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En 2021, Jean Tirole (prix Nobel 2014) et Olivier Blanchard (ancien directeur des études au FMI) ont produit un rapport, communément appelé Blanchard-Tirole, commandé par le gouvernement français, mettant en lumière trois défis majeurs auxquels les économies modernes doivent faire face : le réchauffement climatique, les inégalités et le vieillissement de la population. Ces enjeux, que les auteurs qualifient de « bombes à retardement », nécessitent une action immédiate, bien que les effets ne soient pas encore totalement ressentis.

Le réchauffement climatique : priorité mondiale selon le rapport Blanchard-Tirole

Le rapport Blanchard-Tirole propose des recommandations précises pour y répondre, bien que leur mise en œuvre soit confrontée à de nombreux obstacles, notamment le manque d’acceptabilité sociale et les incertitudes sur l’efficacité des mesures. En t’appuyant sur ces recommandations, tu pourras développer des arguments solides, issus d’un rapport reconnu dans la sphère économique, dans tes dissertations.

Le réchauffement climatique est sans aucun doute le défi le plus urgent. Le rapport montre l’importance d’une action rapide et à grande échelle. Bien que la population soit de plus en plus consciente de l’urgence climatique, il existe un décalage entre cette inquiétude et la difficulté à accepter les coûts nécessaires pour mettre en œuvre des solutions, comme la tarification du carbone.

Le rapport plaide pour une « tarification du carbone bien conçue » comme mesure incontournable. Cette politique, bien qu’impopulaire, apparaît nécessaire pour inciter à des comportements écologiques et stimuler la recherche et développement (R&D) dans les technologies vertes. Cependant, il est crucial de prendre en compte les perdants potentiels de cette transition et d’étendre cette mesure à une échelle internationale. Par exemple, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) est recommandé pour éviter la délocalisation des industries vers des pays où les normes environnementales sont moins strictes.

L’innovation technologique reste également au cœur des solutions envisagées. Le rapport préconise des subventions ciblées pour la recherche dans les technologies vertes, ainsi que des normes plus strictes afin de compenser les limites de la tarification du carbone. Pour garantir une bonne gouvernance de ces politiques, le rapport suggère la création de deux organismes indépendants au niveau européen. Un pour financer des projets de recherche publics et privés (sur le modèle de la DARPA américaine) et un autre pour informer les citoyens et les décideurs sur les coûts des mesures climatiques.

Bien que la France, seule, ait peu d’influence directe sur la lutte contre le changement climatique, son rôle semble clé au niveau européen. Le rapport recommande que la France adopte une attitude exemplaire en matière de transition énergétique, exerçant ainsi une pression sur d’autres pays et promouvant l’innovation technologique.

Les inégalités : vers une société plus inclusive

Le rapport souligne que les inégalités, surtout celles liées à l’accès à l’emploi et à la qualité des conditions de travail, représentent un fléau majeur pour nos économies. Si la France n’a pas un taux d’inégalités aussi élevé que d’autres pays, une grande partie de la population perçoit ces inégalités comme graves. De plus, les Français sont particulièrement sceptiques quant à la mobilité sociale et à l’égalité des chances. Ils craignent que les emplois de qualité disparaissent, souvent en raison de la mondialisation (57 %). Un sujet traité par Maurice Allais dans son ouvrage La Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance.

C’est dans cette perspective que le rapport se concentre sur trois axes d’intervention : avant, pendant et après la production. Avant la production, il s’agit d’égaliser les chances en réformant l’éducation et en améliorant la répartition du capital humain. Le rapport suggère de revoir l’impôt sur les successions, en redirigeant ses recettes vers des politiques favorisant l’égalité des chances.

Pendant la production, il s’agit de créer des emplois de qualité. Le rapport propose de repenser l’organisation interne des entreprises et de reformuler les règles du marché du travail. Il recommande la création d’agences régionales pour l’activité économique (ARAE), ayant pour mission d’encourager la création d’emplois stables et de qualité.

Enfin, après la production, des politiques de redistribution plus efficaces doivent être mises en place pour protéger les perdants du changement économique. Concernant la fiscalité, le rapport propose de nouveaux outils comme l’utilisation de l’intelligence artificielle pour lutter contre l’évasion fiscale et une meilleure coopération internationale.

Le vieillissement de la population : réforme du système de retraites

Le vieillissement de la population pose également des défis économiques majeurs, notamment concernant la viabilité des systèmes de retraite et la diminution progressive du nombre d’actifs dans la population globale. En France, l’âge de départ à la retraite est inférieur à la moyenne européenne et le taux d’emploi des seniors (55-64 ans) est de 56,2 %, contre 66,6 % en moyenne en Europe. L’allongement de l’espérance de vie impose des réformes profondes pour assurer l’équilibre du système de retraite.

Le rapport propose un système de retraite plus transparent et plus unifié, reposant sur un système à points, à l’instar de ce qui existe en Allemagne. Ce système permettrait de mieux prendre en compte les carrières segmentées en attribuant des points supplémentaires aux travailleurs ayant des parcours professionnels marqués par des périodes de précarité. Le système prendrait également en compte la pénibilité du travail.

L’une des recommandations majeures est d’inciter à travailler plus longtemps. Pour ce faire, il faut améliorer la prévention des maladies chroniques, la qualité de la formation continue et assouplir les conditions de travail. À l’image de ce qui a été fait en Suède, où des interventions sur le lieu de travail ont permis de maintenir un taux d’emploi élevé chez les seniors. En France, seuls 51 % des travailleurs ont suivi une formation professionnelle après leur formation initiale, contre 72 % en Suède (données de 2011).

Enfin, l’intégration des immigrés sur le marché du travail est un autre enjeu crucial pour compenser les effets du vieillissement démographique. Le rapport recommande d’améliorer leur inclusion pour renforcer la cohésion sociale et la compétitivité économique du pays.

Conclusion

Le rapport Blanchard-Tirole propose des solutions ambitieuses, mais réalisables, pour répondre aux grands défis économiques actuels. En préparant tes dissertations en économie ou en sciences humaines et sociales, tu pourras utiliser ces recommandations comme arguments solides, car elles proviennent d’un rapport reconnu. Les sujets abordant le changement climatique, les inégalités ou le vieillissement de la population sont très probables pour les concours à venir, et les idées développées dans ce rapport seront donc d’une grande aide pour articuler des analyses pertinentes.