L’Union européenne (UE) a depuis longtemps proposé des politiques environnementales. Dans cet article, on va évoquer celles appliquées aujourd’hui et on les analysera face à celles de puissances économiques, comme les États-Unis ou la Chine.
Le Green Deal
Qu’est-ce que c’est ?
L’UE s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, avec une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990). Ce plan s’inscrit dans le Pacte vert européen (Green Deal), articulé autour de plusieurs axes majeurs :
- Réforme énergétique : accélération de la transition vers les énergies renouvelables, avec un objectif de 45 % de part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen d’ici 2030.
- Économie circulaire : réduction des déchets et réutilisation des matériaux pour promouvoir une industrie plus durable.
- Neutralité industrielle : plan « Zéro pollution » visant à réduire les émissions des industries lourdes et à intégrer des normes environnementales plus strictes pour les produits manufacturés.
- Taxe carbone aux frontières : mise en place du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), qui impose des taxes sur les importations provenant de pays ne respectant pas les normes environnementales européennes. Cette mesure, opérationnelle depuis 2023, vise à protéger les industries européennes tout en incitant les partenaires commerciaux à s’aligner dessus.
Ce qu’en pensent les économistes
Bien qu’il présente des mesures ambitieuses et pionnières, le Green New Deal ne prend pas en compte de nombreux effets pervers qui lui sont propres. En effet, d’après Fabrice Flipo, dans Efficacité, effet rebond, sobriété, ce traité omet l’effet rebond. Alors que trop de débats portent sur l’efficacité (propension d’un bien à faire un usage économe des ressources), l’effet rebond (théorisé par William Jevons dans son ouvrage Sur la question du charbon, 1865) est trop mis de côté.
Celui-ci désigne le phénomène selon lequel les gains d’efficacité énergétique réalisés grâce à une technologie plus performante entraînent une augmentation de la consommation globale de cette ressource. Par exemple, une voiture plus économe en carburant peut inciter les gens à parcourir de plus longues distances, annulant en partie les économies prévues.
Les difficultés d’une politique environnementale
- Compétitivité industrielle : la taxe carbone aux frontières et les réglementations strictes présentent un surcoût pour les entreprises européennes. Cela pose un risque de désindustrialisation, surtout face aux États-Unis et à la Chine.
- Impact sur les ménages : les citoyens européens supportent une partie de ces coûts de transition, notamment à travers des prix énergétiques plus élevés.
- Financement privé insuffisant : l’UE mise sur la mobilisation du secteur privé pour financer sa transition écologique, mais les investissements restent limités.
- Fragmentation politique : certains États membres, comme la Pologne ou la Hongrie, contestent les politiques climatiques de l’UE, estimant qu’elles nuisent à leur économie. Cette opposition interne ralentit la mise en œuvre des réformes.
Comparaison avec les États-Unis
Les États-Unis, sous l’administration Biden, ont intensifié leurs efforts climatiques avec l’Inflation Reduction Act (IRA), une législation phare adoptée en 2022. Ce plan de 369 milliards de dollars sur dix ans vise à accélérer la transition énergétique à travers des subventions massives et des crédits d’impôt pour les énergies renouvelables et les véhicules électriques. En 2024, les impacts de cette loi se font sentir : le secteur privé américain s’oriente rapidement vers des investissements verts, attiré par des incitations financières directes. Certaines entreprises européennes envisagent même de délocaliser aux États-Unis pour profiter des subventions de l’IRA, suscitant des inquiétudes quant à un potentiel exode industriel.
Cependant, par rapport à l’UE, les États-Unis restent moins stricts sur les régulations environnementales. Par exemple, l’Europe impose des limites rigoureuses sur les émissions de méthane et d’autres polluants industriels, là où les États-Unis adoptent une approche plus permissive, en partie pour préserver l’industrie pétrolière et gazière.
Ainsi, d’après Charlotte Emlinger, Houssein Guimbard et Kevin Lefebvre dans « Environnement et sécurité nationale : un tournant pour les politiques commerciales » (CEPII, 2023), l’UE, bien qu’engagée dans le Green Deal, peine à rivaliser avec les moyens financiers de l’IRA évoqués précédemment. Les initiatives engagées restent fragmentées et bureaucratiques, rendant l’Europe moins attractive pour les entreprises vertes.
La Chine : entre puissance industrielle et ambitions climatiques
Alors que la Chine est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, le pays se trouve dans une position délicate. En effet, elle s’est fixé pour objectif d’atteindre son pic d’émissions avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. En 2024, la Chine reste le principal investisseur mondial dans les énergies renouvelables, contrôlant plus de 80 % de la chaîne d’approvisionnement mondiale pour les panneaux solaires et les batteries lithium-ion.
De plus, d’après Thomas Grjebine et Jérôme Héricourt, dans « Les dilemmes d’une réindustrialisation (verte) en éco ouverte » (2023, CEPII), la Chine est un leader mondial dans les technologies vertes (panneaux solaires, batteries, éoliennes), ayant massivement investi dans ces secteurs grâce à des subventions publiques et des économies d’échelle.
Cependant, cette domination repose aussi sur une utilisation intensive des énergies fossiles, notamment le charbon (dont elle est très dépendante), ce qui crée un paradoxe écologique. Il est alors d’autant plus complexe pour l’UE de rivaliser avec la Chine, puisque le territoire fait face à des problèmes de réindustrialisation qui ont eux-mêmes empiré en partie à cause de cette dernière.
La Suède : un modèle à suivre ?
Un des pays les plus respectueux de l’environnement est la Suède. En effet, en 1991, elle a été un des premiers pays à introduire une taxe carbone, qui reste encore aujourd’hui la plus élevée au monde (130 € par tonne de CO2) : cette fiscalité écologique a permis de réduire les émissions tout en mettant en avant les investissements dans les énergies propres, sans porter préjudice à la croissance économique.
De plus, la Suède est un leader mondial en matière de gestion des déchets, puisque moins de 1 % des déchets municipaux sont envoyés en décharge, le reste étant recyclé ou converti en énergie via l’incinération.
Encore aujourd’hui, ce pays garde une politique environnementale particulièrement active. La Suède envisage d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2045 (cinq ans avant l’objectif européen) et a déjà énormément réduit ses émissions de gaz à effet de serre, qui sont parmi les plus faibles de l’OCDE par habitant. Enfin, environ 80 % de l’électricité suédoise provient de sources renouvelables, principalement l’énergie hydraulique et l’éolien.
Données et actualités à mobiliser en accroche
- Durant la COP28 à Dubaï, l’UE a réussi à obtenir un accord mondial visant à tripler les capacités de production d’énergies renouvelables et à doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030, témoignant de son investissement dans la cause environnementale.
- En 2024, les énergies renouvelables ont fourni 50 % de l’électricité dans l’Union européenne, avec l’énergie éolienne dépassant le gaz comme deuxième source après le nucléaire.
- Dans le prolongement du Green Deal, le Clean Industrial Deal, lancé en octobre 2024, vise à décarboner les industries européennes tout en renforçant leur compétitivité, avec 40 milliards d’euros dédiés.
- En 2024, le secteur des énergies propres connaît une croissance d’emplois 20 % plus rapide que la moyenne économique européenne.
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