Qu’est que le Pop art ?
Le mouvement Pop Art est un courant artistique proche du style publicitaire, qui s’inscrit dans l’avènement de la société capitaliste. Il naît au milieu des années cinquante en Grande-Bretagne, alors que l’American way of life et l’idée de rêve américain commencent à se répandre un peu partout, et particulièrement en Europe. C’est alors que des artistes anglo-saxons comme David Hockney, Andy Warhol ou encore Roy Lichtenstein imposent une nouvelle vision du monde.
Le Pop art s’inscrit dans le contexte de l’après-guerre, durant lequel la classe moyenne émerge. Grâce à la paix et à des années de prospérité, les masses ont désormais accès à la consommation : cela mène à la transformation du monde, mais aussi à sa remise en question.
Une représentation du quotidien
Ce mouvement artistique se caractérise par une utilisation de matériaux du quotidien : voiture, bandes dessinées, emballages de produits ménagers…
Cependant, la représentation du monde à travers la vie quotidienne n’est pas un phénomène inédit. La retranscription de la vie paysanne, puis l’irruption d’objets ordinaires, de journaux et de publicité témoigne de cette arrivée progressive dans le paysage pictural ; ce qui est novateur, c’est cette surreprésentation et cette surutilisation de ces artefacts, qui prédit déjà la remise en question de notre manière de vivre, de consommer et surtout de percevoir le monde.
Le courant s’inspire des origines populaires, industrielles et commerciales, à travers la publicité et la culture de la consommation de masse. L’utilisation de symboles très connus, comme des logos de marques internationales par exemple, permet de toucher une nouvelle audience : la classe moyenne. Alors que les ménages aux revenues modestes ont accès à la consommation, ils ont également la possibilité de jouir d’un art nouveau, qui cherche à transgresser les barrières, et surtout, à s’éloigner d’une culture élitiste.
Une remise en question du monde
L’ensemble des règles du monde de l’art sont est remis en question. Le Pop art est dédié à un culte du présent : indifférent face à l’Histoire, il se détache d’une époque révolue. En effet, le monde connaît un profond changement ; celui qui adviendra n’aura plus rien à voir avec les préceptes que nous avons pu connaitre auparavant. L’émancipation des traditions et des codes artistiques se fait à travers la production d’objets en masse, afin de toucher une audience plus large.
Ainsi, l’oeuvre se fond dans la masse. On observe une ambivalence entre l’objet ordinaire qui est représenté, et l’œuvre, qui tend à devenir un objet quelconque. Or, dans l’imaginaire artistique, la valeur d’une œuvre dépend aussi de sa singularité : ainsi, nous assistons à la désacralisation de la création artistique. Le mouvement a été grandement critiqué pour avoir ainsi remis en cause l’unicité de l’œuvre ; et Andy Warhol ne se gêne pas pour reproduire par dizaines, voire par centaines, ses œuvres.
« Le Pop art est populaire, éphémère, consommable, bon marché, fabriqué en série, jeune, spirituel, érotique, fantaisiste, glamour et lucratif ».
- Richard Hamilton, pionnier du Pop Art anglais.
Le mouvement est pluriel, mais il reste attaché à une chose : la société de consommation, ou le monde de l’abondance. Celle-ci est aussi idolâtrée que critiquée ; preuve qu’elle représente un tournant pour le monde et pour l’humanité qui le compose.
Deux oeuvres pour définir le Monde
Andy Warhol
Figure incontournable de ce mouvement, Andy Warhol est considéré comme le pape du Pop.
Ses sérigraphies célèbrent le culte de la banalité tout en critiquant un monde obnubilé par le spectacle, fier de sa prétendue réussite. Symptomatique de son œuvre, la répétition tend à rappeler les linéaires des rayons de supermarchés. La série est ce qui caractérise notre monde.
« Je veux être une machine »
Le monde et la vision que le spectateur a de celui-ci sont plus que jamais au centre d’un courant artistique. La notion d’usinage est elle aussi essentielle : Warhol travaille à la Factory, il produit en série, parfois à la chaine avec certains assistants, et il est habité par ce besoin d’abondance.
Campbell’s Soup Cans (1962)
En 1962, Warhol expose 32 posters représentant des boîtes de conserves de la marque Campbell’s. Les posters sont alignés comme dans les rayons d’un supermarché. Cette réalisation marquera les esprits, et reste une œuvre incontournable de l’artiste.
Pour justifier son inspiration, il insiste sur le fait que sa mère en possédait, et qu’il reste friand de ces soupes.
L’exposition n’est pas un très grand succès : elle passe d’abord inaperçue, avant de faire scandale. Ses détracteurs lui reprochent de transformer une visite dans un musée en une simple déambulation dans un supermarché.
Le message caché derrière ces boîtes reste relativement mystérieux, puisque les interprétations sont diverses, et que Warhol n’a jamais apporté de réponse concrète. Nombreux sont les spectateurs qui décèlent une critique subversive voire marxiste du capitalisme américain.
Ce qui est certain, c’est que ces œuvres sont le pur produit du monde consumériste, et que le pop art est symptomatique de la transformation du monde. Une des intentions primaires du mouvement est en effet d’attirer l’attention sur son travail tout en mettant en lumière le changement en cours. Pour conclure, Andy Warhol déclare que « toutes les choses ont leur beauté, mais tout le monde ne sait pas les voir ».
César
César est un sculpteur, catégorisé non pas comme un pop artiste, mais comme un nouveau réaliste, souvent considéré comme l’équivalent du Pop art français. La spécificité de ce courant repose en partie sur la non-exaltation de l’objet de consommation. En effet, les nouveaux réalistes comme César se tournent vers le recyclage des déchets, afin de les utiliser comme matériaux.
Ainsi, dès 1959, César utilise une presse hydraulique pour compresser des épaves de voitures. A travers ses œuvres volumineuses (paradoxalement très réduite vis-à-vis du matériau), l’artiste pousse le spectateur à redécouvrir l’automobile en utilisant des carcasses récupérées dans des casses. Par la suite, le public est invité à redécouvrir l’ensemble des objets du quotidien, pour enfin redécouvrir son monde.
Encore une fois, les œuvres font scandale. D’abord, parce que certains considèrent que César n’a pas touché à ses œuvres, puisque la presse hydraulique réalise le travail à sa place. Mais aussi parce que le résultat est aléatoire, et dépend d’une machine, qui n’a rien à voir avec la création artistique grand public. Mais César se défend :
« L’objet exposé à une valeur en soi indiscutable, une valeur de beauté positive »
Pour résumer
- Le Pop art s’inscrit dans un contexte précis : la prospérité d’après-guerre. Encore une fois, nous constatons que l’art est en adéquation avec son temps, avec le monde qui le voit grandir. C’est pour cette raison qu’il est pertinent d’enrichir une copie, avec des références picturales par exemple.
- Ce mouvement remet en question certains fondamentaux de l’art, à commencer par l’unicité de l’œuvre. La société de consommation pousse les artistes à reconsidérer l’ensemble de l’univers artistique, symptôme d’un monde en plein changement.
- L’œuvre d’art se rapproche d’un objet consommable, le musée d’une épicerie : c’est la remise en question de la perception de l’œuvre sacrée, du monde de l’art, et du monde capitaliste.