Tu es en première année et tu as déjà entendu parler des externalités ou des biens publics, mais tu ne sais pas vraiment comment l’État intervient pour gérer ces défaillances du marché ? Cet article est fait pour toi !
Comment gérer les effets involontaires de la production des entreprises ?
Selon Marshall, les externalités sont des conséquences indirectes de la production d’une entreprise, souvent non prises en compte dans les décisions économiques. Par exemple, la pollution est une externalité négative qui n’est pas intégrée dans le coût de production. Le coût de production ne reflète pas les bénéfices ou les préjudices causés à l’environnement ou à la société. Ces effets, qu’ils soient positifs (comme l’innovation) ou négatifs (comme la dégradation écologique), sont souvent ignorés par les acteurs économiques.
Pour corriger ces externalités, plusieurs économistes proposent des solutions :
- Pigou suggère que l’État intervienne en internalisant ces coûts externes, soit par des subventions pour les externalités positives, soit par des taxes (dites taxes pigouviennes) pour les externalités négatives. Cela permet d’aligner les coûts privés sur les coûts sociaux.
- Coase propose une approche différente : un marché de droits à polluer. Selon lui, la négociation entre parties prenantes (comme les entreprises et les communautés affectées) peut aboutir à une solution optimale sans intervention étatique directe. Par exemple, fixer un seuil de pollution et permettre l’échange de permis d’émission peut être plus efficace qu’une simple taxe.
- Weitzman, avec son « théorème lugubre » (dismal theorem), met en garde contre la sous-évaluation des préjudices futurs, notamment ceux liés au réchauffement climatique. Les coûts futurs pourraient être bien plus lourds que ce que les modèles actuels prévoient, ce qui justifie une action immédiate et forte.
- Aghion insiste sur le fait que la transition écologique, bien que coûteuse à court terme, est indispensable pour éviter des coûts encore plus élevés à long terme. Il plaide pour une action rapide et coordonnée.
Les différents types de biens
Les biens publics
Les biens publics, théorisés par Kindleberger, sont des biens non rivaux et non excluables, ce qui signifie que leur consommation par un individu n’en réduit pas la disponibilité pour les autres et qu’il est difficile d’empêcher quiconque d’en bénéficier.
Le PNUD distingue trois types de biens publics :
Types de biens publics | Exemples | Problème associé |
---|---|---|
Naturels | Biodiversité, air pur | Surutilisation (épuisement des ressources) |
D’origine humaine | Connaissance scientifique, éducation | Sous-utilisation (notamment dans les pays pauvres) |
D’origine politique | Stabilité financière, santé publique | Sous-production (problème du passager clandestin) |
Mancur Olson souligne que les biens publics souffrent d’un problème de financement. Comme tout le monde peut en bénéficier sans contribuer, les investisseurs privés n’ont pas d’incitation à les produire. Cela conduit à une sous-production, obligeant l’État à intervenir pour fournir ces biens (comme la défense nationale, la justice ou la qualité de l’air).
Les biens communs
Les biens communs sont des ressources gérées collectivement, comme les pâturages communs ou Wikipédia. Ils posent un dilemme éthique et économique : faut-il laisser le marché fixer le prix des biens de première nécessité, ou les réguler pour en assurer l’accès à tous ?
- Hardin, avec sa « tragédie des biens communs », explique que ces biens sont voués à l’épuisement en raison de comportements individuels rationnels, mais court-termistes. Les passagers clandestins (ceux qui profitent sans contribuer) exacerbent ce problème.
- Solutions proposées :
- solution communiste : réguler l’utilisation par une autorité centrale (un « gendarme »).
- Elinor Ostrom propose une solution capitaliste : attribuer des droits de propriété exclusifs (d’accès, de gouvernance et d’exclusion) pour gérer ces ressources de manière durable, mais ils perdraient alors leur attribut de « commun ».
Les « biens de clubs »
Buchanan définit les biens de clubs comme des biens accessibles uniquement à un groupe restreint, comme les parcs d’attractions, les clubs de sport ou les réseaux sociaux.
L’effectif du club doit être le plus grand possible pour répartir les coûts, mais une taille trop importante peut entraîner des rivalités et réduire le bénéfice pour chaque membre. Ces biens bénéficient souvent d’effets de réseau : plus le club est grand, plus il attire de membres.
Conclusion : la classification de Samuelson
Samuelson propose une classification des biens basée sur deux critères :
- Exclusivité : la possibilité d’exclure un individu de l’utilisation du bien.
- Rivalité : l’utilisation du bien par un individu réduit la quantité disponible pour les autres.
Voici un tableau résumant cette classification :
Exclusion possible | Non-exclusion | |
---|---|---|
Rivalité | Bien privé (ex. : voiture, nourriture) | Bien commun (ex. : plages, routes) |
Non-rivalité | Bien de club (ex. : autoroute à péage, école privée) | Bien public (ex. : éclairage public, défense nationale) |
Attention, dans les revues de presse que tu lis, les « biens collectifs » ne renvoient à aucune réalité économique et peuvent désigner tant les biens publics que les biens communs, selon le contexte.