parties
Avancée de la pensée
Les sous-parties se succèdent de manière cohérente : leur ordre ne peut pas être changé. En effet, sous-partie après sous-partie, les idées s’enchainent de sorte que chaque morceau de dissertation s’articule logiquement. Les connecteurs logiques en début de chaque sous-partie témoignent de la progression de la pensée : « mais s’il s’agit de […] » ou encore « en effet […] ». Tes sous-parties ne doivent donc pas être juxtaposées les unes à la suite des autres : leur ordre doit encore être un indicateur de la pertinence de ta réflexion.
Pour rendre cela plus évident, la candidate reprend en quelques mots le sujet de la fin de la sous-partie précédente, et fait émerger de ce sujet le problème qui est discuté dans sous-partie qui suit. Par exemple, le I) b) à la fin de la sous-partie fait référence à Job, qui est un personnage biblique. La sous-partie suivante commence en évoquant la religion.
Connecter deux sous-parties grâce à un sujet qui chevauche ces dernières est une technique moins superficielle que celle d’utiliser des connecteurs logiques. N’hésite néanmoins pas à utiliser un grand nombre de connecteurs logiques : ils rendront ta dissertation plus claire.
Les références
Les références sont au nombre de deux à trois maximum par sous-partie. Il peut s’agir d’une oeuvre philosophique ou littéraire, d’un tableau, d’une sculpture, d’une gravure, d’un mythe, d’un passage biblique, ou encore d’un morceau de musique. Il est primordial d’avoir une large variété de types de références, et de savoir naviguer entre les époques. Tu peux même citer certains écrits géopolitiques ou économiques si cela est pertinent : tu ne manqueras pas de te démarquer.
Il est toutefois très important de citer quelques classiques (ici, Le père Goriot ou De la démocratie en Amérique), mais aussi quelques références moins courantes (Au nom de tous les miens, ou La confusion des sentiments ici).
Note que les références doivent absolument être bien analysées. En effet, ce ne sont pas de simple illustrations pour garnir la copie et étaler ta culture. Il s’agit au contraire de prendre appui sur tes références pour faire avancer ta réflexion. Tout au long de la copie, les références sont donc creusées et sans cesse questionnées : elles servent à amener de nouvelles idées. Se servir ainsi de tes références, sans te contenter de simplement les citer, est un excellent moyen de faire sortir ta copie du lot, de nombreux candidats décrivant simplement un passage d’oeuvre et s’en servant comme « illustration ».
Petit point rédaction
Lorsque tu écris tes sous-parties, tu es au coeur de la longue partie « rédaction » de ta dissertation. Cette étape peut être laborieuse, car le volume d’écriture est important. Or, la manière dont tu rédiges dit quelque chose de toi. Il est donc très important de la soigner.
Il faut ainsi prendre soin de faire des phrases courtes : elles ne devraient jamais dépasser trois lignes. Bannis les tournures farfelues et non-maitrisées. Il n’y a rien de pire pour un correcteur qu’un effet de style raté.
Ensuite, tente de soigner ton vocabulaire. Plus que des expressions longues et bizarres, un vocabulaire riche et précis sera valorisé. En effet, facile ne veut pas dire simple, compassion ne veut pas dire complaisance, superficiel ne veut pas dire artificiel, etc. ! Tu l’auras compris : les jurys sont très sensibles à ce genre de distinctions, qui sont un gage d’une très bonne maitrise de la langue, et d’une rigueur dans le choix des mots.
La conclusion
Celle-ci doit être assez brève. Il ne s’agit pas de résumer point par point ta dissertation : cela est inutile, et ennuyeux pour le lecteur. Comme dans cette copie, il faut que tu mettes en avant l’idée (la conclusion…) à laquelle tout ton raisonnement t’as mené.
La philosophie d’une dissertation est de ne pas avoir une idée totalement arrêtée et fermée à d’autres pistes de reflexion. Tu peux donc avoir une ouverture à la fin de cette conclusion, mais ce n’est pas obligatoire. Ici, il n’y en a pas réellement. Si tu manques de temps, tu peux faire comme dans cette copie, à savoir terminer sur une note personnelle — positive et optimiste ici — qui instaurera une forme de proximité entre ton correcteur et toi. Il vaut toujours mieux éviter de faire une ouverture si l’on a pas de bonne idée.
Evite enfin également de traiter en ouverture un pan du sujet : cela donnerait l’impression que tu as oublié de le faire en cours de route !
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