transformations

En ESH, apprendre son cours par cœur ne suffit pas pour faire une bonne dissertation ou une bonne colle. Il faut aller plus loin et être capable de maîtriser son chapitre à travers différents enjeux. En lisant les annales d’écrits et d’oraux, on remarque très vite que des « grandes questions » ne cessent de retomber. Ici, on s’y intéressera pour le chapitre « Transformations des structures économiques » (2.2.1).

Outre l’approche historique pour analyser les grandes évolutions des structures économiques, plusieurs enjeux importants sont à soulever dans ce chapitre. Il faut être capable de les appréhender et de savoir les replacer dans le contexte actuel.

Pour ce chapitre, pour quasiment chaque thème, tu peux te poser quatre grandes questions : Quelles évolutions ? Pourquoi ? Quelles conséquences ? Sont-elles souhaitables ? Mais certaines questions sont plus importantes que d’autres. C’est pourquoi, dans cet article, on reviendra sur les enjeux importants que tu dois maîtriser pour ce chapitre, avec pour chacun d’entre eux des sujets d’écrits et d’oraux qui sont liés.

Les grandes évolutions structurelles

Depuis l’entrée dans le capitalisme, les structures économiques n’ont cessé d’évoluer, et ce, de différents points de vue. Ici, il faut connaître quatre principales tendances (non exhaustives), surtout présentes dans les PDEM.

Salarisation, puis ubérisation

Le salariat est un modèle qui s’est imposé suite à la première révolution industrielle, car il offrait plus de stabilité pour les travailleurs. C’est ensuite sur ce modèle que se sont basés les modèles sociaux et l’État-providence.

Aujourd’hui, on parle de plus en plus d’une fin du salariat ainsi que d’une ubérisation de l’économie. Si cette fin du salariat doit être nuancée, il se pose la question de savoir comment cela va affecter le fonctionnement de l’État-providence.

Tertiarisation

Cette tendance à la tertiarisation commence en Grand-Bretagne dès le début de sa révolution industrielle. Elle est plus tardive en France, puisqu’elle commence véritablement pendant les Trente Glorieuses. Cette tendance en France intervient en parallèle d’un mouvement de désindustrialisation. Ainsi, aujourd’hui, en France, 76 % des personnes en emploi travaillent dans le secteur tertiaire.

Cette tendance est aussi à lier au chapitre sur les structures sociales, car la tertiarisation pose la question des classes sociales et notamment de la classe moyenne.

Féminisation

Cette féminisation commence à différents moments selon les pays et selon le développement des droits des femmes dans ces pays. En France, les femmes ont toujours travaillé, mais leur carrière s’arrêtait tôt. Ce qui expliquait la différence de taux d’emploi entre hommes et femmes.

On a eu, à partir des Trente Glorieuses, une tendance au rapprochement des taux d’emplois. Il faut aussi retenir que bien qu’on ait assisté à une féminisation du marché du travail, de nombreuses inégalités se maintiennent entre les hommes et les femmes sur le marché du travail (inégalités salariales, différences de statut, différences de temps partiels…).

Robotisation

Outre le fait de savoir qu’on a une tendance à la robotisation (c’est-à-dire de plus en plus de robots utilisés pour un même nombre de travailleurs), ce qu’il faut analyser, ce sont les conséquences de cette robotisation sur l’emploi.

Les robots (et le PT de manière générale) ont souvent fait peur, comme c’était le cas avec la manivelle de Sismondi. Celle-ci renvoie à l’idée qu’en utilisant plus de machines, les capitalistes conduisent à réduire les revenus des travailleurs, ce qui pèse ensuite sur la demande. Des études plus récentes (comme celle de Acemoglu et Restrepo et celle de Frey et Osborne pointent du doigt un effet néfaste de la robotisation sur l’emploi).

Mais d’autres considèrent que les robots vont permettre un gain net d’emploi. Par exemple, S. Zahidi estime un gain net de 10 millions d’emplois d’ici 2030 grâce à la création de nouveaux emplois dans la maintenance et la conception (The Future of Jobs, 2020).

Exemples de sujets

  • Causes et conséquences de la tertiarisation des économies avancées (HEC 2004)
  • Peut-on parler de la fin du salariat ? (Oral ESCP)
  • Les enjeux de l’ubérisation (Oral ESCP)
  • La tertiarisation peut-elle nuire à la croissance économique ? (Oral ESCP)
  • Les femmes dans la société française depuis 1945 (Oral ESCP)
  • La robotisation et ses effets sur l’emploi (Oral ESCP)

Le secteur de l’industrie

Cette thématique est cruciale et est déjà tombée plusieurs fois à l’écrit, surtout avec l’enjeu de la désindustrialisation. On peut s’attendre à ce que de nouveaux sujets tombent dessus, car la réindustrialisation ainsi que les liens entre l’industrie et la croissance ainsi que l’industrie et la mondialisation sont importants.

Deux grands axes peuvent être soulevés pour aborder cet enjeu.

Dans une dimension positive

Le passage au secteur secondaire, ses causes et ses conséquences (la révolution industrielle)

Il faut ici faire le lien avec le chapitre sur la croissance où l’on analyse la révolution industrielle. On peut s’appuyer sur P. Mantoux qui explique le passage du putting-out system au factory-system qui va conduire à un essor de l’industrie (La Révolution industrielle au XVIIIe siècle, 1905).

Le passage au secteur tertiaire, ses causes et ses conséquences (la désindustrialisation)

Assiste-t-on à la désindustrialisation dans la majorité des PDEM ? Si oui, comment l’expliquer ? La désindustrialisation peut s’observer dans les PDEM par une baisse des emplois dans le secteur secondaire ainsi que par la baisse de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée.

De nombreux facteurs ont pu être mis en cause pour cette désindustrialisation. Cela peut être pour des raisons d’offre (déversement dans le secteur tertiaire, car le secteur secondaire est plus productif), mais aussi de demande (faible élasticité, revenus des biens manufacturiers, contrairement aux services selon les lois d’Engel).

Dans une dimension normative

Faut-il craindre ce mouvement de désindustrialisation ? L’industrie est-elle nécessaire à la croissance ? Au développement économique ?

L’auteur primordial ici est W. Baumol et sa maladie des coûts (aussi appelée loi de Baumol). Selon lui, cette tendance à la désindustrialisation (en raison de la tertiarisation) peut peser sur les coûts de production des entreprises. En effet, les salaires progressant dans l’industrie en raison de gains de productivité, ils progressent aussi dans le secteur tertiaire pour des raisons de légitimité. Or, dans le secteur tertiaire, il n’y a pas de gains de productivité. Ce qui conduit à augmenter les coûts de production.

À l’inverse, d’autres, comme D. Bell, vont considérer que ce passage est souhaitable, car on va se diriger vers une société où il y a plus de contact humain, une production de services collectifs et une modification des valeurs (Vers la société post-industrielle, 1976)

Exemples de sujets

  • La désindustrialisation : une fatalité ? La réindustrialisation : une utopie ? (ESSEC 2021)
  • Doit-on considérer que la désindustrialisation constitue un processus inéluctable dans un pays développé ? Vous illustrerez votre propos par des exemples historiques empruntés au programme (ESCP 2018)
  • Assiste-t-on à un processus de désindustrialisation ? (Oral ESCP)
  • L’industrie : socle d’une économie développée ? (Oral ESCP)

Les gains de productivité et le progrès technique

C’est un point clé de ce chapitre. Ici, il est intéressant de revenir aux quatre grandes questions évoquées au début de l’article.

Quelles sont les grandes évolutions en termes de gains de productivité dans les PDEM, les PED et les PMA ?

Ici, il est important de retenir qu’on a une tendance à un ralentissement des gains de productivité dans la majorité des PDEM et plus particulièrement en France. La croissance de la productivité globale des facteurs y était de 1,2 % par an en moyenne sur la période 1985-2000, contre 0,4 % sur la période 2012-2017.

Comment expliquer les gains de productivité ? Comment expliquer leur épuisement dans certains pays ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les gains de productivité ainsi que leur ralentissement : les mutations sectorielles (la désindustrialisation peut à cet effet expliquer un ralentissement des gains de productivité), l’utilisation des TIC et la robotisation (il faut ici penser au paradoxe de Solow, « on voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité », et voir si ce paradoxe a été résolu ou non), l’organisation du travail (voir le chapitre sur l’entreprise pour mesurer quelles sont les organisations du travail les plus efficaces).

Quelles sont les conséquences des gains de productivité ?

Les gains de productivité sont un moyen d’enrichir collectivement toute une nation, mais aussi de diversifier la production. Ils font baisser les coûts de production et permettent de satisfaire d’anciens besoins et donc d’en faire apparaître des nouveaux. Mais les gains de productivité conduisent aussi à réduire le temps de travail.

Keynes avait anticipé cette tendance en considérant qu’on allait devoir de plus en plus se partager le travail. D’autres vont encore plus loin en s’imaginant une société sans travail, par exemple J. Rifkin (La Fin du travail, 1995).

Exemples de sujets

  • La recherche de la productivité est-elle une solution à la crise de l’emploi dans les économies capitalistes ? (Ecricome 1998)
  • Le ralentissement de la productivité : quelles explications ? (Oral ESCP)
  • L’impact des technologies de l’information et de la communication sur la productivité globale des facteurs (Oral ESCP)

Le capitalisme

On peut relever deux grands enjeux.

Comment le capitalisme a-t-il évolué au fil du temps et comment est-il amené à évoluer ?

Les auteurs incontournables pour traiter cette question sont ceux de l’école de la régulation (Aglietta, Boyer). Ils analysent les différentes caractéristiques du capitalisme au fil du temps.

  • Le capitalisme de la révolution industrielle à la crise de 1929 (régime concurrentiel)
  • Le capitalisme des Trente Glorieuses (régime monopolistique)
  • Le capitalisme actionnarial depuis 1970 (régime semi-concurrentiel)

En plus d’avoir une importance pour ce chapitre, ces auteurs servent dans de nombreux autres chapitres, notamment en deuxième année (l’inflation, les politiques conjoncturelles, l’État-providence).

Ces auteurs adoptent une approche historique, mais il faut aussi se poser la question sur l’avenir du capitalisme. Les nouvelles technologies et la robotisation vont-elles conduire à une mutation du capitalisme ? Pour répondre à cette question, il faut revenir à ce qu’on a vu sur la robotisation et sur les causes des gains de productivité.

Y a-t-il unicité du capitalisme ?

C’est un sujet déjà tombé à l’écrit et on peut retenir deux grands auteurs ici.

M. Albert distingue capitalisme rhénan (importance de la cohésion sociale, moins de place pour les mécanismes marchands, moins inégalitaire et plus centré sur LT) et capitalisme anglo-saxon (libéral, suppose que les individus sont rationnels, vision pervertie de l’entreprise qui n’est qu’un moyen de faire du profit). Pour lui, les PDEM tendent tous à converger vers un capitalisme anglo-saxon et pour M. Albert ce n’est pas souhaitable, car cela ne portera pas la croissance à long terme. Si la tendance se poursuit, il y aura, selon lui, une unicité du capitalisme (Capitalisme contre capitalisme, 1991).

D’autres auteurs vont insister sur l’existence de plusieurs formes de capitalisme sans forcément de convergence. B. Amable distingue cinq formes de capitalisme : capitalisme libéral de marché (États-Unis et Grande-Bretagne), européen continental (France et Allemagne), « méditérranéen » (Grèce et Espagne), « asiatique » (Japon) et le modèle social-démocrate (Danemark et Suède).

Exemples de sujets

  • Le capitalisme est-il soutenable ? (HEC 2020)
  • Unité et diversité du capitalisme (ESSEC 2005)
  • Quel capitalisme au XXIe siècle ? (Oral HEC)
  • Peut-on parler d’un capitalisme au singulier ? (Oral ESCP)