Huit graphiques à utiliser en dissertation d'ESH

D’une manière assez similaire à l’utilisation de références et d’articles récents, l’usage à bon escient de graphiques en dissertation d’ESH est réellement valorisé par les correcteurs. C’est pour cette raison que huit schémas pourront être trouvés dans cet article, accompagnés d’une brève explication, qui pourra être replacée en dissertation d’ESH.

Il est en effet indispensable d’ajouter, à chaque utilisation d’un schéma dans une copie, une explication de ce dernier : il s’agit avant tout d’étayer son propos par une illustration graphique, et non pas de simplement le placer sans aucune justification.

Si jamais tu souhaites approfondir le sujet après avoir lu cet article, tu peux découvrir ici huit autres graphiques très utiles en ESH et non présentés ici.

L’évolution des surplus engendrée par le protectionnisme

Graphique sur l'évolution des surplus engendrée par le protectionnisme

La perte de surplus du consommateur engendrée par l’application d’une mesure protectionniste

Si dans une situation de libre-échange, les consommateurs d’un pays peuvent choisir le produit étranger, car moins cher (prix mondial < prix domestique), l’instauration d’une mesure protectionniste (passage du prix mondial au prix domestique) rend l’achat du produit étranger moins intéressant. Le consommateur doit se résigner à consommer le produit domestique.

On voit bien que cela réduit les importations (on passe de M1 à M2) et que globalement la demande baisse (de D1 à D2), car les produits sont soudainement plus chers à l’achat. Ce graphique peut être mobilisé notamment dans le cadre d’un sujet sur le protectionnisme ou le libre-échange.

La courbe de Phillips

Graphique, la courbe de Phillips

La courbe de Phillips (1960)

La courbe de Phillips est souvent qualifiée — à raison — d’indispensable dans un sujet traitant de près ou de loin de l’inflation. Dans sa version originale de 1958, elle propose une relation décroissante entre la variation des salaires nominaux (ΔW/W ; cette variation influence directement le taux d’inflation puisque la hausse des salaires est répercutée par les entreprises sur les prix) et le taux de chômage (U).

On place le point NAWRU — Non Accelerating Wage Rate of Unemployment —, soit le taux de chômage n’entraînant pas de hausse salariale et donc pas d’inflation. Plus le taux de chômage est faible, moins il y a d’emplois vacants, plus les salariés peuvent réclamer des augmentations salariales à leurs employeurs. Et inversement, un taux de chômage fort laisse aux employeurs la possibilité de baisser les salaires face à cette armée de réserve industrielle.

Dans le sujet proposé par l’ESCP en 2021, « Un monde sans inflation », il était nécessaire de mobiliser la courbe de Phillips, et ce, notamment pour souligner que les forts taux de chômage connus aujourd’hui (8 % en France en 2021 d’après l’Insee) pouvaient être à l’origine de la très faible hausse des salaires/prix.

Le modèle de surréaction

Graphique, le modèle de surréaction

En 1976, Rudiger Dornbusch théorise son modèle de surréaction (overshooting). Ce dernier permet d’illustrer les réactions extrêmes et mimétiques que peuvent avoir les investisseurs sur les marchés financiers, et notamment sur le marché des devises. Le passage du taux de change e1 à e2 est brutal, alors même qu’on pourrait penser à une transition plus douce de e1 à e2 (puisque le cours se stabilise à nouveau à e2 au fil du temps).

Ce graphique permet de souligner l’irrationalité des acteurs sur les marchés financiers, et même s’il traite avant tout des marchés de change, la logique s’applique à la plupart du secteur financier.

La courbe de Branko

Graphique, la courbe de Branko

La courbe de Branko (ou « courbe de l’éléphant »), 2016

Dans son ouvrage Inégalités mondiales (2016), l’économiste Branko Milanović étudie l’évolution des revenus mondiaux sur la période 1988-2008. Il en ressort une courbe ressemblant étrangement aux contours d’un éléphant. On constate immédiatement que les plus défavorisés et les classes moyennes des pays développés sont les grands perdants, et que les classes moyennes des pays émergents et les plus favorisés sont ceux pour lesquels la croissance des revenus a été plus favorable.

Milanović souligne bien dans son ouvrage qu’il s’agit là de taux de croissance et qu’en termes absolus, la hausse des revenus des plus riches écrase de loin celle des autres fractiles. Ce graphique peut être mobilisé dans le cadre d’un sujet sur la mondialisation ou sur les inégalités, par exemple. Pour le tracer, il est possible de retenir quelques points de coordonnées pour ensuite les relier.

L’équilibre du monopole

Graphique, l'équilibre du monopole

L’équilibre du monopole

Ce graphique peut être mobilisé lors d’une dissertation sur le monopole ou sur la concentration de manière plus générale. Il permet d’illustrer l’inefficacité du monopole par rapport à la situation de concurrence pure et parfaite. En CPP, le prix (Pc) est moindre (Pm > Pc) et les quantités produites sont plus importantes (Qc > Qm).

La situation de CPP peut dès lors être considérée comme généralement favorable, car plus efficace économiquement. Par ailleurs, le profit engrangé par le monopole en détachant son prix de vente (Pm) de Pc pénalise directement le consommateur en réduisant son utilité.

Le triangle d’or de Robert Boyer

Graphique, le triangle d'or de Robert Boyer

Le triangle d’or de Robert Boyer (2006)

Dans La flexicurité danoise : quels enseignements pour la France ? (2006), Robert Boyer étudie en détail le modèle danois et théorise un triangle d’or qui permettrait de mieux appréhender la question du chômage. La protection sociale généreuse, propre au modèle danois, permet aux travailleurs ayant perdu leur emploi de conserver un niveau de vie correct et de pouvoir ainsi retrouver un travail convenant à leurs compétences plutôt qu’un emploi précaire pour survivre.

Parallèlement, les politiques d’activation incitent les chômeurs à retrouver le chemin de l’emploi par la formation notamment, en opposition aux politiques passives relevant du simple versement d’allocations.

Enfin, ces deux dimensions justifient que le marché du travail soit flexible : s’il est plus facile d’être embauché ou licencié, la protection est telle que la perte d’emploi n’est pas dramatique. Ce dernier point peut être étayé par les conclusions d’Alexandra Roulet dans « The Causal Effect of Job Loss on Health: The Danish Miracle? » (2017). En étudiant un échantillon de 25 000 nouveaux chômeurs danois, l’économiste a constaté une absence d’incidence sur la santé de ces anciens travailleurs, contrairement au stress ou burn-out que l’on pourrait associer à la perte de travail.

IS/LM en situation de Zero Lower Bound

Graphique, IS/LM en situation de Zero Lower Bound

Le modèle IS/LM (1936) en situation de Zero Lower Bound

En situation de Zero Lower Bound — ou taux plancher zéro, lorsque les taux d’intérêt nominaux se rapprochent de 0 —, les politiques monétaires apparaissent inefficaces sous le prisme du modèle IS/LM (1936). En effet, le passage de LM à LM’ permis par une politique monétaire accommodante ne permet ni création de revenus ni baisse des taux d’intérêt.

En réalité, c’est bien une politique budgétaire qui serait utile dans cette situation. Le déplacement de IS à IS” (soit une politique budgétaire expansive) engendrerait une forme de création de revenus, tout en laissant les taux d’intérêt inchangés. Ce graphique permet donc d’illustrer l’inefficience de la politique monétaire en situation de taux zéro, et la nécessité d’agir plutôt par le levier budgétaire.

Le triangle d’incompatibilité d’Agnès Bénassy-Quéré

Graphique, le triangle d'incompatibilité d'Agnès Bénassy-Quéré

Le triangle d’incompatibilité des politiques budgétaires européennes (2003)

Si peu de graphiques peuvent être mobilisés dans le cadre d’un sujet sur l’Europe, celui-ci peut être intéressant à utiliser. Dans le Cahier n° 3 : Les obstacles à la croissance européenne du Cercle des économistes (2003), Agnès Bénassy-Quéré énonce son triangle d’incompatibilité des politiques budgétaires dans la zone euro. Étant donné l’impossibilité de conjuguer les trois côtés du triangle (notamment due aux divergences d’intérêts des pays membres de l’Union), on comprend que l’un d’eux sera toujours plus ou moins oublié.

À noter que la Stratégie de Lisbonne était le plan économique de développement européen sur la période 2000-2010, auquel a succédé la Stratégie Europe 2020 (2010-2020). Ce schéma permet de souligner les mésententes entre les membres de l’UE, ainsi que la non-coopération qu’ils pratiquent parfois, notamment en matière de fiscalité.