L’arrivée de Trump en tant que nouveau président à la Maison-Blanche risque d’avoir des conséquences économiques notables, à court comme à long terme, les États-Unis étant la première puissance économique mondiale. Si certains y voient une bonne nouvelle et se réjouissent déjà d’une réaction positive des marchés financiers, d’autres s’inquiètent des conséquences à plus long terme sur divers secteurs de l’économie.
Le constat : une réaction positive des marchés financiers
Considérée comme le plus grand come-back de l’histoire de la politique, l’élection de Donald Trump, le 5 novembre 2024, marque un tournant dans la vie politique américaine.
Celui qui avait été élu en 2016 face à Hillary Clinton revient ainsi plus fort, devançant de plus de cinq millions de voix sa concurrente Kamala Harris. C’est la première fois depuis 2004 qu’un candidat républicain remporte le vote populaire.
Les marchés américains passent au vert
Les attentes suscitées par l’élection de Donald Trump pour les entreprises américaines sont considérables au vu du programme du futur président des États-Unis, qui considère que les entreprises nationales doivent être le vrai moteur du pays pour que l’Amérique redevienne « belle ».
De manière globale, le S&P 500 (indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées aux États-Unis) a augmenté de 4,5 % entre la veille et le lendemain de l’élection, ce qui montre l’enthousiasme des investisseurs.
De même, le cours du dollar a confirmé sa hausse, s’appréciant notamment face à ses principaux concurrents, tels que l’euro. En effet, le 5 novembre, il fallait débourser 91 centimes pour obtenir un dollar, contre 95 centimes une semaine plus tard (appréciation de 4,4 % sur la période), renforçant alors le poids du dollar face à l’euro.
L’explosion des cryptomonnaies
Différence majeure entre démocrates et républicains, la gestion des cryptomonnaies était aussi en jeu lors de cette élection. Et l’élection du candidat républicain a provoqué une hausse jamais vue du cours de celles-ci, particulièrement du Bitcoin, la cryptomonnaie la plus importante du marché. Cela est dû à la volonté de Donald Trump d’imposer un cadre réglementaire laxiste vis-à-vis de ces actifs. Il déclarait pendant sa campagne vouloir faire des États-Unis « la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies ».
Dans le même temps, la démission de Gary Gensler (président anti-cryptomonnaie de l’Autorité de régulation des marchés financiers) a renforcé la confiance des investisseurs qui croient en une future dérégulation du marché. Concernant les chiffres, l’explosion du Bitcoin est massive : de 68 000 $ au moment de l’élection, il franchit la barre des 90 000 $ une semaine plus tard, et vient frôler les 100 000 $ dès le 22 novembre. Un record pour cet actif, qui aura donc grimpé de plus de 44 % en quelques semaines, et de plus de 120 % depuis le 1er janvier 2024.
Quel programme économique pour le 45ᵉ président des États-Unis ?
Une baisse des impôts drastique
Cette volonté de baisser considérablement les impôts, entamée au cours de son premier mandat, reste un des piliers majeurs du programme de Donald Trump. Il souhaite, par exemple, baisser l’impôt sur les sociétés. Ce dernier, situé à 35 % en 2017, pourrait descendre sous la barre des 20 %, voire approcher des 15 %. Ce qui aurait pour conséquence de soutenir les entreprises, en augmentant leurs bénéfices, mais aussi d’accroître les inégalités, puisque les entreprises ne transmettraient pas proportionnellement cette hausse des bénéfices sur les bas salaires.
Enfin, cette mesure a également pour conséquence de réduire les recettes de l’État et donc d’accroître le déficit public déjà considérable aux États-Unis (6,4 % du PIB). Pour réduire ce déficit, Donald Trump prévoit de réaliser une grande « coupe » dans les dépenses du gouvernement, en nommant Elon Musk à la tête du ministère de « l’Efficacité gouvernementale ». Leur objectif est de baisser de 2 000 milliards de dollars le budget du gouvernement fédéral, qui s’établit autour de 7 000 milliards.
Une hausse des droits de douane
Dans le cadre de son programme économique, Donald Trump a exprimé sa volonté d’augmenter considérablement les droits de douane, entre 10 % et 20 % sur les importations en provenance de n’importe quel pays, mais surtout celles venant de Chine et de l’Union européenne. Ces hausses, ayant pour but de « punir la Chine », pourraient atteindre jusqu’à 60 % sur des produits, tels que l’acier, l’aluminium ou encore certains biens manufacturés. Elles visent officiellement à protéger l’industrie américaine et à relocaliser des emplois aux États-Unis.
Toutefois, les conséquences pour les Américains pourraient s’avérer négatives. L’augmentation des tarifs douaniers entraînerait une hausse des prix pour de nombreux produits importés, réduisant le pouvoir d’achat des ménages, en particulier ceux à revenus modestes, qui dépendent de biens abordables souvent fabriqués à l’étranger.
Par ailleurs, cette stratégie commerciale risque de déclencher des représailles de la part des pays affectés, comme l’Union européenne, qui pourrait imposer à son tour des droits de douane sur des produits américains stratégiques, tels que le soja, les avions ou le bourbon. Selon le CEPII, cette hausse des droits de douane devrait provoquer une baisse du commerce mondial en volume de 3,3 % d’ici à 2030.
Une dérégulation totale
À l’image de l’écosystème des cryptomonnaies, Donald Trump devrait poursuivre une vaste vague de libéralisation de l’économie dans de nombreux secteurs. Il avait déjà fait ses preuves lors de la Covid, avec un investissement massif dans la recherche pour un vaccin, en tentant de booster les partenariats public-privé (voir le modèle DARPA à l’américaine), ce qui a inévitablement stimulé l’innovation.
Dans son prochain mandat, le Président américain poursuivra sur cette lancée, en développant, par exemple, le modèle de la voiture autonome avec pour but que la société américaine puisse développer un modèle de taxi 100 % automatisé. Dans ce programme économique de dérégulation, le poids d’Elon Musk se fait sentir. En plus des voitures autonomes (lien avec Tesla), le républicain a pour grand projet de conquérir Mars (lien avec SpaceX), où les États-Unis semblent avoir pris du retard face à leurs voisins chinois, au vu des récentes avancées de ces derniers.
Conclusion
En plein dans l’actualité, cette élection transversale pourra être mobilisée dans de nombreuses analyses, notamment sur le protectionnisme, la fiscalité, l’innovation ou encore la gestion des cryptomonnaies.
Prenons, par exemple, le sujet de l’ESCP 2024 : « L’ouverture au commerce international appartient-elle au passé ? », où la politique de Trump a dû très certainement être valorisée.