Vassily Kandinsky (1866 – 1944) est un peintre et théoricien russe. Il est notamment reconnu comme étant l’inventeur de l’art abstrait. Nous allons ici te présenter brièvement son oeuvre, dans la perspective du thème au programme “Le monde”.

L’invention de l’abstraction

Kandinsky est considéré comme l’inventeur de l’abstraction : en effet, ses représentations vont petit à petit s’opposer au courant figuratif. Les références au réel seront de plus en plus floues, et de moins en moins concrètes.

Il faut situer cette évolution dans le contexte scientifique de l’époque. A la fin du XIXème siècle, le principe d’indivisibilité de l’atome est contredit expérimentalement : cela remet en cause la confiance en la science, sa vision du monde et surtout, sa conception de la réalité. C’est pourquoi le travail de Kandinsky va désormais s’orienter vers la recherche à travers les formes géométriques et les couleurs.

Son œuvre est parcourue par une effusion spirituelle. Il insiste sur l’effet psychologique que peuvent avoir les couleurs sur l’âme humaine. Cette sonorité intérieure est vectrice de la multiplicité du monde et des perspectives offertes par la création abstraite. La couleur peut ainsi être utilisée comme une réalité autonome et indépendante de la description visuelle, de la réalité d’un objet. C’est la multiplicité des formes géométriques, des couleurs, des lignes et des courbes qui permet ainsi de conceptualiser le monde.

Jaune-Rouge-Bleu, une interprétation du monde

Huile sur toile (1925) de Vassily Kandinsky. Musée National d’Art Moderne, Paris, France. Donation Nina Kandinsy.

Cette toile mythique, qui date de 1925, est reconnue comme un des plus grands chefs d’œuvre de Vassily Kandinsky. Elle est rectangulaire, et ses dimensions (128 x 201,5 cm) évoquent la « divine proportion », puisqu’elles sont proches du nombre d’or.

Elle est divisée en deux parties, qui s’opposent et se répondent : A gauche, des lignes et des formes géométriques ; A droite, les formes sont plus libres. Les couleurs primaires et leurs nuances articulent la composition. Le tout apparait alors comme la preuve de la création d’un monde à partir d’éléments de base.

Cette rigueur géométrique laisse les couleurs parler d’elles-mêmes, tout en offrant une part de libre interprétation aux spectateurs. Cependant, il est essentiel de garder certaines inspirations et références en tête. Par exemple, la naissance du rouge est retranscrite à travers l’intensification du jaune et du bleu. Cette composition est la représentation sur toile d’une théorie de Goethe, issue du Traité des couleurs.

Une rencontre équilibrée

Comme une rencontre entre le jour et la nuit, comme un rendez-vous entre la lune et le soleil, comme un duel entre la vie et la mort, les deux parties sont complémentaires. Ensemble, elles réunissent et forment donc le monde sous ses divers aspects :

  • A gauche, nous retrouvons un jaune, agressif, presque brûlant, qui rappelle le soleil. Le tout est accompagné de formes obliques et de longues lignes droites évoquant les rayons de l’astre ;
  • Quant à l’espace de droite, l’ambiance se rapproche du rêve, de la nuit ou encore de l’obscurité ; les formes y sont certes plus libres, mais elles demeurent condensées ; ainsi, elles se chevauchent. Le tableau est équilibré.

Le spectateur n’a aucun mal à s’imaginer que la toile existe au-delà de la toile : elle pourrait très bien continuer et déborder. C’est encore une fois l’ouverture du champ des possibles, qui montre que les possibilités de création et de définition d’un nouveau monde ne peuvent être limitées.

Cette œuvre est symptomatique de la libération du réel, que Kandinksy a su réaliser au fil du temps, d’où son manifeste qu’il formule ainsi :

« Créer une œuvre, c’est créer un monde ».

Le monde que l’artiste peut créer connait une infinité de combinaisons, tout comme celles qui unissent les formes et les couleurs. Ce monde n’est pas une représentation du réel, mais une création unique. Il ne faut pas se limiter au monde, il faut le dépasser, le diversifier tout en cernant son aspect spirituel et mystique. Il y a, pour la première fois, une dissociation entre la peinture et le sujet.

Ses œuvres sont ainsi un ensemble de mondes à parcourir, de nombreuses animations permettent de leur donner de la perspective.

Conclusion

  • Kandinsky est comme un compositeur : les formes et couleurs qu’il crée répondent à des tonalités, il cherche ainsi à créer une symphonie picturale – un monde comme totalité –, qui laisse le spectateur s’envoler pour mieux cerner ce qui l’entoure.
  • Le monde crée n’est pas à l’image du réel ; au contraire, il écrit qu’il ne répond qu’à « la nécessité interne au tableau ».
  • Selon l’artiste, il ne faut pas se borner à voir la nature : il faut la vivre. C’est ce qui doit ressortir de ses créations ; il faut s’y impliquer.