Ce mardi, Major-Prépa -Assia plus précisément- vous propose non pas une mais deux analyses du sujet de Culture Générale EM Lyon 2017.

Retrouvez la première analyse, qui comporte un plan de relativement classique, ici.

Pour le sujet, c’est par là : https://major-prepa.com/

Seconde analyse

 

Introduction

  • Sujet assez classique en somme, qui ressemble un peu à celui que vous avez eu pour Ecricome. On interroge la capacité de la parole à avoir un poids sur le réel : est-ce qu’un support immatériel si intangible (la parole) peut entraîner des conséquences matérielles aussi importantes qu’un événement ? On voit d’emblée une contradiction : comment la parole qui n’est pas un élément purement matériel pourrait être la cause d’un fait qui d’une part sort de l’ordinaire (donc matériel) mais qui en plus, peut être d’une grande ampleur historique ?
  • On souhaite savoir dans quelle mesure une parole en elle-même est un événement, constitue un événement pour elle-même. Et voir si, une parole peut-être à l’origine d’un fait qui constitue une rupture et plus encore, une rupture historique, en d’autre terme, un événement.
  • Quel type d’événement ? Historique, politique, social, économique, etc. Le terme d’événement n’est pas anodin, on nous ne demande pas si la parole est capable de générer des faits qui sortent de l’ordinaire, en fait, on nous demande bien plus : la parole est-elle capable de créer des faits d’une ampleur historique, qui change le cours de l’histoire ? C’est-à-dire, un fait capable de transformer l’Histoire, de telle sorte que celle-ci passe d’un état A à un état B, ce fait constitue une rupture au cours du temps. On pense tous bien évidemment aux discours historiques de grande ampleur : que ce soit l’appel du 18 juin de Charles de Gaulle, le discours d’André Malraux lors de la panthéonisation de Jean Moulin, etc.

 

Problématique : La parole peut-elle se suffir à elle-même et constituer un événement pour elle-même ou bien n’est-elle qu’un intermédiaire à l’action, qui elle, permet de faire événement ?

 

Plan

 

I) Un certain type de parole constitue en lui-même, intrinsèquement, un événement, c’est-à-dire être un fait qui sort de l’ordinaire dans la vie d’un individu, par exemple.

 

Dans cette partie, il faut simplement démontrer que la parole peut susciter des faits dans la vie privée, individuelle. C’est la thèse la plus simple à démontrer : que la parole produit des faits sans qu’ils ne soient d’envergure nationaux.

 

    1. L’engagement auprès de quelqu’un constitue un fait dans la vie d’un individu : il rompt avec le cours ordinaire de la vie
    2. La promesse que l’on fait : l’honneur peut-être en jeux, ce qui suppose que la parole en elle-même, celle que l’on donne à autrui, constitue un événement.

 

II) Or, la parole peut constituer un événement en un sens plus large : un événement historique à part entière. Certaines fonctions de la parole laissent à penser que la parole peut faire événement sous certaines conditions :

  • La parole performative : Austin, etc.

Il faudrait développer cette théorie, à l’aide d’exemple, pour montrer qu’il y a des conditions institutionnelles et politiques pour que la parole puisse créer quelque chose d’une aussi grande ampleur qu’un événement historique.

 

  • La parole : un pouvoir politique symbolique

On peut citer ici un ensemble de discours politique de grande ampleur, qui constituent en eux-même, un événement historique majeur. Il faut prendre le temps d’analyser l’exemple, même s’il est “mainstream”, c’est l’analyse que vous en faite qui compte. En l’occurrence, recontextualiser l’événement, pour comprendre pourquoi tel discours politique a pu être un événement (ou ne pas l’être sur le moment, et avoir été proclamé comme événement a posteriori)

  • On peut donc développer une partie sur la valorisation rétrospective de la parole en tant qu’événement : il peut y avoir une lecture rétrospective des paroles passées selon les intérêts idéologiques du présent. Cela pose donc la question du qui décide que la parole fasse événement ? C’est un choix a priori subjectif, et qui donc, peut être instrumentalisé. Je vous laisse chercher d’innombrables exemples en la matière pour illustrer cette thèse.

III) La parole est un moyen pour que l’évènement ait lieu, mais le moyen ne suffit pas : il faut qu’il y ait action, une cause matérielle tangible, pour qu’il y ait événement.

Dommage que je n’ai pas pu vous écrire un article plus tôt sur ce passage ô combien pertinent pour votre thème ! Je vous résume brièvement cela, puisque le sujet de la capacité de la parole à avoir des effets sur le réel (plus ou moins forts) intéresse les correcteurs.

Contextualisons l’ouvrage. S.Weil écrit cet ouvrage durant la Seconde Guerre Mondial, publié posthume en 1949, elle constate la défaite de la France et le déracinement profond que vivent les Français à cette période de ce fait. Elle explique que les Français, pour s’enraciner, ont besoin d’une inspiration (qu’elle définit au chapitre précédent, pour les plus curieux, je vous invite à lire le livre après vos concours !). Cette inspiration est vitale à la renaissance du peuple Français sur la scène international et pour lui-même, en tant que puissance politique.

Elle explique que la parole est un moyen d’insuffler cette inspiration, ce qui constituerait un événement historique de grande ampleur. Elle distingue deux fonctions de la parole :

a) Une fonction qui active une transformation intérieure dans l’individu

Elle explique que nous avons tous des pensées intérieures au fond de nous, non formulées distinctement, mais qui, dès qu’elles sont prononcées par un être pour qui l’on a de l’affection, ont une force décuplée sur nous.

b) Une fonction nourricière de la parole, qui répond à un besoin intérieur (conscient ou non) non formulé. Cette parole procure énergie, réconfort.

Selon elle, dans des situations de drame public (défaite de la France lors de la guerre et déracinement des Français), ces paroles fournissent la possibilité d’action pour le peuple français, ce qui en dernière instance, constitue un événement de grande ampleur, c’est-à-dire, le renouveau du génie français.

Seul le mouvement français à Londres de libération peut avoir la légitimité de prononcer de telle parole, en vertu de tous les sacrifices qu’ils ont vécus pour la France et de leur fidélité au pays. Eux seuls, ont une autorité spirituelle nécessaire pour que ces paroles puissent être prononcées, ce qui assure l’action politique nécessaire à la félicité de la France.

Un langage qui tire son autorité, non pas d’une puissance qui a été anéantie par la défaite, ni d’une gloire, qui a été effacée par la honte, mais d’abord d’une élévation de la pensée qui soit à la mesure de la tragédie présente, ensuite d’une tradition spirituelle gravée au coeur des peuples.”

 

C’est pourquoi, pour S.Weil, en dernière instance, ce sont les actions qui constituent un événement historique majeur, les paroles ne sont que les mobiles de ces actions et ne forment pas, eux, un événement.

 

  • Théorie marxiste


Dans l’histoire classique, ce sont les décisions politiques (que l’on peut “ramener” à de la parole moyennant un petit glissement) qui font l’histoire. Marx montre au contraire qu’il y a toute une généalogie qui précède ces décisions politiques, et que leurs causes ultimes sont matérielles.