C’est l’heure de l’analyse du sujet de ESH ESCP SKEMA 2025 ! Tu trouveras dans cet article l’analyse du sujet d’éco ESCP 2025. Quels étaient les points importants à placer dans sa dissertation ?
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L’analyse du sujet ESH ESCP SKEMA 2025
Le sujet d’ESH ESCP/SKEMA de 2025 est enfin tombé : “Comment la théorie économique appréhende-t-elle l’entreprise ?”.
Ce sujet a pu surprendre les préparationnaires de deux voire trois manières. Déjà, le sujet consacre un chapitre mineur du programme d’ESH de première année : celui sur l’entreprise. A ce titre, cette notion est bien moins développée par les professeurs que d’autres chapitres (tel la mondialisation par exemple) et traiter le sujet en est ainsi d’autant plus difficile. Ensuite, l’intitulé même du sujet avec la question qui commence par “Comment” suggère un plan thématique ou historique, loin d’une certaine habitude des sujets qui, si l’on regarde les annales, sont plus enclin à être traité de manière analytique. Enfin, plus encore que de réduire le sujet au chapitre sur l’entreprise, l’intitulé semble écarter une certaine forme d’empirisme en posant le terme de “théorie économique”. Ainsi, une grande partie du chapitre consacré aux mutations des formes d’entreprise depuis le XVIII ou le XIXe siècle sera d’utilité mineure pour traiter le sujet.
Pour ainsi dire, ce sujet apparait particulièrement discriminant, dans la mesure où ce dernier traite d’une partie très faible du programme d’ESH, mais ayant l’utilité de pouvoir discriminer les candidats selon leur révision des chapitres mineurs du programme.
Passons donc à l’analyse plus concrète du sujet :
Le terme d’“entreprise” renvoi, selon la définition de l’INSEE qui n’aura pas échappée à certains étudiants, à : “la plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes.” Dit plus succinctement, l’entreprise est une unité économique, juridiquement autonome dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché.
Si l’on cherchait à définir la notion de “théorie économique”, il pouvait être intéressant, même si difficile, de revenir sur les propos de l’économiste français Raymond Barre qui la définissait comme le fait “d’élaborer des concepts, de rechercher les déterminants, les effets des phénomènes, de mettre à jour les relations générales et stables qui s’établissent entre eux, d’abstraire de la réalité une explication simplifiée du fonctionnement de l’économie”. On pouvait également la définir par opposition à la réalité empirique, c’est-à-dire les faits concrets observables de l’économie.
Problématique : Comment la conception théorique de l’entreprise a t-elle évolué depuis le XVIIIe siècle ?
I. Jusqu’au XIXe siècle, l’entreprise est analysée de manière mineure par la théorie économique
A. La firme est avant tout considérée comme un simple agent de production
Chez SMITH (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776), l’entreprise est analysé comme le simple moyen de la division du travail. Dans son ouvrage, ce dernier analyse concrètement la division du travail dans une manufacture d’épingle. La division du travail permet la spécialisation du travailleur dans une seule tâche, ainsi la productivité augmente par effets de répétition et d’apprentissage.
B. Dans la théorie néoclassique, l’entreprise est une “boite noire”
WALRAS (Eléments d’économie politique pure, 1874) définit l’entreprise comme un agent qui optimise la production (output) sous contrainte de budget et de faisabilité technologique. L’entreprise néoclassique est une “boite noire” : cela signifie qu’elle est l’objet d’une étude de surface, opaque aux relations internes à l’entreprise. Il s’en suit qu’elle a pour objectif de maximiser le profit du producteur et recours au marché pour se fournir en facteurs de production (K et L : le capital et le travail).
Cette approche n’est pas exempt de critiques : F. MACHLUP (1971) la considère comme une approche simpliste de la firme qui tend à la considérer comme un « pantin abstrait sorti d’une éprouvette intellectuelle et arbitrairement dotée de quelques traits humains ».
II. Durant la première partie du XXe, l’entreprise devient véritablement l’objet de conceptions théoriques
A. Une théorie des relations internes dans l’entreprise
Toujours dans un objectif de rentabilité, TAYLOR (Shop Management, 1903) élabore l’organisation scientifique du travail (OST) en se fondant sur : la division horizontale du travail et surtout la « one best way » : un seul geste utile imposé au travailleur, avec une séparation nette entre conception et exécution. Cette méthode permet des gains de productivité et in fine une hausse de la rentabilité de l’entreprise.
Il était ensuite possible de développer la théorie fordiste (1913) qui précise le taylorisme en développant notamment la standardisation de la production et le travail à la chaîne.
Ensuite, on pouvait développer des auteurs comme PENROSE (The Theory of the Growth of the Firm, 1959) qui définit la firme comme un agrégat d’individus dotés de compétences, et de ces compétences naissent la compétence de l’entreprise. La compétence de la firme se construit au cours du temps avec les dépenses de recherche et développement et le capital humain, autrement dit la formation des individus.
JENSEN et MECKLING (The Theory of the Firm : Managerial Behavior, Agency Costs, and Ownership Structure, 1976) précisent cette idée en définissant la firme comme un « nœud de contrats » entre des acteurs divers (fournisseurs, distributeurs, salariés etc…). L’entreprise est ainsi analysée par ses relations internes de manière complexe.
B. Une conception globale de l’entreprise par ses relations avec le marché
Si la théorie économique développe une vision de l’entreprise à partir de son organisation interne, une partie de la théorie développe une vision de l’entreprise par ses relations externes (avec le marché).
Ronald COASE (The Nature of the Firm, 1937) présente ainsi la firme comme une alternative au marché. Le producteur a deux choix : réaliser la production en interne (make) ou l’externaliser (buy). La firme (représentée par le coté “make” est donc une alternative au recours au marché (“buy”). Cette analyse trouvant une portée particulière à l’heure de la mondialisation (cf, III.A)
On pouvait ensuite développer ici le rôle de l’entrepreneur comme moteur de l’entreprise qui modifie in fine le marché. Il y a plein d’auteurs pour appuyer ce propos : citons notamment le chef de file de cette école, SCHUMPETER (Théorie de l’évolution économique, 1913)
VINER (Cost curves and supply curves, 1932) montre quant à lui, toujours dans une appréciation globale de l’entreprise, que les objectifs de la firme diffèrent dans le court terme et le long terme. A court terme, il doit composer avec des facteurs disponibles en quantité fixe et d’autres en quantité variable. A long terme, l’entrepreneur peut procéder à des changements technologiques et faire varier le volume de production.
III. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la conception de l’entreprise se précise et évolue
A. L’entreprise insérée dans la mondialisation
John DUNNING (International Production and the Multinational Enterprise, 1981) montre avec le modèle OLI que l’entreprise s’internationalise parce qu’elle y trouve trois formes d’avantages : Ownership advantage, Localisation advantage et Internalisation advantage.
Pour A. CHANDLER (La Main visible des managers, 1977), la firme unitaire (U) ayant un système très centralisé laisse place à la firme multidivisionnelle (M) qui permet une extension de l’entreprise par une division de ses activités entre différents territoires et donc par un système de hiérarchie plus complet.
Plus encore, l’entreprise à l’heure de la mondialisation conclue des alliances dites stratégiques : GULATI et GARGIULO (Where Do Interorganizational Networks Come From?, 1999) analysent ces dernières entre des firmes américaines, européennes et japonaises.
B. La responsabilité de l’entreprise
Ici, on pouvait inclure une partie des développements du sujet 2 d’Ecricome dont voici l’analyse. Attention toutefois à ne garder que les informations qui sont pertinentes pour cette sous-partie. Voici par exemple un ouvrage intéressant pour une telle sous-partie
SEGRESTIN et HATCHUEL (Refonder l’entreprise, 2012) proposent un nouveau régime juridique pour les sociétés françaises, la société à objet social étendu (SOSE). En effet, une firme avec un tel objet social pourrait poursuivre ses objectifs sociaux ou environnementaux de manière plus flexible, sans que les actionnaires puissent critiquer la poursuite des objectifs extra financiers de l’entreprise.
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