compétitivité

Tu as sûrement déjà entendu le terme de compétitivité au cours de tes études. Cependant, sais-tu réellement à quoi correspond cette notion et quels sont les enjeux qu’elle recouvre ? Si la compétitivité est un sujet central en économie, elle est aussi au cœur de nombreux sujets aux concours. C’est pourquoi je te propose de découvrir tout ce qui se cache derrière cette notion à travers cet article.

Qu’est-ce que la compétitivité ?

Concrètement, c’est la « capacité d’un pays à tirer avantage de son intégration internationale dans le but d’améliorer sur le long terme le niveau de vie de l’ensemble de ses citoyens » (Flora Bellone et Raphaël Chiappini, La compétitivité des pays, 2016). Être compétitif passe généralement par trois canaux principaux :

– les prix (compétitivité prix) ;

– les coûts (compétitivité coût) ;

– tout ce qui relève davantage de la qualité des produits (compétitivité hors prix et hors coût).

On comprend donc qu’elle relève à la fois de facteurs quantitatifs (prix et coût) mais aussi qualitatifs (innovation, intérêt social…).

À partir des années 90, les nations, poussées par certains économistes, se sont lancées pleinement dans le processus de mondialisation. On qualifie d’ailleurs souvent cette période d’hypermondialisation par l’intensité des échanges internationaux à partir de cette période.

La condition première pour tirer profit de la mondialisation est justement d’être le plus compétitif possible. Ainsi, toutes les décisions économiques prises ces dernières décennies ont eu pour principal objectif de rendre les pays encore plus compétitifs. Cependant, l’omniprésence de la compétitivité comme objectif principal des décisions économiques inquiète. En effet, c’est une notion complexe et donc souvent mal comprise. Nombreux sont les économistes qui s’inquiètent du développement de ce modèle du tout compétitivité. Paul Krugman, par exemple, qualifiait en 1994 la compétitivité « d’obsession dangereuse ».

Quelles sont les conséquences du tout compétitivité ?

Avec la « généralisation des compétitions » (Pierre-Noël Giraud), les entreprises et les nations sont obligées de jouer le jeu de la concurrence. Se dessine alors une véritable course au moins-disant social et fiscal. Les pays et entreprises font baisser leurs coûts au maximum (moins d’aides de la part de l’État, licenciements, délocalisations…). Ils attirent les capitaux étrangers avec une fiscalité avantageuse afin d’être plus compétitifs que les autres pays/entreprises. Cette compétition internationale mène fatalement à des politiques non coopératives entre les pays. C’est le cas par exemple de la politique internationale menée par Donald Trump (taxes, quotas d’importation, droits de douane…). Les excédents commerciaux des uns nécessitent toujours les déficits des autres.

L’escalade des tensions internationales n’est malheureusement pas la seule conséquence de ce modèle économique centré sur la compétitivité. Comme évoqué précédemment, la non-compréhension de cette notion a conduit les entreprises à baisser leurs coûts de production et leurs prix au maximum. Ainsi, c’est toute la dimension qualitative de la notion de compétitivité qui est passée au second plan ces dernières décennies. L’apparition de compagnies low cost sur certains marchés illustre parfaitement ce phénomène de dégradation en termes de qualité. Le secteur public n’est pas épargné lui non plus par ces changements. En effet, le manque de lits de réanimation et de personnel dans les hôpitaux publics français durant la crise du coronavirus est aussi une conséquence plus ou moins directe du tout compétitivité.

Conclusion

La mauvaise compréhension et la simplification excessive des ressorts de la compétitivité ont conduit à des décisions politiques non optimales et à un modèle économique qui n’est plus soutenable en l’état actuel des choses (cf. le sujet HEC 2020 ici et l’analyse ici). La compétitivité est aussi la capacité à innover, à accroître la productivité et le niveau de vie. Certains économistes préfèrent d’ailleurs employer le terme de productivité plutôt que de compétitivité en raison de la complexité de cette dernière.