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Les biens publics mondiaux (BPM) sont des biens ou des services dont les caractéristiques inhérentes en matière de non-exclusion et de non-rivalité rendent difficile l’établissement de droits de propriété ou d’usage. Excluant ainsi la possibilité de rentabiliser sur un marché les efforts de production ou de conservation.

Le concept

Le concept est relativement nouveau, car il est apparu en 1990. Son apparition est d’ailleurs corrélée avec un problème croissant : l’individualisation de l’économie.

Il est important de noter qu’aucun individu ne peut être exclu de l’utilisation ou de la consommation d’un BPM. Concernant ceux qui sont produits par la nature, ils sont menacés de surconsommation car, bien qu’ils soient d’intérêt collectif, chaque individu se privilégie et se sert allègrement. Il est donc urgent de mettre en place des mesures de protection collective des BPM pour assurer leur existence de demain.

Les différents types de biens publics mondiaux

Ceux à « maillon faible » : la quantité de biens produits est limitée par la contribution la plus faible, soit par le pays qui met à disposition moins de ressources que les autres pour un même projet. 

Exemple : la lutte contre la Covid-19. Il suffit qu’un seul pays ne puisse pas ou ne veuille pas fournir d’efforts pour réduire à néant l’impact des mesures prises par les autres pays.

Les « best shot » : leur niveau de production est déterminé par la contribution la plus élevée.

Exemple : la recherche d’un vaccin contre le VIH. L’impact des efforts de recherche est considérablement renforcé si les moyens sont centralisés et coordonnés, plutôt que si chaque pays investit unilatéralement dans son propre dispositif de recherche.

Il existe aussi des pays dits « joueurs » qui sont essentiels, car ils produisent un type de bien particulier du fait de leur spécialisation et/ou de leur localisation. 

Exemple : le Brésil comprend 6,7 millions de km² de l’Amazonie. Il est donc le seul pays à pouvoir fournir des services écosystémiques globaux, comme l’absorption des gaz à effet de serre, la sauvegarde de la biodiversité ou encore la régulation du climat (cf. polémiques avec la gestion de Bolsonaro 2019-2023).

Les biens publics mondiaux nécessitent donc un effort international et permettent d’améliorer les conditions de vie de la totalité des populations.

Pourquoi produire des biens publics mondiaux ?

Les BPM sont essentiels au bien-être social et au bon fonctionnement des sociétés. Ils contribuent à satisfaire l’intérêt général. Ils ont des objectifs divers qui convergent vers l’amélioration de la situation du plus grand nombre.

Exemple : la lutte contre le réchauffement climatique. Elle est désormais un enjeu vital pour l’humanité, de même que la santé, comme l’a très bien mis en lumière la pandémie de la Covid-19.

De plus, ils servent aussi de symbole d’unité pour les pays/groupes de pays (contexte actuel marqué par des tensions, ce qui accentue la nécessité d’alliances durables et efficaces).

Exemple : le America First de Donald Trump qui fragilise les alliances avec les États-Unis, impactant également la confiance que les autres pays leur portent. Une nouvelle instabilité est née.

Les BPM sont également une opportunité pour l’UE de réaffirmer sa puissance en créant des BPM stratégiques. Ils permettent aussi d’être en phase avec le désir croissant d’authenticité politique.

Leur utilité au niveau européen est indéniable. D’autant plus que les défis actuels réclament une action commune internationale pour être dépassés.

Comment les produire ?

La production de BPM demande la mise en place d’actions de gouvernance collectives. D’où le problème posé de la structure pyramidale des institutions et l’absence de gouvernement collectif (UE). Cependant, il existe différentes modalités de financement qui s’additionnent.

En 2001, la Banque publique mondiale alloue 15 milliards de dollars américains pour la création de BPM. Puis, en 2004, des mesures sont prises par l’OCDE en leur faveur. Dernièrement, en 2020, les accords de Paris mettent 100 milliards de dollars par an à disposition. Cette somme vient des pays développés ainsi que de certains pays du Sud.

Le protocole de Kyoto, dans le cadre du réchauffement climatique, préconise de s’entendre collectivement sur une quantité d’émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser. Il demande également une répartition de cette quantité sous forme de permis d’émissions potentiellement échangeables. C’est un processus de marchandisation, très largement utilisé en particulier aux États-Unis.

La lutte contre les maladies infectieuses permet également de produire des BPM. L’OMS finance l’aide publique au développement, les fondations et les organisations non gouvernementales, et la vaccination pour les pays les plus en difficulté.

Exemple : livraison de vaccins antipaludiques en 2023 aux pays africains (Burkina Faso, Niger…).

On notera également les efforts d’harmonisation et de règles nationales, comme la création d’un espace aérien. Cela sans oublier la mise en place d’un marché de droits pour inciter les agents privés à aller dans le sens des BPM, qui est aussi un moyen de faire augmenter leur nombre.

Exemple : quotas de pêche transférables. Ils servent à la préservation des ressources halieutiques. Il existe également des permis d’émissions dans le cas de la Convention sur le changement climatique.

Conclusion

En peu de temps, les biens publics mondiaux sont devenus des acteurs clés du développement mondial. Ils représentent un espoir vivace dans la lutte contre les inégalités (santé, soins, éducation…). Mais est-il possible qu’un tel mécanisme ne tombe pas entre les mains d’un seul pays qui déciderait pour tous les autres ?