analyse culture générale Excelia 2021

L’épreuve de culture générale Excelia ouvre les festivités pour le concours BCE 2021 en filière ECT ! C’est une épreuve très importante pour cette filière. Tu pourras retrouver sur cette page l’analyse du sujet, peu après ta sortie de l’épreuve ! Retrouve le sujet ici.

Plus que jamais, Major-Prépa t’accompagne tout au long des concours. Retrouve le Live Inside Concours à midi et à 18h30 tout au long des concours BCE. Le lien de l’Inside Concours de ce jour :

Analyse du sujet

Le sujet peut paraître surprenant à première vue : il part de deux présupposés qu’il convient d’explorer de façon liminaire : 

  • 1er présupposé : “nous” sommes différents de l’animal. 
  • 2e présupposé : nous devons quelque chose à l’animal. 

Il est donc important, dans un premier temps de l’analyse, de s’interroger sur la légitimité de ces présupposés. Suis-je significativement différent de l’animal ? A première vue, le sujet ne pose pas la question de définition de l’animal à laquelle on aurait pu s’attendre. Pourtant, s’attarder sur ce premier présupposé montre que la question de la différence de nature entre homme et animal doit être traitée. 

Si “nous” sommes effectivement différents de l’animal, au nom de quoi lui devons-nous quelque chose ? D’où viendrait cette obligation et quelle serait sa nature ? S’agit-il d’une obligation morale, ou d’un constat pragmatique (c’est grâce au bétail que je peux me nourrir…) ? 

Cette seconde réflexion fait émerger un point-clé : la polysémie des termes du sujet. Comme pour tout sujet de dissertation, il faut prendre le temps, au brouillon, de définir chaque terme du sujet et d’en explorer les différents sens possibles. Pour ce sujet, prendre en compte la polysémie possible des termes du sujet est particulièrement important. 

Les termes du sujet

“Que” : Ce terme est le cœur de la question. On peut se demander de façon liminaire quelle peut être la nature de ce que l’on doit. Ce que l’on doit à l’animal est-il matériel : je dois fournir aux animaux qui me servent un abri, des soins, de quoi manger ? Le contenu de ce devoir est-il au contraire de nature morale : je dois à tout animal, quel qu’il soit, respect ou bienveillance en raison de sa nature ? 

“Devons” : Le verbe peut avoir plusieurs significations. On peut notamment devoir quelque chose à quelqu’un en échange d’une chose reçue, ou en vertu d’une obligation. Distinguons trois définitions : 

  • Avoir à payer une redevance en compensation d’une dette, de quelque chose reçu (exemple : Je lui dois trois euros). 
  • Être tributaire d’une chose en compensation d’un dommage causé 
  • Être redevable d’une chose que l’on a reçu par l’action de quelqu’un (exemple : Je lui dois la vie). 

«Nous» : le «nous» invite ici à se poser la question de la distinction entre l’humain et l’animal. Ce “nous” fait-il partie de l’ensemble représenté par le terme “animal» ou en est-il exclu ? S’il en fait partie, la problématique peut aussi demander ce que «nous» devons à l’homme, parmi les autres animaux. Dans tous les cas, il convient de se poser la question de la délimitation de l’ensemble «nous”. 

«L’animal» : A nouveau, le terme est ambigu. Il peut renvoyer aux «animaux», que l’homme a en partie assujettis, dans leur diversité, auxquels on doit certains produits alimentaires, textiles, certains travaux agricoles, voire certains modes de divertissement (corrida, cirque…). Mais l’expression «l’animal» peut aussi être un adjectif substantivé, renvoyant à la partie physique et instinctive de l’homme, par opposition à sa partie spirituelle proprement humaine. Il s’agirait alors de savoir ce que nous devons à la partie de l’homme qui est partagée avec l’animal. «L’animal» peut enfin désigner l’ensemble du règne animal dans sa totalité, comme composante du monde avec laquelle l’homme entre en relation. Ce dernier terme appelle une définition précise. Afin de parvenir à cette définition, il est intéressant d’opposer le terme “animal” à d’autres termes, notamment «humain», mais également «végétal» et «minéral», afin d’examiner la différence de nature entre le monde animal et le monde inerte, celui des objets. 

Quelques pistes de réflexion

Le sujet invite naturellement à se poser la question de l’héritage légué par l’animal à l’homme, et ce en quoi l’homme s’en émancipe. Les deux premières parties de la réflexion peuvent donc être structurées autour de cette question, qui a historiquement reçu des réponses opposées. 

La première partie peut être l’occasion de lister les différentes redevances dont l’homme est tributaire. C’est l’occasion de revenir sur les analyses darwiniennes qui font de l’homme un produit de l’évolution animale, ainsi que sur les réflexions aristotéliciennes qui associent l’homme à un animal doté de caractéristiques supplémentaires, notamment le fait d’être un zoon politikon. Dans une troisième sous-partie, on peut explorer ce que notre partie animale nous apporte par opposition à notre partie spirituelle : de la jouissance sensuelle à l’instinct de survie, nous devons à notre animalité notre incarnation physique comme notre fonctionnement biologique. 

Une deuxième partie peut être l’occasion de réfuter cette première partie en affirmant que nous ne “devons” rien à l’animal. On distingue principalement deux approches à ce sujet. D’une part, l’homme, chose pensante, serait de nature significativement différente de celle de l’animal, notamment par sa relation à lui-même et la façon dont il se projette dans le monde. On peut invoquer ici Descartes et Heidegger. D’autre part, pour réconcilier davantage cette partie avec la première, une autre sous-partie peut défendre que l’homme s’est en fait émancipé de l’animal, si bien qu’il ne lui doit désormais plus grand chose (Bimbenet). 

La troisième partie peut alors avoir une portée plus éthique. Cette troisième réponse apportée au sujet permet d’évacuer la question de la différence de nature entre l’homme et l’animal, en affirmant que peu importe que l’héritage de l’animal pour l’homme soit significatif, le rapport de l’homme à l’animal est structuré par des impératifs éthiques et moraux. C’est l’occasion d’invoquer Bentham, Singer et Regan afin de définir les obligations que cette approche morale nous impose. Il est aussi opportun de distinguer ce que l’on doit à l’animal par rapport aux obligations qui nous rattachent au monde végétal, voire minéral. Leur doit-on les mêmes choses ? 

Enfin, il est intéressant de se demander la façon dont l’existence de l’animal transforme notre rapport au monde : l’animal, en introduisant dans le monde un «autre que l’homme» capable de ressentir la souffrance, n’invite-t-il pas l’homme à repenser ce rapport au monde et à s’émanciper d’une vision «utilitariste» du monde ? N’est-ce pas aussi la capacité de l’homme à transformer durablement et même détruire son environnement, partagé avec l’animal, qui le rend redevable envers l’animal ? Une dernière sous-partie à ce sujet serait l’occasion d’étudier le rapport de ce «nous» à l’homme comme espèce animale, à l’aide du Principe responsabilité de Hans Jonas, qui décrit ce que l’homme, capable désormais grâce à la technique de transformer durablement la nature humaine elle-même, doit finalement à l’Homme lui-même.

Tu peux retrouver toutes les informations relatives au concours BCE dans notre rubrique Inside Concours BCE 2021.