inegalités

Voici un résumé des informations importantes à retenir du livre Inégalités, écrit par Atkinson en 2016. Tu trouveras les données et les théories principales à retenir en vue de sujets à l’oral où à l’écrit. La première partie de cette fiche de lecture évoque le diagnostic fait par l’auteur sur les différentes inégalités aujourd’hui. La deuxième partie portera sur l’histoire des inégalités et les périodes charnières quant à cette problématique.

État des lieux

Des inégalités qui s’aggravent partout dans le monde

L’examen initial des données porte sur l’inégalité mondiale dans la distribution des revenus des ménages, mesurée à l’aide du coefficient de Gini (CG).

Pour rappel, le coefficient de Gini est une mesure statistique utilisée pour évaluer l’inégalité dans la distribution des revenus ou des richesses au sein d’une population donnée. Il varie de 0 à 1, où 0 représente une distribution parfaitement égalitaire (tout le monde a le même revenu ou richesse) et 1 représente une inégalité maximale (une seule personne détient tout le revenu ou la richesse).

États-Unis

La répartition des revenus aux États-Unis au cours du siècle dernier a subi des changements majeurs. Le CG a atteint son pic en 1929, a chuté de 10 points de pourcentage pour rester presque constant (de la Seconde Guerre mondiale au début des années 1970). Puis il a connu un « tournant vers l’inégalité » de 1977 à 1992, avec une augmentation de 4,5 points de pourcentage, suivie d’une augmentation de 3 points depuis 1992.

En effet, la part du revenu brut total détenue par le 1 % supérieur a augmenté de moitié entre 1979 et 1992. En 2012, elle représentait plus du double de ce qu’elle était en 1979. Actuellement, ce 1 % reçoit 20 % du revenu total, soit en moyenne 20 fois sa part proportionnelle. Et ce, malgré les inégalités au sein de ce groupe (le 0,01 % supérieur représentant 20 % du revenu total de cette catégorie).

Royaume-Uni

Les mesures des revenus diffèrent entre les deux pays, rendant les niveaux d’inégalité difficilement comparables. Le CG a diminué de 7 points après la Seconde Guerre mondiale. Il a continué à baisser avant de connaître un « tournant vers l’inégalité » de 1979 à 1992 avec une augmentation de 9 points. Mais il a très peu augmenté depuis 1992.

La part du 1 % supérieur du revenu brut était de 19 % en 1919. Elle est descendue à 6 % en 1979, mais a presque doublé depuis. Ce 1 % recevant désormais 1/8 du revenu brut total.

Dans le monde

Le coefficient de Gini atteint environ 60 % en Afrique du Sud, en Chine et en Inde, environ 50 % en Amérique latine (Brésil, Mexique, etc.). Puis 32 % en Israël, suivi par les États-Unis, le Royaume-Uni, etc., avec seulement 23,7 % en Suède.

Faut-il se concentrer uniquement sur la pauvreté ?

Devrions-nous limiter notre attention à la seule question de la pauvreté ? La lutte contre la pauvreté est devenue une priorité à l’ordre du jour politique. Au Royaume-Uni, le gouvernement de Blair avait adopté l’objectif d’éliminer la « pauvreté des enfants » (mesurée par le nombre de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté) d’ici 2020, avec le Child Poverty Act de Brown en 2010 (ce qui n’a pas vraiment porté ses fruits).  Toutefois, des données plus récentes (non présentes dans le livre) montrent que près de 10 millions de personnes se trouveraient en situation de pauvreté alimentaire au Royaume-Uni en 2023.

Aux États-Unis, le seuil de pauvreté est maintenu à un niveau constant en matière de pouvoir d’achat. Ce qui a entraîné une baisse du taux de pauvreté de 33 % à 19 % entre 1948 et 1964, mais ce taux a peu évolué depuis. Environ 45 millions d’Américains vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté officiel.

Au Royaume-Uni, le taux de pauvreté est défini en fonction d’un seuil exprimé en pourcentage du revenu médian. Entre 1992 et 2011, ce taux est passé de 22 % à 16 %, ce qui montre qu’il est possible de réduire la pauvreté. Actuellement, le taux de pauvreté est inférieur de 3 % à celui des années 1960-1970. Cependant, cette diminution s’accompagne d’une augmentation significative des parts de très hauts revenus.

En ce qui concerne l’Union européenne, le seuil de pauvreté est défini à 60 % du revenu disponible équivalent médian des ménages. Ce qui signifie qu’il varie en fonction du revenu médian. L’Union européenne n’a pas réalisé de progrès significatifs vers son objectif, avec une augmentation de 6,7 millions de personnes vivant dans la pauvreté depuis 2008. Soit un Européen sur quatre.

Mais cela n’est pas entièrement satisfaisant. Pour réduire la pauvreté, il est important de se demander si les pays peuvent parvenir à un faible taux de pauvreté tout en ayant une part élevée de très hauts revenus. Cela est rarement le cas, à l’exception notable de la Suisse.

Disparité croissante des rémunérations

La disparité croissante des rémunérations est observée lorsque certaines personnes gagnent plus que d’autres en raison d’un investissement supplémentaire en capital humain. Aux États-Unis, en 1952, le décile supérieur gagnait environ 150 % du revenu du travail médian. Cette proportion est passée de 150 % à 194 % entre 1952 et 1972, avec une augmentation tout aussi significative entre 1972 et 2012.

Au Royaume-Uni, la disparité des rémunérations s’est accrue dans les années 1950 et au début des années 1960, mais entre 1965 et 1979, le décile supérieur a vu ses revenus diminuer par rapport au médian. Bien que la dispersion des rémunérations ait moins augmenté qu’aux États-Unis, l’inégalité globale des revenus s’est accrue de manière plus significative.

Les dimensions des inégalités

Inégalités entre qui ?

La compréhension des inégalités dépend de l’unité d’analyse choisie. Par exemple, dans un ménage, l’unité d’analyse varie en fonction du degré d’équité dans la répartition des ressources au sein d’un ménage entre ses membres. Si cette répartition est équitable, les calculs peuvent se baser sur le revenu total du ménage.

Cependant, si elle est incomplète, il est nécessaire d’examiner individuellement les différentes unités de dépenses (telles que les enfants adultes vivant à domicile, les parents âgés vivant avec leurs enfants, etc.). Cela dépend également de notre conception du contrôle sur les ressources et de notre préoccupation concernant la dépendance des individus (comme la dépendance des jeunes adultes à l’égard de leurs parents ou des personnes âgées à l’égard de leurs enfants).

Inégalités de quoi ?

Il y a différentes manières de mesurer les inégalités. Par exemple, au Royaume-Uni et en France, l’inégalité globale est mesurée en matière de revenu disponible des ménages, ajusté en fonction de leur taille et de leur composition. Le revenu total comprend toutes les recettes, en espèces ou en nature, perçues au cours d’une période donnée, ou, de manière équivalente, le montant maximum des ressources qu’un ménage pourrait consacrer à sa consommation tout en maintenant constante sa richesse nette.

Le revenu brut du ménage est la somme des revenus du travail de tous ses membres, des revenus du capital (tels que les intérêts de l’épargne, les dividendes, les loyers de biens immobiliers) et des transferts privés et publics versés. Ce revenu disponible est calculé en soustrayant du revenu brut les impôts sur le revenu et les impôts directs. De plus, la valeur des services publics est souvent ajoutée, car ils augmentent le revenu disponible des ménages. Cependant, l’ampleur des services publics fournis varie d’un pays à l’autre, ce qui fausse les comparaisons internationales. Il est également important de prendre en compte les éventuels changements de valeur des actifs, tels que les fluctuations de la valeur des actions ou l’inflation.

La différence de taille des familles est prise en compte à l’aide d’une « échelle d’équivalence », qui ajuste le revenu en raison du fait que les dépenses ne sont pas simplement multipliées par le nombre de personnes dans le ménage. Cette échelle d’équivalence est souvent la racine carrée de la taille du ménage. Par exemple, une famille de quatre personnes verra son revenu divisé par deux en raison de cette échelle d’équivalence.

Inégalités des consommations

C’est une dimension importante à considérer, car elle peut conduire à des conclusions différentes de celles basées sur le revenu. Certains chercheurs, comme B. Meyer et J. Sullivan, affirment que le taux de pauvreté aux États-Unis a diminué de 26,4 points de pourcentage entre 1960 et 2010, en se basant sur la consommation plutôt que sur le revenu. D’autres, comme J. Fisher, D. Johnson et T. Smeeding, ont conclu que l’inégalité des revenus et des consommations augmente au même rythme de 1985 à 2006, mais diverge pendant la Grande Récession.

Dans cette perspective, on prend en compte les dépenses de consommation plutôt que la consommation elle-même. Même si les dépenses ont tendance à être sous-estimées lors des enquêtes. Par exemple, la catégorie des hauts revenus a augmenté son taux d’épargne de 25 % en 1980 à 37 % en 2008, tandis que les bas revenus sont restés constants à 30 %. Le choix entre le revenu et la consommation pour mesurer la pauvreté revient à choisir entre le niveau de vie et le droit à un niveau minimum de ressources. Mesurer le revenu suppose, lorsqu’il est faible, qu’il laisse peu de marge à l’épargne, et donc permet de mesurer la consommation. Actuellement, la pauvreté est définie de manière plus large, intégrant la capacité à participer à la vie de la société.

Des inégalités peuvent également se manifester dans le processus de consommation, telles que l’accès différencié à des biens et des services en fonction des différences de prix ou l’impossibilité d’accéder à certains biens ou services. L’Union européenne utilise cette approche pour mesurer la « privation sévère », définie par la non-satisfaction forcée de 4 points sur 9, comme le fait de ne pas pouvoir se procurer des repas avec de la viande ou du poisson, ou de ne pas pouvoir chauffer correctement son domicile.

Malgré ces considérations, l’auteur conseille de continuer à utiliser le revenu, car l’usage des ressources ne se limite pas à la consommation. Le revenu représente également une forme de pouvoir, par exemple, l’influence des dons caritatifs sur la vie des gens.

La mesure des inégalités n’est pas satisfaisante ?

Les statistiques sur les inégalités présentent certaines lacunes en ignorant diverses disparités.

Disparités géographiques

Les données sur les inégalités peuvent passer outre les différences géographiques telles que l’indice du coût de la vie, qui est de 132,5 à Boston mais seulement de 91,8 à Topeka, dans le Kansas.

Disparités de genre

Aux États-Unis, les hommes gagnent encore 20 % de plus que les femmes, malgré le fait que les femmes surpassent les hommes dans 29 des 32 pays de l’OCDE et aux États-Unis. Cette différence salariale persistante est préoccupante.

Disparités temporelles et intergénérationnelles

Les statistiques actuelles nous montrent l’évolution de la population dans son ensemble, mais ne capturent pas les changements au fil du temps pour les individus. Il est important de mesurer cette évolution pour évaluer la mobilité économique et prendre en compte les variations prévisibles du revenu tout au long de la vie.

De plus, les changements dans la composition des familles, comme l’augmentation des familles monoparentales, doivent être pris en compte. L’inégalité entre les générations est également significative, car les revenus réels peuvent augmenter avec le temps. Ce qui signifie que les générations futures bénéficieront de revenus plus élevés.

Inégalités mondiales

Au cours des 100 dernières années, les tendances en matière d’inégalité ont fluctué, avec une période initiale de diminution de l’inégalité au sein des pays riches, mais d’augmentation entre les pays, suivie d’une période où l’inégalité augmente au sein des pays riches mais diminue entre les pays.

Bien que l’OCDE prévoie une réduction des inégalités entre pays, il est nécessaire d’exercer la prudence, car les écarts absolus de pouvoir d’achat continuent de croître, et tous les pays en développement ne connaissent pas une forte croissance économique.