En ce mois d’octobre, il peut être intéressant de revenir sur quelques-uns des grands faits de l’actualité économique du mois dernier. Un précédent compte rendu, concernant l’actualité de l’été dernier, est disponible sur Major-Prépa.
Liz Truss et la situation économique du Royaume-Uni
Liz Truss a pris ses fonctions de Première ministre au début du mois de septembre. La remplaçante de Boris Johnson a promis une baisse des impôts de 30 milliards de livres pour augmenter le pouvoir d’achat et faire face à l’inflation.
Cette promesse, mise en suspens par son gouvernement, entraînerait une conséquence non négligeable sur le taux de change anglais, qui est déjà tendanciellement en train de diminuer. Le risque d’une crise augmente, car lorsque la livre sterling chute face au dollar, la Bank of England (BoE) remonte ses taux d’intérêt directeurs.
En temps normal, l’inflation du Royaume-Uni étant principalement importée, une baisse du taux de change fait baisser l’inflation. Mais ce n’est pas le cas en ce moment et les économistes ne sont pas sûrs que le taux de change de la livre puisse se stabiliser malgré la hausse des taux. Certains vont même jusqu’à parler d’une parité avec le dollar en faisant écho au cas de l’euro. Même si cette affirmation est encore largement débattue.
Pour rappel : en novembre 2021, 1 £ = 1,37 $ et début octobre 2022, 1 £ = 1,11 $. Après avoir limogé son ministre des Finances, elle démissionne le 20 octobre.
Si tu veux en savoir plus sur l’actualité britannique de l’été 2022, c’est par ici !
Les outils que possède la BoE pour éviter une crise
Pour contrecarrer la baisse de leur monnaie, les Banques centrales disposent normalement d’une arme : la hausse des taux d’intérêt.
Cependant, celle-ci semble ne plus être efficace. En effet, depuis plusieurs mois, les Banques centrales du monde entier durcissent leur politique monétaire et remontent les taux, sans conséquence visible ni sur l’inflation ni sur les taux de change (excepté le dollar qui reste fort).
La livre sterling n’est pas la seule monnaie à être touchée. L’euro est descendu sous la parité avec le dollar en septembre. Une première depuis 20 ans, alors que l’indice dollar par rapport aux autres monnaies est à son plus haut sur la même période. Le dollar est par conséquent la valeur refuge du moment puisque même le niveau de l’or est à son plus bas depuis deux ans.
« Le dollar, c’est notre monnaie, votre problème. » J. Connally
Une autre option pour préserver la valeur d’une monnaie est de passer par la politique budgétaire. En effet, une baisse du déficit budgétaire entraîne mécaniquement une baisse des déficits de la balance courante et, par conséquent, une hausse de la devise. Mais ces mécanismes prennent du temps à se mettre en place et ce n’est pas le chemin que semblent prendre la plupart des pays européens.
Tension sur la dette européenne
Les États européens présentent des budgets inquiétants. Les derniers budgets annoncés sont remplis de dépenses pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens, mais celles-ci ne sont pas compensées par des rentrées d’argent.
Les marchés financiers jugent de moins en moins crédibles et soutenables de telles décisions et le font savoir en envoyant un signal bien spécifique : la hausse des taux obligataires. Cette dernière fait craindre une crise économique dans certains pays européens comme l’Italie ou le Royaume-Uni, puisqu’elle est synonyme d’une hausse du coût de financement des États.
Par exemple, les taux obligataires sur 10 ans ont augmenté jusqu’à +4,2 % pour le Royaume-Uni et +4,5 % pour l’Italie. Le resserrement est brutal. De telles hausses de taux dans ces laps de temps sont la réaction des marchés à ce qu’ils considèrent être un laxisme budgétaire de certains États.
On peut donc redouter une crise obligataire dans certains pays. Ce qui pourrait encourager les Banques centrales à racheter des titres de dettes et à pratiquer du quantitative easing à l’heure où l’on essaie de ne plus y avoir recours pour enrayer l’inflation.
Débat sur les superprofits
Cela a déjà été évoqué, les gouvernements recherchent des entrées d’argent pour combler les trous laissés par les dépenses exceptionnelles pour éviter une crise. Les États essayant de préserver le pouvoir d’achat des ménages, c’est vers les entreprises que les regards se sont tournés.
L’exemple de TotalEnergies
En cette période de guerre et de crise, certaines sociétés sont pointées du doigt. TotalEnergies est accusée de profiter de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique pour augmenter ses prix de manière exponentielle, sans que ses coûts explosent pour autant.
Par conséquent, certaines personnalités politiques considèrent que ces bénéfices tirés d’une situation exceptionnelle devraient en partie revenir aux États pour financer leurs plans d’aide aux ménages et de maintien du pouvoir d’achat.
Même situation dans le secteur du fret maritime
CMA CGM a fait 17 milliards d’euros de profits l’an dernier, contre 15 milliards d’euros de profit juste sur le premier semestre de 2022. Beaucoup de personnalités politiques considèrent que ce sont des « superprofits » qui devraient être redistribués.
Le gouvernement français n’est pas favorable à cette mesure et préfère demander aux entreprises de fournir des efforts financiers. TotalEnergies a par exemple effectué une ristourne de 20 centimes sur le prix du carburant. L’objectif du gouvernement français est de convaincre les entreprises de faire un effort ponctuel afin de ne pas ancrer définitivement de nouveaux impôts ou de nouvelles taxes dans la loi.
Il utilise aussi les entreprises publiques comme Engie et EDF pour plafonner les prix de l’énergie et donc réduire l’effet de l’inflation sur le budget des ménages ainsi que les plans des entreprises.
Cependant, ce n’est pas la vision d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Elle a demandé de plafonner les recettes des producteurs d’énergies (publics et privés) à 180 € le mégawattheure, en proposant que la différence soit utilisée pour financer les plans d’aide. Elle a aussi récemment proposé de taxer les grands groupes pétroliers une fois de plus, mesure qui fait encore débat au sein de l’UE.
Données en vrac sur l’actualité
- Neuf salariés sur dix ont vu leur salaire augmenter en 2022, contre un sur deux l’année dernière, d’après une enquête menée par Deloitte.
- D’après l’Insee, si le bouclier tarifaire n’avait pas été mis en place par le gouvernement, l’inflation aurait été de +8,4 % au lieu de +5,3 % au second trimestre de 2022.
- Hausse des taux directeurs de la Fed de 0,75 %.
Te voici paré·e pour alimenter tes dissertations d’éléments récents de l’actualité !
Si tu veux aller plus loin, tu peux aller lire notre article sur l’actualité américaine de l’été 2022.