industrialisation

Faire de l’économie sans parler de l’industrie me paraît un peu délicat ! Je te propose donc un article assez complet sur la situation industrielle de la France et de l’Europe, sur les enjeux de la réindustrialisation et sur les solutions économiques pour l’accélérer.

Introduction

Tout d’abord, c’est quoi l’industrie ? L’industrie appartient au secteur économique secondaire qui consiste à transformer des matières premières en produits finis. L’industrialisation est un long processus qui a pour objet de créer de nouvelles usines, de faire augmenter la part de l’industrie dans le PIB et de créer des emplois industriels.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, parlons de la base de l’industrie et de ses grandes évolutions qui ont pu changer notre manière de produire des biens matériels.

La première révolution industrielle

À la fin du XVIIIᵉ siècle, commence une première révolution industrielle au Royaume-Uni marquée par la machine à vapeur conçue par James Watt en 1769 et révisée en 1782 pour le secteur textile. Une révolution industrielle qui va dès le XIXᵉ siècle traverser la Manche pour s’étendre sur la France, puis aux États-Unis, au Canada et enfin au Japon.

Parallèlement, le capitalisme se développe, accélérant la construction d’usines via des investissements en capitaux. Dès 1800 et grâce à la machine à vapeur, se développent les chemins de fer permettant le transport de matières de biens pour les industries et commerces et de personnes.

La deuxième révolution industrielle

À la fin du XIXᵉ siècle, une deuxième révolution industrielle survint, celle de l’automobile. Henry Ford (fondateur de l’industriel automobile Ford) a répandu le travail à la chaîne dans les industries (tel était déjà le cas à l’époque dans les abattoirs), améliorant la productivité ; le salarié restant à son poste et réalisant son travail sans se déplacer.

Parallèlement, l’électricité connaît également un vaste développement permettant une utilisation domestique pour les ménages. D’autres innovations majeures également : le métro de Paris en 1900 ou le cinéma et l’aviation au XXᵉ siècle essentiellement. L’industrialisation permet une forte croissance jusqu’à la crise de 1929. Croissance qui reprendra de 1945 à 1974 (Trente Glorieuses). La France connaît alors presque le plein emploi et les conditions de vie et sociales s’améliorent nettement.

Enfin, au début des années 2000, c’est l’essor d’Internet, tertiarisant l’économie. Toutefois, malgré ces évolutions dans les régions développées, l’Europe reste très dépendante industriellement à l’égard du reste du monde.

Après plus de trente ans de désindustrialisation, la France revoit sa copie

La désindustrialisation est un processus entamé par beaucoup de pays développés, dont la France dès les années 80, qui se qualifie par des délocalisations d’usines, de la perte d’emplois industriels et une baisse de la part de l’industrie dans le PIB au profit du secteur tertiaire.

Cette désindustrialisation subie par la France peut s’expliquer de différentes manières. Il y a d’abord la tertiarisation de l’économie expliquée par de meilleures conditions de vie, une évolution sociétale et sociale et notamment un fort progrès technique ayant pour effet le déversement de l’emploi du secondaire au tertiaire au sens d’Alfred Sauvy.

La situation de la désindustrialisation en France et dans le reste de l’Europe

Comme dit précédemment, la désindustrialisation de la France a commencé dans les années 80 et s’est poursuivie au moins jusqu’en 2020-2021, avec une forte accélération en 2008 avec la crise financière. Ce phénomène a eu par ailleurs de lourds impacts pendant la crise sanitaire en 2020, alors que les frontières étaient fermées et que la France manquait de médicaments et de masques, entre autres.

Selon Eurostat, entre 2000 et 2021, la production industrielle en volume a chuté de 12 % en France, 20 % en Italie, 18 % en Espagne, 2 % au Royaume-Uni, alors que de l’autre côté l’Allemagne a vu sa production industrielle en volume augmenter de 18 %, tout comme pour l’Union européenne dans son ensemble. Ainsi, en dehors de l’Allemagne, les pays de l’Est pourtant « moins riches » se sont réindustrialisés. Sur la même période, la République tchèque a multiplié par deux sa production industrielle et par trois pour la Pologne.

La France est dans une situation telle qu’elle perd des parts de marché au sein de la zone euro. L’Hexagone ne représentant aujourd’hui que 13 % des exportations de la zone euro, contre 18 % en 2000. Il s’agit du pays qui a connu la plus grande chute. À l’échelle mondiale, la France n’exporte que 2,7 % des biens.

L’industrie française est-elle alors en décadence ? Heureusement encore que la France dispose des capacités de se rattraper sur le secteur tertiaire qui a pris de plus en plus de place ces dernières années, mais qui est insuffisant à long terme. Pour autant, les services contrairement à l’industrie n’ont pas pour effet le ruissellement de l’économie.

Une amélioration des conditions sociales et un changement sociétal profond

À la fin du siècle dernier, les conditions sociales et sociétales se sont nettement améliorées, avec notamment une forte revalorisation des allocations sociales sous Mitterrand dès 1981, le droit pour les femmes de choisir leur profession et de disposer librement de leurs rémunérations sans l’accord de leur mari/conjoint.

À la fin des années 80, les femmes ont un rôle qui évolue au sein de la société. Alors qu’autrefois, elles s’occupaient de l’éducation des enfants et de la maison, beaucoup ne peuvent plus le faire à temps plein et doivent donc faire garder leurs enfants et/ou appeler des entreprises spécialisées pour l’entretien de la maison. Par ailleurs, en 1986, le gouvernement de l’époque soutient ces démarches en accordant une allocation de garde d’enfant à domicile.

Dans le même temps, selon l’Insee, en 1970 et 2008, les revenus ont augmenté, le pouvoir d’achat s’est amélioré et les inégalités ont diminué. C’est la raison pour laquelle, les ménages dépensent davantage dans les loisirs (voyages, restaurant, cinéma, activités sportives et culturelles…). Ce qui contribue à la tertiarisation de l’économie.

Sur le plan social et sociétal, les populations ne voulaient plus autant d’usines qu’avant. En effet, sur le plan social, les industries ne sont pas réputées pour leurs bonnes conditions de travail, c’est même plutôt le contraire. Et sur le plan environnemental, elles sont considérées comme très polluantes et consommatrices en ressources naturelles. Les industries n’ont pas su s’adapter suffisamment vite à ces changements sociaux importants. L’industrie du XXIᵉ siècle pourra-t-elle être différente, plus respectueuse de ses salariés et de la planète ?

Une désindustrialisation expliquée par un changement de structure des entreprises

Autre aspect important de cette tertiarisation et de cette désindustrialisation est le changement de structure des entreprises. Entre les années 1980 et 2010, les pays développés ont connu un fort essor du numérique, avec des géants comme Google, Microsoft, Meta, Amazon, et de technologies comme l’intelligence artificielle qui permettent d’automatiser les tâches autrefois répétitives dans les industries. Certes, en améliorant les conditions de travail des salariés dans les industries, mais aussi en supprimant des emplois industriels.

Dans le même esprit de structure des entreprises, nombreuses sont celles à externaliser certaines tâches « managériales », comme la comptabilité, la gestion du système d’information, la logistique ou encore les ressources humaines. Or, les salariés affectés dans ces précédentes tâches étaient autrefois affectés à l’industrie. S’ils ont connu ces évolutions, ils sont désormais comptabilisés dans le secteur tertiaire (théorie du déversement de l’emploi de Sauvy). La part des emplois industriels dans l’industrie est passée de 24 % en 1980 à 16 % 1990.

Enfin, de nombreuses entreprises ont fait le choix de délocaliser leur production, notamment depuis le traité de Maastricht (1992) qui interdit à tout État membre de restreindre les mouvements de capitaux. Ce qui incite les entreprises en difficulté à délocaliser leur production vers la Chine, notamment en raison de coûts de main-d’œuvre largement plus faibles qu’en France. En 1980, on disait que le salaire d’un Français permettait de financer le salaire d’au moins 25 Chinois.

Bref, ce décrochage industriel subi par la France (pays le plus désindustrialisé d’Europe) lui a fait perdre une part de son indépendance technologique, économique et industrielle, responsable d’un déficit commercial important qui semble aujourd’hui irrémédiable (163,2 milliards d’euros en 2022). Alors que dans la zone euro, ce déficit commercial était en moyenne de 31,7 milliards d’euros.

Les enjeux d’une réindustrialisation pourtant contestée

Espérer bénéficier d’une balance commerciale positive un jour

La balance commerciale d’une zone géographique (de libre-échange, d’un pays, de la zone euro, de l’Union européenne…) est la différence entre les exportations et les importations. Si les exportations sont supérieures aux importations, on dit alors qu’il y a un excédent commercial. Ce qui démontre globalement un bon équilibre du système productif et une bonne santé économique. Cependant, lorsque les importations sont supérieures aux exportations, on dit alors qu’il y a un déficit commercial. Dans ce cas de figure, l’équilibre commercial est alors mauvais.

Selon l’Insee, en 1999, la France avait un excédent commercial de 13 milliards d’euros, alors qu’en 2022, il s’agissait plutôt d’un déficit commercial de 163,2 milliards d’euros. Un record depuis plus de 50 ans. Pour équilibrer la balance commerciale de la France, heureusement qu’elle peut compter sur quelques multinationales importantes et parfois stratégiques comme Airbus, Dassault, Renault, Louis Vuitton, Sanofi ou encore TotalEnergies, qui en font une fierté nationale. Mais bien que la France dispose de multinationales connues dans le monde entier, nombreuses sont celles qui ont privilégié la délocalisation à l’exportation. Tel est le cas d’Airbus, qui dispose d’usines en Chine, ou de TotalEnergies, très présente en Afrique.

Cette stratégie n’est certes pas totalement négative, car elle permet néanmoins aux entreprises françaises présentes à l’étranger de réaliser un chiffre d’affaires et des résultats importants, tout en augmentant l’influence économique et géopolitique de la France. Mais en attendant, cette stratégie ne créé pas d’emplois en France, alors que le pays connaît un taux de chômage de 7,2 % au deuxième trimestre 2023, selon l’Insee, et permet de transmettre « involontairement » des savoirs et savoir-faire nationaux à d’autres nations, parfois rivales sur le plan économique et géostratégique.

La création d’emplois supplémentaires

L’enjeu de l’emploi est crucial dans l’industrie. Car même si dans les services, le facteur travail est primordial, dans l’industrie, le facteur travail reste tout aussi important. D’autant qu’une industrie ne fonctionne pas seule, mais avec des fournisseurs et des clients. C’est-à-dire si une entreprise augmente ses capacités de production et qu’elle a besoin de recruter, ses fournisseurs peuvent aussi avoir besoin d’augmenter leurs capacités de production et de recruter à leur tour. Et ce processus continue quasiment sans fin dans l’industrie, car toute industrie est totalement dépendante de la santé économique des autres industries et de la consommation des ménages.

De plus, quand une industrie se crée, la masse d’emplois créés dans la région peut être élevée. L’entreprise taïwanaise ProLogium, qui a annoncé en mai 2023 la construction d’une usine à Dunkerque pour un début de production d’ici 2026-2027, devrait créer 3 000 emplois directs (au sein de ProLogium) et 12 000 emplois indirects.

Depuis 1974, la France a perdu 2,5 millions d’emplois par la désindustrialisation et comptait 3,1 millions d’emplois salariés en 2022, soit 12 % des emplois en France.

Un enjeu d’indépendance

On se rappelle tous de la première vague de Covid-19 dans le monde. Mais surtout que la France manquait de masques, de médicaments et de respirateurs, pourtant vitaux dès le début de la pandémie. Ces productions étant délocalisées en Asie. La France a même dû réquisitionner une partie de l’aéroport de Paris pour déployer des avions de transports militaires afin d’importer les produits nécessaires. Scène tout aussi comique, les vols de masques à répétition dans les magasins, dans les voitures… Chacun essayait désespérément de trouver un masque avant même que celui-ci soit rendu obligatoire par le gouvernement.

Les politiques ont revu leur copie en réindustrialisant ces productions

En juin 2023, Emmanuel Macron a une fois de plus exprimé sa volonté de relocaliser plus de 50 médicaments essentiels. Huit projets de relocalisations sur plusieurs régions vont être prochainement lancés pour un investissement total de plus de 160 millions d’euros. Le président de la République veut également simplifier le processus d’essai clinique pour accélérer ces relocalisations.

Autre exemple très bref, la production de semi-conducteurs. TSMC (taïwanais) détient à lui seul 60 % des parts de marché des semi-conducteurs. Il a certes annoncé une première usine européenne en Allemagne, mais c’est loin d’être suffisant pour une indépendance totale de l’Europe en cette matière. D’autant que l’essentiel des producteurs sont Taïwanais, Sud-Coréens ou Américains. La Chine en produit peu et ils sont globalement de moins bonne qualité.

En cas de crise géopolitique dans l’Indopacifique, par exemple, avec la crainte d’une invasion de Taïwan qui ne ferait qu’aggraver les relations entre la Chine et les États-Unis, cela poserait des problèmes d’approvisionnement en Europe. Joe Biden a déjà prévenu qu’en cas d’invasion, l’armée américaine interviendrait et pourrait même détruire les usines de semi-conducteurs taïwanais pour empêcher la Chine de les contrôler. Ce scénario serait catastrophique pour la production mondiale d’ordinateurs, de smartphones, d’appareils électroménagers ou de véhicules.

Un enjeu social, sociétal et environnemental

Sur le plan social, les travailleurs africains ou asiatiques œuvrent parfois dans des conditions déplorables en travaillant selon les entreprises plus de 10-12 heures quotidiennement, six jours sur sept, et en étant mal rémunérés. Les Occidentaux ont ainsi accès à des produits textiles, d’ameublement et jouets à moindres coûts. Les Africains travaillent aussi beaucoup pour les Occidentaux. Certains, au lieu d’aller à l’école, vont travailler dans les mines dès le plus jeune âge, quelquefois au péril de leur santé et de leur vie. Tout cela afin de contribuer à la consommation de masse et au confort américain et européen.

D’autant que, comme vu précédemment, les Européens ne veulent plus de cette vie. Ainsi, en réindustrialisant l’Europe, il est possible de créer l’industrie du futur qui comprendrait les outils technologiques nécessaires pour accélérer la production et exécuter les tâches répétitives sans valeur ajoutée et sans mettre la santé des salariés en danger, dans l’optique d’améliorer les conditions de travail au sein de l’industrie.

Les Européens sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux

Récemment, de nombreux mouvements écologiques protestent contre des projets industriels, notamment en Europe. Il est important de noter que, certes, les émissions de gaz à effet de serre émises sur le territoire français ont chuté de plus de 50 % entre 1990 et 2020, mais que, comme le rappelle le ministère de la Transition écologique : « Le contenu en carbone des produits industriels étrangers reste supérieur à celui des biens de l’appareil productif intérieur. » Une déclaration confirmée par les chiffres de l’Insee.

Autrement dit, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il est conseillé de produire en France. L’avantage de produire en France et non à l’étranger sur le plan environnemental, c’est que l’Union européenne et la France ont des normes très strictes sur le plan écologique, qu’elles évitent une trop forte pollution générée par les transports et qu’elles contrôlent mieux les productions nécessaires. De plus, inutile de rappeler qu’une industrie qui ne peut pas s’implanter en France à cause de protestations s’implantera à l’étranger avec un impact économique négatif pour l’Hexagone et un impact écologique néfaste pour la planète.

Un exemple récent (2017-2023) avec le groupe Le Duff (Brindor, Del Arte, Brioche Dorée…), qui voulait implanter une usine de viennoiseries en Ille-et-Vilaine mais qui a dû faire face à de nombreuses contestations d’élus et de partisans écologiques. Conséquence : le groupe va investir davantage à l’étranger, alors que ce projet estimé à 250 millions d’euros aurait pu créer 500 emplois d’ici 2030. C’est un exemple parmi tant d’autres, à toi de t’approprier et d’avoir en tête deux-trois exemples similaires récents pour tes prochaines dissertations.

Mais comment accélérer cette réindustrialisation ?

Baisser le coût de la main-d’œuvre et simplifier le droit du travail

La désindustrialisation s’est probablement accélérée en raison d’un coût du travail trop élevé en France. En 2021, la France est le deuxième pays derrière la Belgique où le coût de la main-d’œuvre est le plus important pour l’employeur. Alors qu’en 2014, elle était cinquième, derrière la Suède (≈ 40,10 €), le Danemark (≈ 38,40 €), la Belgique (38 €) et le Luxembourg (35,70 €).

Les entreprises, agents économiques rationnels, cherchent à produire à moindres coûts pour maximiser à long terme les profits. Évidemment, bien que cette mesure soit antisociale, la réduction des salaires est une solution pour gagner en compétitivité par rapport aux concurrents internationaux. Il en est de même concernant les charges patronales qui représentent un coût très élevé pour les entreprises.

Toutefois, cette mesure est-elle réellement applicable en France ?

Pas sûr… Déjà, tout salaire doit être supérieur ou égal au SMIC, et les heures supplémentaires, les heures de nuit et les jours fériés doivent être majorés. La France a aussi une sécurité sociale de qualité par rapport à de nombreux pays, et il faut bien la financer grâce aux cotisations sociales, dont patronales. Il faut aussi rappeler que certaines entreprises sont déjà en difficulté de recrutement. Ainsi, pour faciliter les recrutements et décrocher des « talents à préserver », il faut parfois payer le juste prix…

Actuellement, le secteur industriel où les rémunérations sont les plus faibles est le secteur agroalimentaire, avec un salaire inférieur à la moyenne nationale. Alors que le salaire moyen des secteurs industriels de l’eau, de l’énergie et de l’électronique dépassait de 25 % la moyenne nationale en 2016. Chiffres à mitiger, car l’industrie comprend toute de même 20 % de cadres.

La France est aussi un pays très « normé » juridiquement et dispose d’un droit du travail très positif socialement, mais extrêmement rigide pour les entreprises. Ce qui n’incite pas les entreprises à embaucher à cause d’un facteur travail peu flexible.

Des mesures protectionnistes pour réindustrialiser

Le protectionnisme est une notion économique en lien avec la mondialisation. Néanmoins, le protectionnisme est une attitude et un ensemble de mesures visant à privilégier l’activité économique nationale en limitant ses dépendances. Les gouvernements peuvent alors utiliser les plans de relance de 100 milliards d’euros, comme celui utilisé par le gouvernement français après la crise sanitaire. Plus récemment, avec le plan d’investissement « France 2030 » de 54 milliards d’euros, permettant d’investir dans l’industrie, l’écologie et les technologies.

L’Union européenne promet aussi des investissements conséquents, permettant d’attirer les entreprises en Europe et les incitant à choisir l’Europe pour construire leur prochaine usine. Ce protectionnisme européen répond au renforcement du plan américain « Buy American Act », qui consiste à privilégier les produits américains (55 % de composants fabriqués sur le sol américain). Les aides et subventions sont réinjectées dans le circuit économique et permettent de le faire fonctionner grâce au multiplicateur keynésien.

Autre possibilité, pourtant contestée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est la mise en place de droits de douane afin d’augmenter le prix de vente des produits importés sur le territoire de l’Union européenne ou de pénaliser financièrement les entreprises étrangères exportatrices. L’objectif étant de réduire les importations. L’Union européenne a également validé la mise en place d’une taxe carbone qui devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année et qui impactera les entreprises exportant sur son territoire.

Enfin, une autre solution est de baisser les impôts de production pour les entreprises produisant sur le territoire national, plus élevés en France que chez ses partenaires économiques. Sur le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, l’impôt sur les sociétés a par exemple diminué. Bruno Le Maire a d’ailleurs rappelé cet été qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôts, ni pour les ménages ni pour les entreprises. Il ne faut pas non plus faire fuir les investisseurs potentiels qui sont bien souvent riches.

Il y a alors deux adoptions sur la table : taxer les riches et risquer qu’ils investissent dans d’autres pays, ou baisser certains impôts afin qu’ils investissent parfois plusieurs milliards en France et créent de l’emploi. Sur le plan économique, la deuxième solution est probablement la meilleure pour les entreprises. C’est en ce sens que l’ISF a été supprimé par le gouvernement lors du premier quinquennat, bien qu’il s’agisse, sur le plan social, d’une décision contestable.

La France, un pays dynamique

Depuis 2019, malgré sa mauvaise santé économique, la France demeure le pays européen le plus attractif d’Europe en termes d’investissements directs étrangers, devant le Royaume-Uni et même l’Allemagne pourtant plus industrialisée que l’Hexagone.

En mai 2023 s’est tenu le sommet « Choose France », qui a réuni de nombreux patrons et investisseurs français et étrangers en présence de ministres et du chef de l’État pour inciter les entreprises à investir sur le territoire national. Résultat de cette rencontre : 13 milliards d’euros d’investissements et 8 000 emplois supplémentaires sur l’ensemble du territoire national.

Un autre atout qui permet à la France d’être attractive est son emplacement géographique, comparé à un carrefour européen, qui permet de rejoindre facilement, grâce à son réseau routier et ferroviaire très développé, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse, l’Italie et l’Espagne ainsi que le reste de l’Europe. Ce qui permet d’accentuer le commerce extérieur des entreprises implantées en France.

Conclusion

Après plus de trois décennies de désindustrialisation et deux crises successives (Covid-19 et guerre en Ukraine), l’Europe se réveille enfin sur sa dépendance industrielle et stratégique à l’égard des Américains et de l’Asie. En 2021, la France a ouvert plus d’usines qu’elle en a fermé, avec un solde positif supérieur à 105.

Cette réindustrialisation à enjeux multiples sur le plan économique, social, sociétal et environnemental pourra-t-elle voir le jour en France, alors que le pays connaît actuellement un équilibre commercial extérieur globalement très négatif, bien qu’il détienne un potentiel certain pour les secteurs agroalimentaires, aéronautiques, militaires, du bois ou encore de la chimie ?