Le carré magique de Kaldor a été développé par l’économiste britannique Nicholas Kaldor. C’est un outil graphique visant à représenter la santé économique d’un pays. Il repose sur quatre objectifs macroéconomiques majeurs : la croissance économique, le plein emploi, la stabilité des prix et l’équilibre extérieur. Bien qu’ambitieux, ce modèle soulève des interrogations sur sa faisabilité dans un contexte économique réel.
Nicholas Kaldor et son héritage économique
Nicholas Kaldor (1908-1986) était un économiste d’inspiration keynésienne. Il a marqué la pensée économique par ses travaux sur la croissance et les politiques conjoncturelles.
Conseiller des gouvernements travaillistes britanniques dans les années 1960-1970, il a conçu le carré magique pour synthétiser les performances économiques d’un pays et guider les politiques publiques.
Le carré magique : définition et objectifs
Le carré magique repose sur quatre axes principaux :
- la croissance économique : mesurée par le taux de variation du PIB ;
- le plein emploi : représenté par un taux de chômage proche de zéro ;
- la stabilité des prix : réduction de l’inflation pour préserver le pouvoir d’achat ;
- l’équilibre extérieur : balance commerciale excédentaire ou équilibrée.
Graphiquement, ces objectifs forment un quadrilatère dont la surface reflète la performance économique globale. Plus le carré est large et régulier, plus l’économie est proche de l’idéal.
Les limites du modèle
Kaldor qualifie ce carré de « magique », car il est pratiquement impossible d’atteindre simultanément ces quatre objectifs.
Par exemple, une forte croissance peut entraîner une inflation élevée (relation courbe de Phillips), tandis que le plein emploi peut nuire à l’équilibre extérieur en augmentant les importations.
Application concrète : analyse comparative
En France : en 2024, la France affiche une croissance modérée (1,1 %), un taux de chômage élevé (7,3 %), une inflation en diminution (2,4 % en moyenne annuelle) et un déficit commercial persistant (– 2,9 % du PIB). Le carré est irrégulier, reflétant des tensions entre inflation et équilibre extérieur.
Aux États-Unis : les États-Unis présentent une croissance robuste (2,5 %), un faible chômage (3,8 %) et une inflation maîtrisée à 2 %. Cependant, leur déficit commercial reste problématique (– 4 % du PIB). Leur carré est néanmoins plus équilibré que celui de la France.
En Allemagne : l’Allemagne mise sur la stabilité des prix (1,8 %) et un excédent commercial (environ + 6 % du PIB), mais sa croissance reste faible (0,8 %). Le plein emploi est toutefois presque atteint, avec un chômage à 3 %. Son carré reflète une priorité donnée à l’équilibre extérieur.
En Inde : l’Inde connaît une forte croissance (6 %), mais souffre d’une inflation élevée (6 %) et d’un chômage important (8 %). Son carré met en évidence les défis liés à son développement rapide.
Des objectifs atteignables ?
Le carré magique illustre bien les arbitrages nécessaires en politique économique.
Cependant, atteindre simultanément ces quatre objectifs reste utopique en raison des conflits structurels entre eux. Les politiques doivent souvent privilégier certains axes au détriment d’autres, selon les priorités nationales actuelles et à venir.
Conclusion
Le carré magique de Kaldor demeure un outil pédagogique puissant pour analyser les performances économiques. Cependant, sa réalisation simultanée est entravée par des contraintes économiques réelles. En pratique, chaque pays doit arbitrer entre ces objectifs en fonction de ses priorités et de son contexte spécifique, rendant cet idéal difficilement atteignable.