inflation

Le débat sur la shrinkflation et la cheapflation refait surface alors que de nombreux consommateurs s’indignent sur les réseaux sociaux : des tablettes de chocolat allégées de quelques grammes, des biscuits dont la recette change discrètement, des bouteilles de soda légèrement réduites… autant de changements qui passent inaperçus au premier coup d’œil, mais qui impactent bel et bien notre pouvoir d’achat. Ce phénomène, qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre en 2023, revient avec force en ce début d’année 2025, à mesure que l’inflation persiste et que les industriels cherchent à limiter la hausse des prix affichés.

Explication des concepts

La shrinkflation correspond à une réduction de la quantité d’un produit sans aucune modification du prix affiché. Par exemple, un paquet de chips qui passe de 300 g à 275 g, alors que son prix reste identique.

La cheapflation repose sur une baisse de qualité des ingrédients ou des composants du produit sans que cela ne soit explicitement mentionné. Dans ce cas, la recette d’un yaourt intègre plus d’additifs et moins de lait entier pour un même prix.

Ces deux phénomènes sont, en quelque sorte, une réponse des entreprises à la hausse des coûts de production et à l’inflation. Ils consistent à modifier discrètement la composition ou la quantité d’un produit pour éviter d’augmenter directement son prix.

Pourquoi ces pratiques existent-elles ?

La shrinkflation et la cheapflation ne sont malheureusement pas des phénomènes nouveaux. Toutefois, ils prennent de l’ampleur dans un contexte inflationniste. En effet, les entreprises cherchent à préserver leurs marges sans effrayer les consommateurs avec des hausses de prix trop visibles.

La perception des consommateurs joue un rôle clé :

  • Dans la théorie des perspectives, Daniel Kahneman et Amos Tversky expliquent que les individus sont plus sensibles aux pertes qu’aux gains. Une hausse de prix est immédiatement perçue comme une perte, là où une réduction discrète de la quantité l’est beaucoup moins.
  • Milton Friedman affirmait que « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ». Ces stratégies peuvent donc être vues comme une conséquence indirecte de la politique monétaire et des coûts croissants de production.

Quelles sont les conséquences pour le consommateur ?

La Cheapflation et la shrinkflation ont les mêmes conséquences. Dans un premier temps, la baisse progressive du pouvoir d’achat des consommateurs, masquée par des stratégies de marketing. Cela crée ensuite une perte de confiance envers certaines marques et certains industriels. Et, à terme, une vigilance accrue de la part des consommateurs, qui se tournent vers des alternatives, comme les marques distributeurs ou les produits locaux.

Pour expliquer ce phénomène, tu peux évoquer la loi de Gresham. Selon elle, « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». En l’appliquant au concept, cela signifie que si la cheapflation ou la shrinkflation se généralisent, les produits de meilleure qualité risquent d’être progressivement remplacés par des alternatives de moindre qualité.

Comment les autorités réagissent-elles ?

Certaines régulations tentent de limiter ces pratiques afin d’éviter des conséquences néfastes. En 2023, par exemple, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a demandé aux industriels plus de transparence sur les emballages.

La DGCCRF surveille également ces phénomènes et peut sanctionner certaines pratiques jugées abusives. Enfin, l’Union européenne envisage de renforcer l’affichage des prix au kilo afin de limiter la confusion des consommateurs.

Allons-nous vers une prise de conscience collective ?

Face à ces pratiques, plusieurs évolutions sont possibles :

  • une régulation plus stricte au niveau national et européen ;
  • une pression accrue des consommateurs, notamment via les réseaux sociaux ;
  • une adaptation des industriels qui pourraient, à terme, privilégier la transparence pour conserver la confiance des consommateurs.

Ces pratiques vont-elles durer ?

La shrinkflation et la cheapflation illustrent une inflation déguisée qui pèse sur le consommateur. Si ces stratégies permettent aux entreprises de préserver leurs marges, elles risquent aussi d’éroder la confiance des acheteurs.

Dans un contexte économique incertain, ces pratiques vont-elles devenir la norme ou, au contraire, disparaître sous la pression des consommateurs et des régulateurs ?