On limite souvent trop vite le concept de monde à quelque chose de mesurable, d’observable et de palpable ; pourtant, penser le monde nous invite également à interroger le monde mort, le monde vivant et le monde à naître.

Ainsi, nous allons te montrer dans cet article que la dimension spatio-temporelle est absolument indispensable pour obtenir une analyse pertinente et originale du concept de monde. Pour ce faire, nous nous appuierons sur le livre Où va le monde d’Edgar Morin.

Qui est Edgar Morin ?

Né en 1921 à Paris, Edgar Morin est un sociologue et philosophe français. Il est considéré comme l’un des penseurs les plus originaux de notre époque. Son influence intellectuelle et morale s’exerce bien au-delà de l’Hexagone. Rompant avec les approches réductrices, les six tomes de son œuvre majeure La Méthode (1977-2004)  nous fournissent des outils pour appréhender le réel dans toute sa complexité, à commencer par le réel humain.

Pourquoi s’intéresser à Où va le monde pour traiter le programme

Pour plusieurs raisons.

La première est son approche du monde. Il n’est ni complètement philosophe dans ce livre, ni complètement sociologue, et encore moins historien. Ainsi, ce qui est remarquable chez cet auteur et dans cette œuvre, c’est qu’il arrive à croiser plusieurs champs disciplinaires pour obtenir une connaissance plus précise, et surtout, plus pertinente. Le lire permet donc d’avoir un regard profond sur le monde et sur la manière dont il est pensé.

La deuxième raison pour laquelle le livre de Morin est fascinant, c’est par son concept de temporalité. Il ne se contente pas de distinguer le monde selon que l’on se place dans le présent, le passé et le futur : il parle de l’interdépendance entre ces trois dimensions. Il va même plus loin et critique l’idée qu’on se fait du passé, du présent et du futur.

La dernière raison est qu’il apporte, ce qui est assez rare pour être souligné, un regard philosophique sur les débats économiques, historiques et géopolitiques. Cela te permettra de réutiliser tes cours d’éco ou de géopolitique en dissertation, en toute légitimité philosophique.

L’interdépendance entre passé, présent et futur

Dès les premières pages de son livre, Edgar Morin déplore le fait qu’à une époque, le passé était archiconnu, le présent était évidemment connu, et l’avenir était forgé dans et par le développement des tendances dominantes de l’économie, de la technique ou encore de la science. Cette conception simpliste suppose que passé et présent sont connus, que les facteurs d’évolution sont connus, que la causalité est linéaire, et, par-là, que le futur est prédictible.

Or, le futur naît du présent. En effet, la connaissance du présent est nécessaire pour la connaissance du futur, laquelle est nécessaire pour la connaissance du présent.

Il nous faut donc considérer la boucle passé/présent/futur en prenant en compte le sens des complexités propres à l’évolution historique. Prévoir consiste alors à explorer le sens des tourbillonnements du présent. Il ne s’agit plus de vouloir contrôler le futur : il s’agit de veiller et guetter dans et avec l’incertitude.

Le siècle des crises

Dans la suite de son livre, l’auteur explore plusieurs époques et moments forts de l’histoire du monde. Son constat est sans appel : notre monde ne cesse d’être violent, marqué d’insurrections et de répressions. À le lire, nous sommes dans un devenir où la crise nous apparaît non pas comme un accident dans nos sociétés, mais comme leur mode d’être.

Il analyse ensuite la croissance économique, qui semblait à première vue déterminer le développement économique qui lui, déterminait le développement social et individuel. Toutefois, cette idée de progrès est en fait métaphysique, dans le sens littéral où elle ignore la loi, ou plutôt l’anti-loi physique fondamentale.

Nous sommes en effet dans un monde où joue un principe d’agitation, de dispersion, de désordre. Au fond, tout organisme vit non seulement de la vie, mais aussi de la mort (le renouvellement) de ses cellules. Ainsi, toute société vit, non seulement de la vie, mais aussi de la mort de ses individus; il n’y a ni progrès définitivement acquis, ni progrès qui n’est que progrès, et encore moins de progrès sans ombre.

L’âge de fer planétaire

Dans la dernière partie de son livre, le sociologue, quelque peu pessimiste, revient successivement sur le XIXe et le XXe siècle.

Selon lui, le XIXe siècle aurait lancé au monde l’idée de nation, et le XXe siècle l’idée de nation socialiste. Néanmoins, les États-nations sont, pour reprendre ses mots, des “monstres paranoïdes”, qui considèrent comme ennemi le voisin, et comme suspect leur ressortissant. C’est bien des États-nations que vient la menace suprême qui pèse et sur les individus en tant qu’individus (l’aliénation totalitaire), et sur l’humanité en tant qu’humanité (l’anéantissement total).

Ce constat lui permit d’introduire la notion d’âge de fer planétaire. Ainsi, c’est dans le nouvel âge de fer qu’il faut prévoir notre avenir, européen et local d’abord, puis l’avenir de la civilisation, l’avenir du monde.

Cependant, il semble que l’humanité ne peut éviter le chaos. La question est de savoir si ce sera un petit chaos, avec des guerres certes, mais locales, des convulsions, mais temporaires, des régressions, mais non généralisées, ou un grand chaos, une déflagration en chaîne pouvant même aller jusqu’à l’anéantissement.

En réalité, nous sommes donc dans un monde qui vit, titube, au jour le jour. Peut-être tout est-il déjà joué, mais nous ne le saurons que bien plus tard…

Conclusion

Nous t’avons donc présenté dans cet article un ouvrage d’Edgar Morin où il présente sa vision sur le monde et la complexité et absurdité intrinsèques à l’Histoire de l’humanité.

Penser le monde nous invite ainsi à voyager dans plusieurs champs disciplinaires, et ce livre nous a montré qu’on peut élargir notre conception du monde.  Nous espérons donc qu’Où va le monde inspirera tes prochaines dissertations.