L’épreuve d’économie-droit conçue par l’ESSEC est très exigeante, surtout au niveau du temps. Une question se pose alors : quelles méthodes dois-je adopter pour en gagner ? Les méthodes qui suivent sont destinées à des étudiants qui connaissent déjà un minimum l’exercice. Si tu entres en première année (ou même en deuxième), pas de panique si tu n’arrives pas à respecter les durées énoncées ci-dessous. C’est normal, tu as encore du temps devant toi. Bref, voyons comment performer en note de synthèse et en QRA.
La note de synthèse
Le temps
La synthèse est l’exercice qui vaut le plus de points sur toute l’épreuve : 6 points sur 20, soit 30 % de l’épreuve. Il faut donc, idéalement, lui allouer 30 % des 4 heures d’épreuve, soit 1 heure 15 (en arrondissant).
Cependant, il est préférable de passer 15 minutes de plus sur la synthèse pour s’assurer de précieux points, plutôt que de la négliger. Essaye de t’entraîner à ne pas dépasser 1 heure 20 tout en étant précis(e). Voyons d’ailleurs comment être le plus précis possible.
Le brouillon
Avant de commencer la lecture des documents, il faut établir une règle : les surligneurs sont BANNIS. Par souci de temps, tu vas devoir les oublier. Munis-toi de deux ou trois feuilles de brouillon, dont tu utiliseras seulement les rectos.
Pour la lecture des documents, essaie d’appréhender la longueur de chacun d’entre eux. Ceci afin de voir que tel document est assez court (tu retiendras donc deux ou trois idées de celui-ci), tandis qu’un autre est relativement long (tu retiendras donc cinq ou six idées de celui-ci). Tu ne t’en rendras pas forcément compte, mais c’est un gain de temps capital que de savoir à l’avance combien d’idées tu vas récupérer.
Pour chaque document que tu lis, récupère les idées PRINCIPALES seulement, en les notant sur les rectos des feuilles que tu as préparées. N’oublie surtout pas les données chiffrées et les graphiques. Une petite phrase par graphique suffit, sous réserve que toutes les informations soient mentionnées (source, période étudiée, tendance haussière ou baissière…).
Une fois tous les documents traités, tu regardes quelles sont les idées qui se rejoignent dans les différents documents. Pour les rassembler entre elles et construire tes sous-parties, tu peux leur donner des numéros. Par exemple : telle idée du document 2 est similaire à telle idée du document 4, donc je leur donne le numéro 2. Une fois ce travail effectué, tu peux réfléchir à un plan. Ce dernier devra être apparent sur la copie et contiendra deux grandes parties et deux sous-parties par grande partie.
Certains plans reviennent souvent (causes/conséquences, théorie/pratique, avantages/limites). Mais un plan original sera toujours plus valorisé, s’il est dans le sujet.
La rédaction
Pour l’introduction, trois phrases suffisent. Une phrase de contextualisation, la problématique qui est donnée dans le sujet ESSEC (au début du dossier documentaire, il est écrit « vous ferez une note de synthèse en 500 mots sur [sujet] ») et le plan. Concernant la problématique, écris simplement « le dossier documentaire interroge sur [sujet donné au début du dossier documentaire] ». Pour le plan, écris ta phrase que tu feras suivre du symbole (I) pour la première partie et du symbole (II) pour la seconde.
Ensuite, tu sautes quelques lignes et tu renotes ta première partie, suivie de ta première sous-partie. Tu développes et tu passes à la deuxième sous-partie. Et ainsi de suite.
Maintenant que tu as compris tout cela, voici certaines précisions :
- tes titres de parties/sous-parties ne doivent pas être trop longs : une ligne et demie grand maximum ;
- tes sous-parties doivent contenir approximativement le même nombre de mots : autour d’une centaine ;
- place une barre latérale tous les 50 mots, et lorsque tu comptes les mots, compte seulement le plan qui est dans l’introduction. Ne compte pas les sous-parties. Mentionne ton nombre de mots après ta conclusion. Les correcteurs sont moins exigeants que pour la synthèse de français, mais veille à ne pas annoncer 500 mots si tu en as 600. Le correcteur le verra et tu seras sanctionné(e) ;
- la conclusion est obligatoire, mais rapporte peu de points (voire aucun) : résume brièvement ce que tu viens de dire. Si une idée notée au brouillon n’est pas apparue dans la synthèse, tu peux la mentionner en conclusion.
La QRA
Le temps
La QRA vaut « seulement » 4 points sur 20. Avec la même méthode de calcul que pour la synthèse, tu es donc censé(e) lui accorder 50 minutes (en arrondissant). Ce qui est amplement suffisant. Malheureusement, la plupart des candidats n’ont que très peu de temps pour réaliser ce magnifique exercice : 30, 20, voire 10 minutes.
En appliquant la méthode ci-dessus pour la synthèse et en allant voir les réflexes à avoir pour performer aux cas pratiques, tu arriveras à dégager du temps pour la QRA. Voyons maintenant comment s’y prendre pour exceller sur cet exercice.
N.B. : Les conseils suivants sont surtout valables si tu as beaucoup de temps (au moins 45 minutes), car beaucoup de temps sera passé au brouillon.
Le brouillon
La première chose que tu dois faire, c’est de regarder le type de sujet qui s’offre à toi :
- question fermée, à laquelle on peut répondre par oui ou non (« La politique monétaire est-elle actuellement efficace ? », ESSEC 2020) : tu devras faire un plan OUI/MAIS ou OUI/SI … Il est capital que ton plan réponde à la question ;
- question ouverte (« Comment lutter contre l’inflation ? », ESSEC 2023) : tu es plus libre sur le plan, mais veille, une fois de plus, à répondre à la question ;
- sujet avec deux notions (« Croissance et productivité ») : tu éviteras l’erreur de faire une partie sur la première notion et une autre sur la deuxième. Les deux notions doivent être incorporées dans les deux parties. Tu peux par exemple réfléchir à l’influence de la croissance sur la productivité, et inversement, pour le sujet ci-dessus.
Pour attaquer ton brouillon, définis les termes du sujet dans leurs acceptions les plus larges. Creuse bien chaque mot et chaque concept économique qui peut s’en rapprocher. Il y a là un parallèle méthodologique à faire avec la dissertation de CG. Ainsi, tu gardes du recul par rapport au sujet et tu évites d’oublier un aspect capital de celui-ci. Procéder ainsi permet de se démarquer de la plupart des candidats.
Ensuite, essaie de trouver des idées et des mécanismes économiques reliés aux définitions que tu viens de donner. Là aussi, n’hésite pas à bien creuser ton raisonnement, ce sera valorisé. Cherche à inclure des auteurs (entre deux et quatre par sous-partie) et des exemples/chiffres (entre un et trois par sous-partie). En faisant cela, tu auras souvent deux grandes idées générales qui ressortiront. Elles seront tes deux grandes parties. Généralement, tu auras cinq ou six idées par partie. Tu devras donc en prendre deux ou trois pour faire tes sous-parties.
N.B. : Pour le sujet ESSEC, un plan n’est pas exigé. Néanmoins, si tu as du temps, fais-en un. Tu gagneras en clarté, et il est plus difficile de faire une bonne QRA sans plan apparent, bien que certains y arrivent avec brio. N’hésite pas à regarder le rapport de jury de la session 2022 (page 7) qui est très explicite à ce sujet.
La rédaction
Pour l’introduction, n’entre pas directement dans le sujet. Commencer par une citation est une excellente idée, comme en CG. Tu peux amener ainsi le sujet en n’oubliant pas de définir les termes du sujet.
Ensuite, montre en quoi le sujet est intéressant aujourd’hui (les sujets sont en rapport avec l’actualité), en utilisant un ou plusieurs chiffres, faits historiques, par exemple. Tu peux aussi, comme en CG, trouver deux points de vue qui s’opposent pour montrer la pertinence du sujet.
Puis, tu poses la problématique (qui est le sujet tel quel si celui-ci est une question). Tu annonces enfin ton plan, de la même manière que pour la synthèse.
Ci-dessous, tu trouveras un exemple d’introduction pour le sujet « Les pays développés sont-ils toujours aussi compétitifs aujourd’hui ? ».
Exemple d’intro
Selon Jean Mistler, « il y a inflation quand la monnaie devient plus encombrante que les denrées. » L’inflation, justement, semble s’être installée dans la plupart des pays développés.
6,1 % en France en juillet 2022, 10 % au Royaume-Uni et en Allemagne. L’inflation peut dégrader la compétitivité lorsque l’on entend celle-ci par « compétitivité-prix ». Mais son pendant, la compétitivité hors prix, est tout autre. Il ne s’agit pas d’avoir le prix le plus bas, mais bien de proposer un produit plus qualitatif.
En outre, depuis plusieurs années, on a pu assister à de nombreuses mesures protectionnistes de la part de certains États/institutions. On peut penser aux guerres commerciales Chine/États-Unis ou Union européenne/États-Unis. Mais que cela signifie-t-il ? La compétitivité s’est-elle dégradée au point de mettre en place du protectionnisme ? Il y a également la question de la compétitivité face aux PED.
Ainsi, entre inflation, dichotomie entre compétitivité prix/hors prix, protectionnisme et compétitivité face aux PED, on peut se demander si les pays développés sont toujours aussi compétitifs aujourd’hui. Sur le prix, les pays riches ne sont pas compétitifs (I)… mais il se rattrapent en termes de compétitivité hors prix (II).
Pour le corps du développement, pense à bien faire apparaître ton plan (grandes parties et sous-parties). Reprends les idées du brouillon en les organisant de manière logique dans tes sous-parties. N’oublie pas la structure « idée – auteur – exemple ». Ainsi, tu seras clair(e) et tu te forceras à inclure auteurs et exemples/chiffres dans ta copie. Ceci la rendra complète.
Il est vraiment primordial pour toi de te forcer à incorporer des auteurs et des exemples pour chaque sous-partie, car la plupart des candidats ne le font pas. Tu peux t’inspirer des bonnes copies que tu trouveras dans la grange à copies que Major-Prépa met à disposition pour toi.
Te voilà prêt(e) pour affronter l’épreuve d’économie au concours. Tu as donc la méthode, il te reste maintenant à comprendre les mécanismes économiques et à apprendre des chiffres et des citations que tu pourras utiliser. Encore une fois, ces méthodes sont exigeantes, mais avec de l’entraînement, tu peux y arriver : crois en toi !