ESH HEC BCE 2021

La tant redoutée épreuve ESH HEC 2021 est enfin passée. Soulagé, déçu ? Quoiqu’il en soit, on te donne dans cet article quelques éléments d’analyse de ce sujet pour vérifier que tu es parti dans une bonne direction lors de l’épreuve. Si ce n’est pas le cas, pas d’inquiétudes, il te reste de nombreuses épreuves pour briller ! Si tu n’as pas encore découvert le sujet, tu peux le retrouver ici tout de suite !

Tu peux d’ores et déjà retrouver toutes les actualités des concours BCE sur notre page dédiée Inside Concours BCE 2021.

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L’analyse du sujet ESH HEC 2021

Toute destruction est elle créatrice ?

D’emblée, on peut voir que le sujet fait une référence à Schumpeter et sa théorie de l’innovation, popularisée en 1942 dans son livre Capitalisme, Socialisme et Démocratie, et au chapitre dédié du programme (de 1ère année) sur la croissance économique et ses théories.

Il convient donc, pour commencer, de définir ce qu’est la destruction créatrice et le contexte dans lequel cette expression a été introduite. Pour Schumpeter, l’innovation, portée par les entrepreneurs, est le moteur de la croissance économique sur le long terme. Ces innovations entraînent l’économie dans un “ouragan perpétuel” : ainsi, une innovation peut détruire de la valeur sur un marché (destruction d’emploi, produits devenus obsolètes, disparition complète d’entreprises, quelle que soit leur taille).

En lien avec cette première notion, il semble important de définir ce qu’est une innovation pour Schumpeter, afin de bien comprendre la portée du sujet. ll distingue à l’origine cinq types d’innovations :

  • la fabrication de biens nouveaux ;
  • les nouvelles méthodes de production ;
  • l’ouverture de nouveaux débouchés ;
  • l’utilisation de nouvelles matières premières ;
  • une nouvelle organisation du travail.

Chaque type d’innovation peut alors engendrer une destruction créatrice, comme la photo numérique a peu à peu fait disparaître la photographie argentique. Il sera sans doute de bon ton d’utiliser des exemples historiques, des différentes révolutions industrielles afin d’illustrer votre propos.

Une définition simple de la destruction serait l’action d’altérer profondément, ou de faire disparaître, au sens large ou au sens économique (que ce soit micro ou macro). Ainsi, on peut avoir une destruction d’entreprise, d’un produit, d’une filière dans son ensemble, d’un procédé archaïque, ou quelque chose de plus matériel (une espèce vivante, un pays, un endroit…). 

Attention ici néanmoins, un des écueil du sujet est sans doute de le prendre à l’envers, en essayant de montrer que les innovations ne font pas que détruire de la valeur.

On se demande ici si toute destruction est créatrice, c’est-à-dire, de façon mathématique, si destruction implique création. C’est paradoxal, on vient de le voir, c’est plutôt la création, l’innovation, qui engendre de la destruction. Quelle destruction pourrait engendrer une création ? Et, au contraire, quelle destruction ne serait pas créatrice ?

Si nous devions trouver un exemple pour chaque question, afin de mieux comprendre, nous pourrions dire :

  • La guerre, par exemple, peut créer des emplois si l’Etat décide d’investir dans la reconstruction des infrastructures. C’est le cas après la Seconde Guerre mondiale.
  • La destruction de l’environnement, au contraire, semble être une destruction pure.

La logique derrière ce sujet serait alors peut-être de réfléchir sur ce concept de destruction créatrice, en allant contre cette glorification de la destruction, de la “purge” de l’économie, qui poserait des bases saines pour une croissance économique future. Certaines destructions seraient ainsi des destructions pures, et il est intéressant de s’interroger quel type de destruction est une destruction pure, ou quelles “choses” devraient être sauvées ou protégées de la destruction pour des raisons politiques, éthiques, sanitaires etc.

Cher lecteur, si tu es du genre stressé, je te conseille de t’arrêter ici. Ce plan est le fruit de la réflexion d’une seule personne et n’est pas un corrigé du sujet. Prends-le comme l’avis d’un ami sur le sujet, peut-être faux, limité, orienté vers un axe suggéré par les cours de ses professeurs ou sa culture économique. Si tu veux néanmoins te faire une petite idée, continue ta lecture !

On pourrait ainsi se demander : la création liée à l’innovation justifie-t-elle d’endurer la destruction de certaines activités ou capitaux, au sens large ?

 

I- La destruction est créatrice selon les théories de la croissance schumpetériennes (Schumpeter, Christensen) : faire table rase pour croître.

A) La théorie de la destruction créatrice …

B) …Est vérifiée par de nombreux faits historiques et économiques

Ici, ne vous limitez pas, crises, guerres, destruction d’entreprises, nouvelles façons de faire, nouvelles technologies etc. Veillez à citer des exemples d’époques variées afin de montrer au correcteur votre culture économique.

C) …Et permet une croissance économique sur des bases saines

On pourrait même ici mentionner les théories libérales qui glorifient la libéralisation afin que les activités les moins rentables fassent faillite, on peut aussi mentionner les régulations contre les monopoles, contre les nationalisations etc. 

II- Création et destruction ne sont pas toujours intimement liés

A) L’innovation ne détruit pas toujours, et peut enrichir les activités existantes

Par exemple, l’invention du piano électronique par Yamaha n’a pas fait disparaître le piano traditionnel.

B) La destruction de certaines activités (entreprises, emplois) ou capitaux (capital humain, capital environnemental, capital historique) est irréversible

On peut ici introduire les théories de l’économie de l’environnement qui défendent la conservation des ressources naturelles, de la biodiversité, les compétences, les savoirs faire artisanaux, les entreprises qui font perdurer des activités artisanales, l’art, le patrimoine historique, la destruction d’emplois irréversible liée au numérique etc.

On peut prendre l’exemple des magnifiques sites archéologiques détruits par la guerre.

Toutes ces destructions sont “mauvaises” d’un point de vue éthique : l’innovation dans l’art ne rend pas les autres œuvres obsolètes.

C) Leur destruction risque de pénaliser la croissance à long terme et de réduire le stock global de capital

La destruction de l’environnement, de certaines compétences ou capitaux peut pénaliser la croissance à long terme. Par exemple, la destruction de certaines espèces de la flore mène à des invasions de criquets, ou la fonte des glaces et banquises peut mener à des crises sanitaires liées à de nouvelles maladies.

 

III- Une théorie de la croissance raisonnée, favorisant l’innovation tout en protégeant ce qui est indispensable

A) Des politiques favorisant l’innovation et la recherche

On peut trouver pour cela de nombreuses idées dans les travaux de P. Aghion et P. Howitt par exemple, récemment le Crédit Impôt Recherche, la formation professionnelle etc.

B) Tout en protégeant les capitaux indispensables pour une société, quitte à sous-performer

Pour des raisons politiques et éthiques, choisir de protéger des ressources clés, avec des investissements publics, des nationalisations, des politiques européennes favorisant la culture etc. On peut mentionner la COP21 et les initiatives mondiales pour la protection de l’environnement.