change

Le régime de change est crucial pour les économies, car il a un impact à la fois sur la compétitivité prix, sur l’attractivité des pays pour les IDE et sur les politiques économiques conjoncturelles. Nous allons analyser dans cet article tout ce que tu dois savoir sur les régimes de change. Pour avoir une présentation détaillée des différents régimes de change, un article est également disponible.

Introduction

Le régime de change désigne le cadre institutionnel qui régit la politique de change d’un pays. Ce dispositif, formel ou informel, englobe plusieurs aspects :

  • Le statut des monnaies nationales par rapport au marché des changes. Cela inclut la convertibilité des monnaies nationales et les conditions associées à cette convertibilité.
  • La manière dont les autorités monétaires nationales réagissent aux fluctuations du taux de change. Cela concerne les engagements pris par ces autorités lors de variations du taux de change, notamment s’ils interviennent sur le marché des changes pour stabiliser la monnaie nationale. Un régime peut être flottant si aucune intervention n’est prévue, ou fixe si des engagements d’intervention sont pris.
  • Les mécanismes d’ajustement des éventuels déséquilibres des balances des paiements. Il s’agit des modalités mises en place pour gérer les excédents ou les déficits des balances des paiements, notamment à travers des politiques monétaires et fiscales.
  • Le statut de certaines monnaies internationales qui servent de pivots au régime de change. Certaines monnaies, telles que le dollar, l’euro ou le yuan, jouent un rôle majeur dans le système monétaire international. Historiquement, le dollar a souvent été au centre de ce système, notamment pendant l’ère du système de Bretton Woods. Aujourd’hui, le système monétaire international est multipolaire, avec plusieurs devises importantes.

Le choix d’un régime de change

Le choix de la convertibilité

Dans l’Union européenne (plus particulièrement au sein de la zone euro), la BCE assume la responsabilité de la politique monétaire domestique. Cependant, la politique de change de la zone euro est déterminée par les chefs d’État des pays membres de la zone euro, et la BCE est chargée de la mettre en œuvre.

Malgré cela, il n’existe pas de politique de change européenne unifiée. Les chefs d’État n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur une politique de change commune. Par conséquent, l’euro flotte sur les marchés des changes. Ce qui signifie qu’il fluctue librement par rapport aux autres devises majeures. Les taux de change de l’euro sont flexibles par rapport aux principales devises internationales.

D’autres pays peuvent adopter des régimes de change très différents de celui de la zone euro

Avant l’introduction de l’euro, les autorités monétaires des pays membres devaient prendre deux décisions successives concernant leur politique de change : la convertibilité ou l’inconvertibilité.

La convertibilité d’une monnaie se réfère aux conditions dans lesquelles cette monnaie peut être échangée sur les marchés des changes. Par exemple, l’euro est une devise convertible sans restriction, ce qui signifie que toute opération légale peut être effectuée avec de l’euro. En revanche, pour de nombreux pays en développement (PED), la convertibilité est souvent partielle. Ce qui implique que les exportations de biens et de services peuvent être réalisées librement, mais que les opérations financières peuvent être soumises à des restrictions plus ou moins strictes.

Cette inconvertibilité partielle permet aux banques centrales des PED d’économiser leurs réserves de devises étrangères, car les marchés financiers sont partiellement déconnectés des flux financiers internationaux. Il peut être relativement facile d’investir dans les PED, mais il peut y avoir de nombreuses conditions pour retirer ces investissements.

Certains pays utilisent également des systèmes comme le système « encaje », mis en place au Chili. Dans ce système, une fois que les fonds sont placés, il peut être difficile de les retirer. Ce qui peut contribuer à stabiliser le taux de change en limitant les flux de capitaux.

La progression de l’inconvertibilité vers la convertibilité totale peut se faire par étapes, passant d’une convertibilité limitée aux transactions courantes à une convertibilité limitée incluant certaines transactions financières, notamment les investissements directs étrangers (IDE), pour finalement atteindre la convertibilité totale.

L’interdépendance

Le choix d’un régime de change a un impact significatif sur l’insertion d’un pays dans l’économie mondiale. En optant pour un régime de change libéralisé, un pays se montre ouvert aux mouvements de capitaux internationaux. Ceci lui permet d’avoir davantage accès aux capitaux extérieurs, mais le rend plus exposé aux fluctuations de son taux de change.

Prenons l’exemple de la crise asiatique de 1997, qui a affecté plusieurs pays émergents comme la Thaïlande, la Malaisie et la Corée du Sud. Ces pays avaient choisi des régimes de change relativement libéralisés, ce qui signifie qu’ils avaient ouvert leurs marchés aux mouvements de capitaux étrangers. En conséquence, lorsqu’ils ont été confrontés à des chocs économiques et financiers, comme des sorties massives de capitaux spéculatifs, leurs taux de change ont été fortement affectés, entraînant des crises financières et économiques graves.

Cependant, il est important de noter que des pays comme la Chine et l’Inde n’ont pas été aussi gravement touchés par la crise asiatique de 1997. Cela s’explique en partie par le fait que ces pays étaient relativement déconnectés des marchés financiers internationaux à cette époque, en adoptant des politiques plus restrictives en matière de mouvements de capitaux. Cette déconnexion a agi comme un tampon contre les chocs externes et a permis à ces économies de mieux résister à la crise.

Régimes de change et fréquence de crises

Un très bon article du CEPII, rédigé par C. Couharde et C. Grekou (« Mieux caractériser les régimes de change pour comprendre leurs fragilités », 2021) présente le lien entre régime de change et fréquence de crise. 

La notion de classement des régimes de change revêt une grande importance depuis 1976, date à laquelle les pays membres du Fonds monétaire international (FMI) sont tenus de déclarer officiellement leur régime de change.

Cependant, il existe souvent un écart significatif entre le régime de change officiellement déclaré et la pratique effective des autorités monétaires. Jusqu’au début des années 1990, on a observé un recul des régimes de changes fixes au profit de changes plus ou moins flottants pour les pays émergents. Au cours de la décennie suivante, une stabilisation de ces tendances a été constatée, avec environ la moitié des pays adoptant un régime de changes fixes, un quart optant pour des changes flottants et un quart adoptant un régime intermédiaire.

Un deuxième aspect à considérer est la fréquence des crises de change dans ces pays sur la même période. Il a été observé que la fréquence des crises de change a atteint un pic dans les années 1990. L’exemple le plus notable est celui des crises de change survenues dans les pays asiatiques en 1997, bien que d’autres crises aient également eu lieu dans des pays comme la Turquie et la Russie.

De manière proportionnelle, les crises de change sont plus fréquentes dans les pays qui ont adopté des régimes de changes intermédiaires ou flottants. En revanche, les pays qui ont opté pour un régime de changes fixes ont réussi à stabiliser plus ou moins efficacement leur taux de change, à l’exception des situations de « corner solutions » telles que l’ancrage total.