courants économiques

Souvent, en prépa, on connaît les grands courants économiques, mais on a du mal à faire la différence entre les divers courants économiques contemporains. Pas de panique ! Cet article est là pour t’aider à bien connaître les caractéristiques propres de chacun des courants !

Les courants économiques classiques

Le néolibéralisme

Le néolibéralisme est un courant économique qui prône la libre entreprise, la déréglementation, la réduction de la taille du gouvernement et la promotion des marchés libres. Il a dominé la pensée économique dans de nombreuses économies occidentales depuis les années 1980.

Pour comprendre ce concept complexe, nous pouvons nous appuyer sur l’œuvre majeure de l’économiste Friedrich Hayek, La Route de la servitude, publiée en 1944. Il repose sur l’idée que les marchés libres et la concurrence sont la manière la plus efficace d’organiser l’économie. Hayek a soutenu qu’un interventionnisme excessif de l’État, comme le contrôle des prix et la planification économique, conduirait à une perte de liberté individuelle et à un affaiblissement de l’efficacité économique.

Dans The Road to Serfdom, il écrivait : « La planification ou la régulation de la production par l’État selon un plan ne peut signifier autre chose que la planification de la vie d’autres personnes par celles qui pensent mieux savoir ce qui est bon pour elles. »

Le néolibéralisme préconise également la privatisation des entreprises publiques, la réduction des impôts et la dérégulation des marchés. Les partisans de cette approche pensent qu’elle favorise l’innovation, la croissance économique et la prospérité générale.

Cependant, le néolibéralisme a également été critiqué pour ses conséquences sociales, notamment l’augmentation des inégalités économiques. L’économiste américain Joseph E. Stiglitz, lauréat du prix Nobel, est l’un des détracteurs notables du néolibéralisme. Dans son ouvrage Le Prix de l’inégalité, il argumente que les politiques néolibérales ont souvent favorisé les riches au détriment des plus démunis.

Le néokeynésisme

Le néokeynésisme est un courant économique qui s’inspire des idées du célèbre économiste John Maynard Keynes tout en les adaptant aux réalités économiques contemporaines.

Pour comprendre cette approche, nous pouvons nous référer à l’auteur et économiste Paul Krugman, dont l’ouvrage The Age of Diminished Expectations (L’Âge des attentes réduites) offre un aperçu significatif du néokeynésisme. Une citation significative de Paul Krugman y résume l’essence : « Dans une économie déprimée, il est essentiel de stimuler la demande et de créer des emplois pour sortir de la crise. Cela peut nécessiter des mesures telles que des dépenses gouvernementales accrues, des baisses d’impôts ou des politiques monétaires accommodantes. »

Le néokeynésianisme préconise la régulation des marchés financiers pour éviter les crises et favorise une politique monétaire accommodante pour maintenir les taux d’intérêt à un niveau bas. Il met l’accent sur la demande effective. C’est-à-dire sur la nécessité de stimuler la demande globale pour maintenir la croissance de l’économie. L’approche des nouveaux keynésiens diffère du néolibéralisme, qui tend à favoriser une intervention minimale de l’État dans l’économie. Elle met plutôt l’accent sur le rôle stabilisateur que l’État peut jouer en utilisant la politique fiscale et monétaire pour atténuer les cycles économiques.

Ce renouveau du keynésianisme est une approche qui s’appuie sur les idées fondamentales de John Maynard Keynes pour résoudre les problèmes économiques modernes. Il met l’accent sur la nécessité d’une intervention publique en temps de crise pour stimuler la demande et promouvoir la croissance économique, tout en continuant à alimenter le débat sur la meilleure façon de gérer l’économie dans un monde en constante évolution.

Les visions modernes, en plein développement

L’économie comportementale

Ce courant étudie comment les individus prennent des décisions économiques en tenant compte de facteurs psychologiques et comportementaux. Il remet en question l’idée traditionnelle de l’agent économique rationnel. Elle s’intéresse à la manière dont les êtres humains prennent des décisions économiques en tenant compte des biais cognitifs, des émotions et des heuristiques qui influencent leur comportement.

L’un des pionniers majeurs de cette discipline est Richard H. Thaler, dont l’ouvrage Nudge: Improving Decisions About Health, Wealth, and Happiness (Coup de pouce : Améliorer les décisions concernant la santé, la richesse et le bonheur) est une référence incontournable. L’économie comportementale s’oppose à l’hypothèse traditionnelle de l’agent économique rationnel, qui suppose que les individus prennent toujours des décisions logiques basées sur l’utilité maximale.

D’autre part, Thaler et d’autres chercheurs en économie comportementale montrent que les êtres humains sont souvent sujets à des biais cognitifs tels que la procrastination, l’aversion pour les pertes et l’influence des émotions sur leurs décisions économiques.

L’un des concepts centraux de l’économie comportementale est le « nudge ». C’est-à-dire la conception de politiques publiques ou de préférences qui encouragent les individus à prendre des décisions bénéfiques pour eux et pour la société. Par exemple, changer la façon dont les options de pension sont présentées peut encourager les gens à épargner davantage pour leur retraite.

Économie de l’innovation

Avec l’accent mis sur la technologie et l’innovation, cette approche examine comment l’innovation affecte la croissance économique, la productivité et la compétitivité des entreprises.

Parmi les penseurs majeurs dans ce domaine, Joseph Schumpeter est une figure emblématique. Son ouvrage Capitalisme, Socialisme et Démocratie a largement contribué à définir cette perspective. Il est connu pour sa citation : « Le processus de création d’une entreprise innovante détruit continuellement les anciennes structures économiques et en crée de nouvelles. Ce processus est l’essence même du capitalisme. »

L’économie de l’environnement

En réponse aux défis environnementaux, cette approche se concentre sur l’interaction entre l’économie et l’environnement. Elle examine des questions telles que le changement climatique, la durabilité et l’utilisation des ressources.

En parallèle de l’économie de l’environnement se développe également l’économie du développement. Elle se penche sur les inégalités économiques mondiales, les stratégies de réduction de la pauvreté et la croissance économique des pays en développement.

Un auteur majeur dans ce domaine est Amartya Sen. Dans son ouvrage Développement et Liberté, Sen souligne l’importance de la liberté individuelle en tant que moyen et enjeu fondamental du développement. Sa citation notable est la suivante : « Le développement consiste à augmenter la liberté réelle dont disposent les gens à mener les sortes de vie qu’ils apprécient. »

L’économie expérimentale

Voici une branche de l’économie contemporaine qui a su exercer une influence très concrète et positive sur la contribution des sciences économiques au bien-être général. L’idée générale de l’économie expérimentale est de réaliser des tests empiriques et des expériences aléatoires afin d’élucider les meilleures méthodes d’intervention étatique.

Deux têtes de ce mouvement sont lauréates récentes d’un prix Nobel : Esther Duflo en 2019 et David Card en 2021. On peut citer les travaux empiriques portant sur la pauvreté et l’efficacité des aides publiques d’Esther Duflo, notamment Repenser la pauvreté et Économie utile pour des temps difficiles (résumé ici). Pour David Card, on peut citer son étude sur une augmentation du salaire minimum aux États-Unis, dans une zone économique à la frontière de deux États (seulement l’un des deux augmente le salaire minimum, on obtient donc une situation quasiment « toutes choses égales par ailleurs » afin de tirer des conclusions solides).

Dans cette étude, nommée Minimum Wages and Employment: A Case Study of the Fast Food Industry in New Jersey and Pennsylvania, Card et son co-auteur Krueger aboutissent sur une information précieuse pour la politique publique : l’augmentation du salaire minimum n’a pas heurté l’emploi, car le marché du travail était déjà déséquilibré en faveur des employeurs (qui formaient un oligopsone, autrement dit quelques « gros » demandeurs d’emploi).