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On est en présence de sujet assez classiques. Pour ces deux sujets, s’interroger sur la notion d’innovation offrait des perspectives intéressantes pour faire une troisième partie.
Analyse du premier sujet :
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Quelques remarques:
– Notons tout d’abord que la gouvernance d’entreprise, tout comme la notion d’entreprise, a été pendant longtemps oubliée par la science économique: SMITH parlait de manufactures, MARX de “capitalistes”, WALRAS de microéconomie du “producteur”, KEYNES d’entrepreneurs!
La gouvernance d’entreprise « renvoie à la structure et à l’exercice du pouvoir dans les entreprises » (Antoine REBERIOUX). On distingue la gouvernance SHAREHOLDER (au profit de l’actionnaire) de la gouvernance STAKEHOLDER (qui prend en compte les intérêts d’une pluralité d’acteur: actionnaire, salariés, sous-traitant, consommateur etc…). Cette dernière est proche de la RSE (responsabilité sociale/sociétale de l’entreprise).
Parmi les références attendues on peut citer: WALRAS et la microéconomie, COASE avec les coût de transaction, BERLE & MEANS (The modern corporation and private property, 1932) avec le conflit possible entre actionnaire et manager au sein de la gouvernance, JENSEN & MECKLING et leur théorie de l’agence (incontournable pour ce sujet). Des éléments de la sociologie des organisations auraient été les bienvenus (CROZIER, MASLOW, MAYO…)
L’enjeu du sujet est de définir “bonne” gouvernance. Bonne pour qui ? Au regard de quel objectif ?
Il convient aussi d’analyser l’évolution de la structure des entreprises et de leur contrôle: entreprise familiale au XIXème siècle, cas des grandes entreprises publiques en France pendant les Trente Glorieuses, financiarisation croissance de l’économie à partir des années 1980 (HICKS parle d’une “économie de marchés financiers”) et l’objectif de profit à court terme. (N’oublions pas, au passage, que les banques aussi sont des entreprises!).
Enfin, l’entreprise existe dans un cadre légal défini par la loi, la gouvernance s’insère donc dans des réglementations particulières qui varient d’un pays à l’autre.
Proposition de plan :
I) Une bonne gouvernance a été et est encore une gouvernance au profit des propriétaire de l’entreprise
- Développement de l’actionnariat et gouvernance d’entreprise.
- Victoire des actionnaires et du diktat du profit à court terme?
Transition: STIGILTZ (Quand le capitalisme perd la tête) rappelle que c’est en fait les comptables et les managers qui contrôlent les entreprises grâce à des asymétries d’information (AKERLOF). Les scandales comme celui d’ENRON en témoignent.
II) Néanmoins cette notion de gouvernance stakeholder rencontre des limites
- Vers une gouvernance plus écologique & sociale : RSE, développement durable, …
- Prendre davantage en compte la sociologie des organisations: MAYO, MASLOW etc…
Transition : Les entreprises qui font l’actualité sont les entreprises du numérique : Airbnb, Uber, Google. Dans quelle mesure influencent-elles un changement de gouvernance?
III) À l’heure de l’ubérisation des économies et de la course à l’innovation, la gouvernance doit se repenser.
- Innovation et gouvernance. SCHUMPETER (Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942) avait mis en garde contre la bureaucratisation des entreprises et la montée en puissance des actionnaires qui allaient faire disparaître la figure de l’entrepreneur. Comme l’a montré Clayton CHRISTENSSEN (The Innovator’s Dilemma), il faut donner plus de liberté aux preneurs de risques et leur accorder une place plus importance dans l’organigramme de l’entreprise si celle-ci ne veut pas se faire “disrupter”.
- Les startups: quelle gouvernance? On observe une grande liberté accordée à l’entrepreneur: Mark ZUCKERBERG ou Steve JOBS avant lui disposait d’une très grande flexibilité et semblait peu se soucier des volontés des actionnaires (l’un comme l’autre ont privilégié les objectifs de long terme de l’entreprise plutôt que les impératifs de profits à court terme)
Analyse du second sujet :
Quelques remarques:
– C’est un sujet très classique.
– Il y a un piège: consacrer une ou plusieurs partie(s) entière(s) à exposer les autres explications du chômage dans les pays avancés pourrait être interprété comme hors sujet par certains correcteurs.
– On attend des notions comme “dumping social” (ALLAIS), délocalisation, coût du travail, compétitivité ou encore le dualisme du marché du travail (PIORE & DOERINGER) parce que tous les travailleurs ne sont pas affectés de la même manière (Robert REICH distingue les “manipulateurs de symboles” qui bénéficient de la mondialisation des “travailleurs routiniers” qui en souffrent). Est-ce toujours le cas? Il semble exister un marché mondial et donc une concurrence mondiale pour les salariés à fort capital humain (les PDG de Google et de Microsoft sont indiens aujourd’hui)
– Le sujet fait référence à l’ouvrage de KRUGMAN, la mondialisation n’est pas coupable. Pour lui c’est le progrès technique qui est responsable du chômage et des inégalités, pas la mondialisation.
– La mondialisation peut aussi être une opportunité (source de croissance donc d’emploi si on reprend la loi d’OKUN, par exemple).
– Il faut aussi se demander de quelle mondialisation parle-t-on ? Économique? Financière? Numérique? Après tout, les plus grandes multinationales aujourd’hui semblent être numériques (Facebook, Uber, Google, Amazon…)
Proposition de plan
I) Il semble que la mondialisation puisse expliquer la hausse et la persistance du chômage dans les pays avancés
A) Coût du travail et délocalisation
B) Perte de compétitivité et pertes d’emplois
Transition: ces arguments sont très fallacieux car tout dépend de notre compétitivité et de notre spécialisation. Si on mise sur un effet VEBLEN ou un effet AKERLOF alors le coût du travail n’est plus un problème.
II) Loin d’être responsable du chômage dans les pays avancés, la mondialisation apparaît au pire comme un faux problème, au mieux comme une opportunité pour l’emploi
A) C’est une chance pour l’emploi: nouveaux marchés, nouveaux débouchés, accéder à des marchés mondiaux etc…
B) Faux problème. KRUGMAN: c’est plus le progrès technique biaisé qui est en cause.
Transition: la mondialisation est de plus en plus immatérielle et repose sur une course à l’innovation entre les entreprises et une course à la formation (capital humain, Gary BECKER) entre les travailleurs.
III) Pour que la mondialisation immatérielle et la course à l’innovation ne soient pas responsables du chômage il faut adapter les politiques de l’emploi
A) La “mondialisation immatérielle” (COHEN & VERDIER) et ses conséquences: course à l’innovation et à la formation. Progrès technique et mondialisation ne font qu’un. Le problème du chômage est un problème de déversement (SAUVY, La machine et le chomage , 1980) mais surtout un problème de formation des chômeurs pour faciliter aujourd’hui ce déversement (PASINETTI)
B) Adapter les politiques de l’emploi. Afin que la mondialisation et l’innovation soient réellement une opportunité pour l’emploi, encore faut-il mener les réformes nécessaires. Questionnement sur les politiques structurelles de l’emploi: comment être davantage flexible et compétitif sans sacrifier notre modèle social? Peut-on s’inspirer de la flexi-sécurité danoise? (ALGAN & CAHUC étaient assez pessimistes sur ce point pour la France).
Arnaud LABOSSIERE
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Passé par HEC, Arnaud Labossière enseigne l’économie en classe préparatoire et sur Livementor. Il est l’auteur du manuel L’Essentiel de l’histoire économique (éd. Sonorilon), qui compte parmi les ouvrages les plus vendus de la catégorie. Il y analyse chacune des parties du programme d’ESH sous un angle à la fois historique et théorique, en distinguant pour chaque chapitre le XIXème siècle, le XXème siècle et l’actualité récente. Le manuel est structuré en paragraphes « prêts à l’emploi » pour la dissertation avec des couples théorie-exemple.
Arnaud Labossière est également le créateur de l’application KHUUBE, qui permet de ficher automatiquement ses cours.