analyse culture générale HEC/emlyon 2021

L’épreuve de culture générale HEC est une épreuve phare et redoutée du concours BCE. Cette année, le thème général était “l’animal”. Dans cet article, retrouve l’analyse de Major Prépa du sujet de culture générale HEC pour la BCE 2021 !

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Notre proposition d’analyse du sujet :

Analyse des termes et problématisation

Le sujet « dire l’animal » était assez déconcertant, mais il ne fallait pas se laisser dérouter et engager une analyse pertinente. Il comporte deux notions à la fois importantes et connues : celle de l’animal, bien sûr, et celle du langage. Il est de la forme « dire quelque chose », comme dans l’expression « dire sa douleur » par exemple. On pouvait le comprendre de deux manières fondamentales différentes : premièrement, au sens où l’animal est la chose dont on parle ; secondement, au sens où « l’animal », entre guillemets, est l’expression prononcée. Le premier sens est plus intéressant à travailler, parce qu’il porte sur le rapport entre la chose et le langage, tandis que le second se focalise sur l’expression linguistique.

On notera ce que le sujet présupposait ou suggérait implicitement, et qu’on pouvait questionner. On peut considérer que l’expression « dire l’animal » évoque l’idée que l’animal ne peut pas se dire lui-même, et que son existence n’est exprimée dans le langage que par un autre que lui. Il est donc suggéré que cet autre est l’homme, qui, pense-t-on, se distingue de lui notamment en ce qu’il possède seul la parole. Elle implique également que l’animal n’est que l’objet du discours, et non l’interlocuteur, celui avec lequel on parle. Elle évoque donc l’idée que ce sont les hommes qui parlent entre eux de l’animal.

Il est nécessaire de s’appesantir sur le sens du terme « dire ». Tout d’abord, on pouvait distinguer l’écrit et l’oral. On pouvait ensuite penser à plusieurs termes voisins ou synonymes, à employer au moment opportun : décrire, exprimer, éventuellement raconter ou célébrer (comme dans « dire une messe »). On pouvait aussi penser aux termes opposés : dire s’oppose à écouter.

Mais au sens très général, dire est une action linguistique qui consiste à transmettre un message concernant un objet, et qui appelle éventuellement une réponse (qui demeure dans la sphère du langage) ou une action (dans la sphère pratique). Elle implique un locuteur, qui transmet le message, et un interlocuteur, qui le reçoit.

Ici, il s’agit de transmettre un message concernant « l’animal ». L’expression « l’animal » implique qu’il s’agit ici plutôt du règne animal dans son ensemble, et non d’un ou des animaux particuliers (par exemple telle espèce, ou mon animal de compagnie).

On peut donc s’interroger sur la nature du message qui porte sur cet être qu’est l’animal en général : est-ce une information de type scientifique ? « Dire » s’apparente alors à « décrire » (la nature, les propriétés). Est-ce une tentative de saisir la vie intérieure et affective de l’animal ? « Dire » s’apparente alors à « exprimer ».

Il faut également s’interroger sur l’intention du locuteur : ses fins sont-elles celles de la connaissance ? Ou celle du pouvoir, au sens où la description scientifique de l’animal permet de mieux le maîtriser ? Ou bien sont-elles de nature morale, au sens où la compréhension de l’animal permettrait de bien agir à son égard ?

Enfin, si ce message appelle une réponse, on peut se demander quel moyen permet de susciter efficacement la réponse attendue. Le discours sur l’animal, pour produire ses effets, doit-il être de nature scientifique, artistique ou autre ?

On pouvait donc, parmi d’autres possibilités, traiter la problématique suivante : Quels sont nos instruments pour dire adéquatement l’animal ?

 

Proposition de plan

PARTIE – I : Le discours scientifique sur l’animal

1 Une description mécaniste

Dans la perspective cartésienne, la description adéquate de l’animal est scientifique, et elle consiste à le réduire à ses propriétés mécaniques : c’est la théorie de l’animal machine.

2 Raconter l’animal

Mais l’animal n’est pas qu’une machine fixe et déterminée. Pour le décrire correctement, il faut en réalité faire son histoire, c’est-à-dire raconter son évolution. Raconter l’animal, comme l’a fait Darwin, revient à montrer que le règne animal est l’histoire d’animaux qui deviennent d’autres animaux.

3 Discours sur l’animal et pouvoir sur l’animal

Dans la Bible, Dieu donne à l’homme le pouvoir sur l’animal. Ce pouvoir est étroitement lié à la capacité d’imposer un nom aux différentes espèces. On peut donc se demander si la description scientifique de l’animal qui caractérise l’époque moderne n’est pas, en dernière analyse, réductible à l’intention de dominer l’animal.

Transition : deux choses semblent faire problème avec la description scientifique de l’animal : la première est qu’elle demeure une description purement extérieure ; la seconde, qu’elle semble liée à un objectif de domination qu’on peut questionner.

 

PARTIE II – L’indicibilité de l’animal

1 L’indicibilité de la vie intérieure de l’animal

La description scientifique de l’animal ne nous informe que sur ce qu’on peut en connaître de l’extérieur. Mais elle est impuissante à nous dire ce qu’est l’animal en première personne. C’est ce que montre Nagel en affirmant que la conscience d’une chauve-souris nous est inaccessible.

2 Discours scientifique et rapport faussé à l’animal : la question de la sensibilité

Le discours scientifique, en réduisant l’animal à un objet sans conscience ou en négligeant la description de sa vie intérieure, nous encourage donc à un rapport faussé à l’animal, à un rapport strictement cognitif et extérieur. Il nous cache la vie intérieure de l’animal, qui pourtant, comme le montre Bentham, est cruciale du point de vue moral : la sensibilité des animaux est, moralement, un élément central de leur existence.

Transition : nous venons de voir que le discours scientifique était un discours partiel et partial sur l’animal. Il ne fait que le décrire objectivement, oubliant qu’il est un sujet sensible. Il faut donc chercher un autre type de discours sur l’animal, qui puisse parvenir à l’expression de son intériorité. L’art semble être le candidat idéal à cet égard.

 

PARTIE III – L’art de dire autrement l’animal

1 Utiliser les animaux pour parler des hommes

Il faut commencer par dissiper un malentendu : toute œuvre artistique mettant les animaux en avant n’est pas forcément une œuvre artistique visant à une meilleure description de l’être animal. Ainsi, La Fontaine le dit lui-même dans son célèbre alexandrin : « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». Il faut écarter les discours artistiques qui se servent uniquement des animaux comme de symboles ou de métaphores pour parler des hommes. Ces œuvres perpétuent la perspective anthropocentrique qui existe dans le discours scientifique.

2 Dire l’intériorité de l’animal

Mais il existe un discours artistique plus authentique sur l’animal : ainsi les sculptures de Brancusi, qui cherche à exprimer l’essence d’une espèce avec un minimum de moyens matériels, ou bien les romans de Jack London comme L’Appel de la forêt, qui raconte la vie d’un animal du point de vue subjectif.

3 Parler avec l’animal plutôt que de lui ?

Toutefois, l’œuvre artistique demeure anthropocentrique au sens où elle est une production humaine. L’animal y demeure l’être sans voix dont l’homme est le porte-parole. Plutôt que de chercher à dire l’animal, fût-ce adéquatement, on pourrait s’ouvrir à une autre manière de faire. Plutôt que de dire l’animal à nos semblables humains, on peut engager un dialogue direct avec l’animal en lui reconnaissant, avec Montaigne, la faculté de s’exprimer lui-même. C’est ce dialogue profond avec l’animal que met en scène le film Okja racontant l’amitié entre un cochon et une jeune Coréenne.

Tu peux retrouver le sujet de culture générale HEC/emlyon ici !

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