C’est l’heure de l’analyse du sujet de ESH ESCP SKEMA 2024 ! Tu trouveras dans cet article l’analyse du sujet d’éco ESCP 2024. Quels étaient les points importants à placer dans sa dissertation ?
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L’analyse du sujet ESH ESCP SKEMA 2024
Le sujet proposé par ESCP-SKEMA cette année est, heureusement pour ceux qui passent les concours, plus classique que celui proposé par HEC-ESSEC : “L’ouverture au commerce international appartient-elle au passé?”. Un sujet donc très actuel, qui force le candidat à développer une réflexion qui dépasse les auteurs fondamentaux du cours; et à contribuer des exemples actuels ainsi que des ordres de grandeur.
Une grosse erreur à ne pas faire, ici, est d’oublier l’existence du monde en développement, ou de développer une réflexion trop théorique (ne pas rester dans sa tour d’ivoire). C’est en effet une distinction importante pour répondre au sujet, montrant que les questionnements sur la réduction des échanges internationaux ne se font pas partout.
De plus, il était aussi crucial de délimiter le sujet. Il est important d’aborder en début de copie et dans l’introduction, les théories fondamentales et les événements historiques majeurs concernant l’expansion des échanges (GATT…). Toutefois, il est très important de ne pas tomber dans une réponse toute faite et hors sujet qui parlerait uniquement des bienfaits ou méfaits du commerce international. L’actualité est l’angle à aborder pour ce sujet.
Aussi, il ne faut pas oublier qu’il y a deux raisons possibles pour affirmer que l’ouverture au commerce international peut appartenir au passé : soit il n’est plus viable et souhaitable, soit il devient impossible. Inversement, l’ouverture appartient au présent si elle demeure à la fois possible et souhaitable.
Enfin, le plus important est de garder les yeux en face des trous : on n’assiste objectivement pas à une démondialisation en raison du simple volume des échanges mondiaux (qui reste très élevé et croissant) et d’à quel point les chaines de valeur sont aujourd’hui fragmentées (ce qui suggère une impossibilité de les “relocaliser”).
Problématique : Dans quelles mesures peut-on affirmer que l’ouverture au commerce international est achevée, ou toujours en progression ?
Proposition de plan :
I- On arrive à une sorte de stagnation dans l’ouverture commerciale, notamment au niveau des PDEM
A) L’ouverture a atteint ses limites, en particulier suite à l’hyper-mondialisation pré-2008
-Depuis les années 1950 et le GATT (1947), hausse très forte des échanges (multiplié par 40 en valeur entre 1913 et 2008), grâce surtout à la baisse des coûts du transport maritime : voie historique et traditionnelle de l’échange international (80% des marchandises en volume sont transportées par la voie des mers en 2017) ; au désarmement douanier…, beaucoup de mesures internationales (Tokyo Round, DIPP facilitée…) -> Tout au long des années 90/2000, dans cette phase les échanges internationaux est supérieure à l’augmentation de la production.
Stop à la crise de 2008 et fin de l’hyper mondialisation / la reprise n’est pas aussi forte ensuite et les crises successives (covid). Le volume mondial de commerce international est 30% inférieur en 2015 que si les échanges avaient suivis la tendance 90-2008.
B) Une fermeture qui est accentuée par les pays et les institutions internationales:
Augmentation des droits de douanes, particulièrement aux USA (et guerre douanière entre les USA et la Chine) accentuent ce retour croissant au protectionnisme. Ces mesures ont été et sont toujours les arguments majeurs de la campagne de Trump (cf. son argument de campagne sur les restrictions des importations de voitures électriques chinoises).
OMC: Parmi les 3000 mesures restrictives mises en place depuis 2008, soit 25% de l’ensemble des mesures prises. Cependant, Leur augmentation a eu un effet dissuasif sur les flux commerciaux, contribuant à une croissance plus faible du commerce international en 2016 (1,7% en volume, alors que la prévision était de 2,8%). Il faut toutefois noter que ces mesures ont un impact limité sur les échanges globaux, mais démontrent une volonté de contrôle des échanges.
C) Une stagnation de l’ouverture qui semble s’inscrire dans le cadre d’une doctrine de la sobriété
Le commerce international a un impact significatif sur les émissions de CO2. Le commerce international est à l’origine de 25% des émissions mondiales de CO2. Shapiro (2016) estime que l’ouverture des frontières élève les émissions mondiales de CO2 de l’ordre de 5 % par rapport à une situation autarcique sans aucun commerce international. Ce chiffre est à la fois non négligeable (environ les émissions annuelles de l’Inde) et faible par rapport aux engagements pris par les pays avancés en matière de réduction des émissions.
Les gouvernements sont de plus en plus favorables à une relocalisation partielle des produits stratégiques (cf. Crise Covid)
II- Mais les pays en développement et PMA ont encore à gagner à s’ouvrir économiquement; et on constate toujours un flux d’ouvertures marginales et sectorielles chez les PDEM
A) Les pays les plus pauvres ont toujours un fort intérêt à s’ouvrir au commerce international
L’indice Grubel-Lloyd (1971, Intra-Industry Trade), qui mesure le niveau d’intégration aux chaînes de valeurs internationales (dans le cadre de la DIPP), est très positivement corrélé au PIB/habitant : l’indice GL de tous les PMA est inférieur à 5 alors que presque aucun pays développé n’est en-dessous de 20 (la France et l’Allemagne sont à 45; les USA entre 30 et 35).
De plus, on constate que la moitié des baisses des droits de douane du XXIe siècle viennent d’initiatives unilatérales de pays en développement (donc sans demander en retour une baisse similaire des partenaires commerciaux); i.e. ces pays perçoivent la mondialisation comme une opportunité (Bureau et al, 2019 : Competing Liberalizations : Tariffs and Trade in the twenty-first century).
B) L’ouverture commerciale des pays riches n’est pas réellement achevée :
Les accords du CETA, qui ont été ratifiés et qui sont actuellement mis en place en Europe et au Canada : la taille du canada en fait un enjeu relativement marginal pour l’Europe, mais cela demeure marginalement positif.
Un ensemble de nouveaux accords commerciaux fleurissent dans les pays développés, surtout des accords précis sectoriels concernant les nouvelles technologies ou le droit à la propriété (article de JM Siroën, publié dans Alternatives Economiques en 2020: “L’avenir des traités commerciaux”).
C) Une ouverture construite de plus en plus autour des impératifs écologiques
Le système “CBAM” mis en place en Europe (Carbon border adjustment system) : si les firmes Européennes souhaitent importer des produits venant d’autres pays, elles devront payer une taxe carbone équivalente à celle qu’ils auraient payé s’ils avaient pollué la même quantité en Europe. Cette initiative permet de compléter le I)C) en suggérant la possibilité d’une ouverture commerciale éco-responsable.
III- La fin de la l’ouverture semble peu réaliste et néfaste économiquement pour une majorité des pays
A) Déjà car la mondialisation est résiliente et semble fonctionner par “effets de criquet” :
Sébastien Jean et Al, dans “Les chaînes de valeur mondiales à l’épreuve de la crise sanitaire”, trouvent que, si en cas de crise le volume des échanges internationaux chute plus vite que le PIB, les chaînes de valeur sont trop fragmentées (i.e. un produit passe par trop de pays avant d’être un bien fini : seulement 2% de la valeur ajoutée des téléphones Samsung correspond à leur assemblage, par exemple). Si un recul de cette fragmentation peut arriver dans des cas de tensions géopolitiques (par exemple entre Taiwan et la Chine), on n’a jamais observé de défragmentation substantielle des chaînes de valeur internationales. Sébastien Jean, économiste français expert dans le domaine du commerce international, déclarait en 2017 : “La démondialisation n’aura pas lieu”.
B) Une fin de l’ouverture n’est pas une solution à préconiser, le protectionnisme n’ayant jamais été une stratégie efficace
Ce n’est pas une solution viable : Perte de 0,5 points de pourcentage par rapport à la croissance potentielle des USA (environ 3%) du fait de la guerre commerciale contre la Chine et les mesures protectionnistes de droits de douanes mises en place. Une multitude d’autres exemples et chiffres étaient recevables ici.
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