épreuve ESH ESSEC 2021

Découvrez l’analyse du sujet d’ESH ESSEC 2017  !

On est en présence d’un sujet paradoxal. Voir l’Europe tomber comme sujet n’est pas vraiment surprenant. L’Europe est au cœur des débats économiques et sociaux depuis des années. Avec la crise des dettes souveraines, la question de l’austérité (critiquée sévèrement par STIGLITZ dans Stagnation by Design en 2016) ou encore le Brexit, on voit mal comment l’Europe ne pouvait pas être sur la liste des pronostics de tout prof d’ESH qui se respecte ! On peut aussi ajouter que l’élection présidentielle française a pris la forme d’un débat pour ou contre l’Europe avec des candidats comme Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Marine Le Pen qui ont clairement pris position contre l’Europe. De l’autre côté Fillon ou encore Macron suggéraient de maintenir de l’Europe mais de la renforcer. Précisément parce que son extension semble d’être accompagnée d’une intensité contradictoire .

  • L’Europe est à la fois très présente : monnaie et politique monétaire (pour les pays membres de la Zone Euro) réglementation, budget pharaonique de la PAC, imposition de cures d’austérité sans concession en Grèce, politique de la concurrence et libéralisation des marchés depuis les années 1990 …
  • En même temps l’Europe paraît absente d’enjeux clés ou juste insuffisante: question fiscale pour éviter la concurrence fiscale entre les territoires, l’État providence (sauf quand il s’agit de le démanteler celui en Grèce …), la sécurité (quid de l’Europe de la défense) etc.

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Une des grandes difficultés du sujet est de définir “extension” et “intensité“. C’est presque philosophiques comme concepts ! Je disais un peu plus haut que ce sujet était paradoxal. Pourquoi ? Parce que derrière l’apparent caractère prédictible de ce sujet et le fait que ça soit un sujet de cours “classique” (ce n’est pas comme s’ils avaient mis “économie de la connaissance” ou un truc comme ça. On est dans un chapitre clair dont les contours sont définis par le programme officiel), il est assez difficile à traiter à et à définir. Il faut donc réfléchir et pas rebalancer une dissertation ou un plan appris par coeur (ça peut fonctionner, mais je suggère toujours à mes élèves de réfléchir et de recycler au mieux des sous-parties).

  • Pour extension : je serai tenté de parler d’extension géographique. Celle-ci est double : extension de l’UE et extension de la zone euro. Du côté géographique on peut parler évidemment des PECO (Hongrie, Roumanie, Pologne …). Il y avait la question de la Turquie, mais je pense qu’on leur a fait comprendre qu’on n’avait pas trop envie de les avoir dans l’EU. On pourrait mettre dans extension, l’extension des prérogatives de l’Europe, mais à mes yeux cela renvoie surtout à de l’intensité.
  • L’intensité correspond à l’approfondissement des relations (commerciales, diplomatiques, financières, culturelles …) entre les pays avec le développement d’un vrai espace économique cohérent. Cela a été rendu possible par de nombreuses politiques et mesures : directive Bolkestein, Processus de Bologne, projet Erasmus, politique de la concurrence, politique monétaire (pour les pays concernés), alignement des politiques budgétaires (Pacte de Stabilité et de Croissance de 1997), réglementations financières , politique agricole, normes écologiques …

Petite analyse personnelle (puisque le sujet demande notre avis …), si l’Europe ne fonctionne plus assez bien aujourd’hui, c’est dû au manque de transparence et de démocratie des institutions européenne (ce que Karl POPPER appelait une “société ouverte”, j’en avais parlé dans la conclusion de mon propre cours sur l’Europe. Jean-Paul FITOUSSI est aussi célèbre pour avoir critiqué ce manque de légitimité démocratique). Le moins qu’on puisse dire c’est que le processus de prise de décision à Bruxelles apparaît très opaque et idéologique (pourquoi une cible d’inflation de 2 % et un déficit budgétaire de 3 % ? Ça sort d’où ?). Enfin, l’Europe est trop occupée à pinailler sur le poids des sardines pêchées et sur la circonférence des poireaux homologués plutôt que de faire face sérieusement aux grands enjeux du XXIe siècle : où est l’ambition écologique de l’Europe (que Jeremy RIFKIN appelait de ses voeux) ? Où sont nos équivalents des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) ? La Chine, l’Inde ou encore la Corée du Sud ont de réelles ambitions technologiques et entendent peser dans la “bataille des algorithmes et de l’intelligence artificielle” (Laurent ALEXANDRE, Google Démocratie). Mais nous… non…  Pourtant l’Europe a des atouts: cursus universitaires d’excellence, startups d’envergure mondiale (Soundcloud, Zalando, Spotify, Rocket Internet…) et une capacité à attirer les talents du monde entier.

 

Voici maintenant une proposition de plans :

I) L’actualité économique nous rappelle qu’effectivement l’extension de l’Europe s’est faite au détriment de son intensité. Cela au point d’arriver à un risque de délitement de la construction et de la coopération européenne.

II) Néanmoins, un constat empirique nous apprend qu’à travers son histoire l’Europe a su allier extension et intensité

III) Pour renouer avec cette possibilité, l’Europe a besoin de réformer ses institutions pour devenir une Europe plus démocratique, transparente, compétitive et schumpétérienne !

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Arnaud Labossière, est le fondateur du site Réussir-esh consacré à l’économie en prépa HEC. Il a aussi créé le logiciel Pandanote (anciennement appelé “Khuube”) qui permet de ficher automatiquement ses cours.