L’instabilité politique correspond à une situation dans laquelle un pays, ou une région, connaît des perturbations importantes dans son système politique. Ces perturbations sont souvent illustrées par des conflits, des manifestations ou des changements fréquents de gouvernement. Ça ne te rappelle rien ? Depuis 2020, la France a successivement connu plusieurs moments d’instabilité politique, ou un seul qui s’étend sur une large période si on considère qu’il n’y a pas eu de pause. Ces vagues d’instabilité ont commencé avec l’augmentation du prix de l’essence à la pompe. Ce fut le début d’un phénomène : les Gilets jaunes. En réalité, leur descente dans les rues a été surtout guidée par un ras-le-bol politique. L’augmentation du prix du pétrole a été un élément déclencheur qui aura mis le feu aux poudres.
Les conséquences pour les ménages
L’instabilité politique touche tout particulièrement les ménages : toi, nous, tout le monde. Chacun consomme au quotidien et ne peut donc qu’être affecté par l’incertitude économique créée par l’instabilité politique.
Cette incertitude économique ralentit très largement l’économie parce que les ménages remettent leurs investissements à plus tard. En effet, acheter une maison, faire des travaux ou changer de voiture, alors que la situation économique est susceptible de changer le mois prochain, n’est pas une excellente idée. Bien que la situation puisse évoluer dans un sens favorable aux ménages, ce sont des mesures plutôt défavorables qui sont plus souvent mises en place et poussent les ménages à privilégier la sécurité à la dépense. Dans la même idée, la consommation diminue, car les ménages priorisent leur épargne de précaution. Ils veulent avoir les moyens de réagir en cas de problème.
Cette situation est d’autant plus alarmante qu’elle témoigne d’un manque de confiance des ménages en l’économie. Un problème majeur, car l’économie et le système financier tout entier sont basés sur la confiance de leurs utilisateurs. Bien souvent, l’instabilité politique entraîne une hausse des prix, l’inflation, que les ménages subissent de plein fouet.
En subissant ces conséquences, les ménages peuvent également devenir dépendants de l’aide nationale et/ou internationale. Cette dépendance est souvent limitée, mais dans les cas extrêmes, elle peut devenir importante. Les aides peuvent devenir nécessaires aux ménages pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins.
Dans des cas d’instabilité extrême, la sécurité peut être affectée par une augmentation des crimes et des délits. Ce climat joue donc très largement sur le moral du pays. Les ménages peuvent plus facilement être en proie au stress, à l’anxiété ou à d’autres problèmes psychologiques.
En somme, l’instabilité politique ouvre la porte à des vagues d’événements négatifs subis par les ménages, le verre devient rapidement à moitié vide dans ce cas de figure. Les conséquences qu’ils subissent sont donc variées et plus ou moins profondes selon le degré d’instabilité. Mais le bien-être économique, social et psychologique est de toute façon touché.
Les conséquences pour les entreprises
Les entreprises, elles non plus, ne sont pas épargnées par cette situation. Bien au contraire, elles en subissent tout autant les conséquences. De façon générale, elles se heurtent de plein fouet à la baisse de l’activité économique. C’est d’ailleurs leur principale inquiétude, selon un sondage du magazine Forbes (juin 2024). Étant donné que les ménages consomment moins, les entreprises voient leur activité et leurs résultats diminuer. Évidemment, il y a une corrélation entre la baisse de la consommation des ménages et la chute de l’activité des entreprises.
Mais ce n’est pas tout. Face à l’instabilité, les marchés mondiaux ont tendance à s’affoler, ce qui permet aux prix de s’envoler. L’envol des prix peut certes bénéficier à certains qui en profitent pour gonfler leurs marges au passage, mais il enfonce les autres. En effet, les entreprises clientes doivent augmenter leurs prix en fonction de l’augmentation de celui des matières premières, consommations intermédiaires, marchandises, et prendre alors le risque de perdre une partie de leur clientèle qui ne voudra pas, ou ne pourra pas, supporter cette hausse. Dans un autre cas de figure, les entreprises choisissent de laisser le prix tel qu’il est et de rogner leurs marges.
Elles voient alors leurs résultats diminuer drastiquement. Elles semblent avoir à choisir entre la peste et le choléra. Maintenir les prix et risquer la ruine ? ou bien les augmenter et perdre tout ou partie des clients ? Bien évidemment, cela est à nuancer, car tout dépend grandement du produit vendu. Est-il substituable ? indispensable ? L’augmentation est-elle conséquente ? Les facteurs à prendre en compte sont nombreux.
Dans une situation d’instabilité politique, les entreprises peuvent se heurter à la réticence des banques, qui deviennent souvent frileuses et craintives. Leurs projets doivent alors être remis à plus tard ou revus à la baisse.
D’autre part, les entreprises peuvent être affectées par les changements de loi, notamment en matière de réglementation et de fiscalité. Si des changements de la sorte se produisent régulièrement (le régulier est à nuancer quand on parle des institutions), cela peut compliquer la planification financière des entreprises. Une planification dont les banques et les comptables ne sauraient évidemment se passer d’aucune manière.
Dans une autre perspective, les investisseurs étrangers deviennent eux aussi frileux quand l’instabilité s’installe. Ils repoussent donc ou annulent leurs investissements sur le territoire concerné. Cela fait perdre d’innombrables opportunités de financement et de développement aux entreprises ; des opportunités telles que des levées de fonds, souvent réalisées avec des partenaires internationaux.
Tout cela, sans oublier les perturbations potentielles de la chaîne d’approvisionnement, la fuite des talents vers des pays plus stables et les coûts de sécurité revus à la hausse dans ce contexte.
En bref, les entreprises ne sont pas plus épargnées que les ménages.
Les conséquences pour l’État
Plus vrai que nature, n’est-ce pas ? Un État instable, un gouvernement changeant… Plus sérieusement, bien que l’instabilité politique soit au départ initiée par l’État, il en subit également les lourdes conséquences. La première, la plus évidente, est sa perte de crédibilité. En effet, un gouvernement instable se plante lui-même un couteau dans le pied. Il entre dans une période où il faut paraître (sinon être) fort pour mener la barque et maintenir à la fois un bon climat social et une situation économique convenable.
D’autre part, il risque de perdre la confiance des citoyens. Car loin d’être améliorée, la situation de tous ceux qui ont glissé un bulletin de vote avec le peu d’espoir qui leur restait est alors empirée. Le prochain bulletin de vote risque de ne pas porter le même nom si la déception est de taille.
Il subira également une dégradation de sa note souveraine. Il s’agit d’une note attribuée à un pays par des cabinets de notation. La plus favorable étant le fameux triple A. Aujourd’hui, les pays sont notés par plusieurs cabinets, la note du S&P pour la France est AA- depuis juin 2024. Avant, le pays était noté AA, mais le cabinet a baissé cette note en raison de la dette en trop forte augmentation.
De plus, l’État subit aussi la baisse de la consommation et de l’activité économique. Cela se ressent sur ses recettes fiscales qui diminuent en symbiose avec les données citées. Cela peut rapidement entraîner de l’inflation. Au revoir le doux rêve d’une inflation stabilisée à 2 %. Avec l’inflation vient la dévaluation de la monnaie. Dans le même temps, ce climat défavorable aggraverait le problème déjà présent de la fuite des cerveaux. Cela serait mauvais pour le pays qui vise des investissements en innovation et en R&D : les cerveaux sont essentiels.
Enfin, l’instabilité politique peut augmenter les dépenses publiques. Ce qui n’est pas optimal dans une période où les recettes diminuent. Les programmes sociaux doivent être performants en ces temps, car plus de personnes risquent d’avoir besoin d’y recourir. Le risque ultime de cette situation, c’est que le pays se retrouve en défaut de paiement et ne puisse plus rembourser ses créanciers.
Fun Fact : la France a déjà été en défaut de paiement. C’était en 1709 sous Louis XIV. Bien que ce ne soit pas ce qu’on retienne de son règne, ses guerres, en particulier la guerre de succession d’Espagne, ont coûté à la couronne. Le coût était si élevé que le pays à dû recourir à un remaniement profond.
Les conséquences à l’international
Enfin, les conséquences de l’instabilité politique au sein d’un pays affectent aussi les autres pays. Dans le cas de la France, ce sont tous les pays de l’Union européenne qui peuvent être plus ou moins affectés. Une mauvaise situation pour un des pays membres peut entraîner tous les autres dans son sillon en projetant sur eux une ombre négative. Particulièrement quand il s’agit d’un des pays fondateurs. Dévaluation de la monnaie et baisse des investissements étrangers sont donc à craindre. La communauté internationale réagira et tentera de se protéger du mieux qu’elle peut.
Le pays pourrait ensuite souffrir d’un isolement diplomatique : personne ne voudrait être associé à lui. Des sanctions pourraient même être demandées. D’autre part, les autres pays verraient un afflux de cerveaux arriver : le pays concerné les perdrait.
Les entreprises subissent l’instabilité provoquée par le gouvernement, puis les ménages subissent les hausses de prix rendues nécessaires par les entreprises pour assurer leur pérennité. Mais l’État doit intervenir pour réguler la situation, et le cercle peut être sans fin. Qui de la poule ou de l’œuf était là le premier ? En conclusion, la situation s’autoentretient tant que la confiance et le calme ne sont pas rétablis. Le défi est donc de pousser les différents acteurs économiques à croire de nouveau en leur système politique après une période de bouleversement. Plus facile à dire qu’à faire.
Tout est donc une question d’équilibre.