Le SMI est une thématique impossible à négliger du programme d’ESH de deuxième année. Dans cet article, on fait une liste de références, triées par catégories, sur ce thème. Il est important de noter que cette liste est non exhaustive et qu’elle ne traitera pas que d’auteurs classiques.
Le dilemme de Triffin
Robert Triffin, L’Or et la crise du dollar (1960)
Dans cet ouvrage, l’auteur expose ce qu’il appelle le dilemme de Triffin, une contradiction structurelle inhérente au SMI de Bretton Woods. En effet, ce système reposait sur le dollar américain, convertible en or, comme principale monnaie de réserve mondiale. Triffin soutient que, pour répondre aux besoins croissants de liquidités internationales, les États-Unis devaient émettre des dollars en grande quantité. Cependant, cet excès de dollars entraînerait une perte de confiance dans la capacité des États-Unis à maintenir la convertibilité en or, risquant une crise de confiance dans le système.
Le dilemme réside donc dans le fait que les États-Unis doivent à la fois fournir des dollars pour le commerce mondial, tout en préservant la valeur de leur monnaie. Le système est alors insoutenable à long terme (ce qui a effectivement été le cas, avec la fin de la convertibilité du dollar en or en 1971).
Emmanuel Farhi, Matteo Maggiori, The New Triffin Dilemma (2017)
Cet ouvrage actualise le dilemme original de Triffin dans les économies modernes. Le nouveau dilemme de Triffin concerne la demande mondiale croissante de titres sûrs (comme les obligations d’État des économies avancées), dans un monde où peu de pays émettent des actifs suffisamment sûrs et liquides. Les États-Unis, en particulier, restent les principaux fournisseurs de ces actifs, mais leur capacité à répondre à cette demande globale est limitée par leurs propres contraintes budgétaires.
Cette tension entraîne un déséquilibre structurel dans le système financier international, qui peut déstabiliser l’économie mondiale en créant des pénuries de titres sûrs, provoquant des pressions sur les taux d’intérêt et des risques d’instabilité financière.
Une histoire de monnaies
John Maynard Keynes, A Tract on Monetary Reform (1923)
Dans cet ouvrage, Keynes aborde les problèmes monétaires et économiques d’après-guerre, en particulier la question de l’inflation et de la stabilité des monnaies. Il critique le système monétaire de l’étalon-or, qu’il considère trop rigide pour répondre aux besoins des économies modernes.
En effet, il considère que l’étalon-or sacrifie l’équilibre intérieur au profit de l’équilibre extérieur. Il le traite alors de « relique barbare ». Pour répondre aux besoins des économies, il préconise des politiques monétaires plus souples pour permettre aux gouvernements de gérer les fluctuations économiques et de maintenir la stabilité des prix. Ce texte préfigure certaines de ses idées clés sur l’interventionnisme économique.
Rapport CEPII, Un dollar contesté, mais toujours pas détrôné (2021)
Ce rapport analyse la place du dollar américain dans le SMI face aux défis croissants de la concurrence et aux évolutions géopolitiques. En effet, bien que le statut hégémonique du dollar soit remis en question (par la montée de l’euro, du yuan et des cryptomonnaies), il reste la principale monnaie de réserve et de transaction mondiale. Près de 60 % des réserves de change mondiales sont détenues en dollars, et cette monnaie domine toujours les échanges commerciaux, les marchés financiers et les dettes internationales.
Cependant, plusieurs facteurs érodent cette suprématie, comme les tensions géopolitiques, les sanctions économiques des États-Unis et la volonté de certaines grandes puissances de promouvoir des alternatives, comme le yuan en Chine. Le CEPII conclut que, malgré ces pressions, aucun concurrent ne présente pour l’instant les caractéristiques nécessaires (taille de marché, liquidité, stabilité) pour détrôner le dollar.
Rapport BCE, The International Role of the Euro (2021)
Ce rapport montre que, bien que l’euro reste la deuxième monnaie la plus utilisée au monde après le dollar, son rôle international n’a pas encore retrouvé les niveaux observés avant la crise de la zone euro en 2008. En effet, même si en 2020, l’euro représentait environ 21 % des réserves de change mondiales et 38 % des émissions obligataires internationales, sa progression reste limitée face à la domination persistante du dollar.
Le rapport souligne que la pandémie de Covid-19 a renforcé l’intérêt pour des actifs sûrs (profitant à l’euro dans une certaine mesure), mais que des défis structurels subsistent, notamment l’achèvement de l’Union bancaire et la réduction des déséquilibres économiques internes à l’Union européenne.
Ainsi, la BCE appelle à des réformes pour renforcer la stabilité financière et l’attractivité de l’euro, et favoriser son utilisation comme monnaie de réserve, tout en soulignant l’importance des politiques environnementales pour accroître son rôle à l’échelle mondiale.
Un SMI peu en faveur des PED
Barry Eichengreen et coll., Le péché originel : le calvaire, le mystère et le chemin de la rédemption (2003)
Cet ouvrage explore le concept de « péché originel », ou l’incapacité des pays émergents à emprunter sur les marchés internationaux dans leur propre monnaie, faute de crédibilité et de confiance des investisseurs étrangers. Ce phénomène force ces pays à s’endetter en devises étrangères, ce qui les expose aux fluctuations de change et à des crises économiques.
Le livre présente d’abord le « calvaire » des pays émergents, qui subissent une forte vulnérabilité aux chocs externes lorsque leurs monnaies se déprécient, rendant le remboursement de leurs dettes plus coûteux. Ainsi, le « chemin de la rédemption » proposé par les auteurs suggère des réformes financières et institutionnelles pour augmenter la stabilité monétaire et la confiance des marchés.
Ils soulignent l’importance de développer des marchés domestiques en devises locales et de renforcer les politiques macroéconomiques pour éviter la dépendance excessive aux devises étrangères et réduire les risques de crises financières.
Michel Aglietta, Virginie Coudert, Le Dollar et le système monétaire international (2014)
Les auteurs analysent le rôle central du dollar dans le SMI et les déséquilibres qu’il génère. Ils expliquent que le dollar, en tant que monnaie de réserve dominante, confère aux États-Unis un privilège exorbitant, leur permettant de financer leurs déficits en émettant des obligations dans leur propre monnaie.
Ils soulignent cependant que cette hégémonie du dollar crée des déséquilibres mondiaux, notamment par l’accumulation de réserves en dollars dans les pays émergents et par la volatilité des flux de capitaux. Ces déséquilibres augmentent la fragilité du système financier international, comme l’a montré la crise de 2008.
Les auteurs plaident pour une réforme du SMI, avec une diversification des monnaies de réserve, notamment à travers un rôle accru pour l’euro et les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. Cela permettrait de réduire la dépendance au dollar et d’améliorer la stabilité financière mondiale.
Emmanuel Farhi, Vers un système multipolaire (2019)
L’auteur aborde la nécessité d’une réforme du SMI face aux déséquilibres croissants qui affectent les pays en développement. Il souligne que le SMI est largement unilatéral, favorisant les pays avancés et les rendant capables d’exploiter la confiance internationale dans leur monnaie pour financer leurs déficits et maintenir leur influence.
Dans ce cadre, les pays en développement se retrouvent souvent en position vulnérable, puisqu’ils dépendent fortement des financements en devises étrangères pour leurs investissements et leurs échanges. Cela aggrave les déséquilibres économiques internes, entraînant des crises de liquidité et des périodes d’austérité qui pénalisent leur croissance.
Pour remédier à ces déséquilibres, Farhi plaide pour un passage vers un système monétaire multipolaire qui privilégierait la diversification des monnaies de réserve et accorderait davantage de poids aux monnaies des pays émergents. Il propose de renforcer les institutions financières internationales (comme le FMI), afin de mieux répondre aux besoins spécifiques des pays en développement et de leur fournir des mécanismes de soutien en période de crise.
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