égalité

Né le 7 mai 1971 à Clichy, Thomas Piketty est aujourd’hui considéré comme un économiste majeur dans la littérature économique française. Diplômé notamment de l’École normale supérieure (ENS) et de la London School of Economics (LSE), il devient doctorant en sciences économiques sur un thème qui le suivra tout au long de sa carrière d’auteur : la redistribution des richesses.

La propriété sociale du capital selon Piketty

On entend par « redistribution des richesses », un mode de fonctionnement permettant des transferts économiques entre les acteurs d’un pays, organisés par les autorités politiques en fonction de leurs objectifs.

Rappelons qu’il existe deux types de redistribution : une horizontale (comme les prélèvements sociaux qui permettent de garantir une Sécurité sociale pour l’ensemble de la société) et une verticale (s’effectuant des riches vers les pauvres, particulièrement à travers des impôts dits progressifs).

Dans cet article, nous allons étudier cinq préconisations qu’il a mises en avant dans son ouvrage Capital et Idéologie (2019) afin qu’elles puissent être intégrées dans une dissertation comme des préconisations pour alimenter une partie sur une « redistribution plus juste des richesses ».

Dans cette première proposition, Piketty tente de redéfinir le capitalisme. Selon lui, ce dernier peut être considéré comme la concentration du pouvoir économique aux mains des propriétaires du capital. Ainsi, pour avoir une société plus juste, il s’agirait de dépasser ce constat, c’est-à-dire de chercher à moins concentrer le pouvoir économique proportionnellement au niveau de richesse. En prenant pour exemple le modèle allemand de partage du pouvoir dans l’entreprise, il montre comment nos voisins accordent plus d’importance à un modèle de prise de décision orienté vers les salariés. En effet, ces derniers ont un fort pouvoir au sein du conseil d’administration de l’entreprise.

Pour s’inspirer de cela, Thomas Piketty propose de mettre fin à la règle « une action, une voix ». Sa proposition est la suivante : plafonner les votes au-delà de 10 % du capital social d’une entreprise. Cela peut être utilisé comme argument pour montrer comment améliorer la justice sociale au sein de l’entreprise.

La propriété temporaire du capital

Un concept particulièrement important pour Piketty est celui de la « circulation du capital », qui pourrait être bien plus importante, permettant ainsi de réaliser des investissements conséquents tout en favorisant la redistribution des richesses. Dans ce sens, il reprend une proposition de Thomas Paine (1795), mettant en avant la possibilité de créer un impôt progressif afin de financer une dotation universelle pour chaque jeune de 25 ans.

Après calculs, l’auteur souligne qu’en ajoutant un impôt progressif annuel sur la propriété, 5 % du PIB français serait disponible. Ce qui permettrait de redistribuer une dotation de 120 000 euros à chaque jeune à ses 25 ans. Bien que cette proposition puisse paraître séduisante, un frein majeur reste l’acceptation sociale, notamment par les plus aisés.

Vers une Europe sociale et fédérale

Se sentir Européen est, selon Piketty, nécessaire si les nations veulent s’unir pour peser davantage dans l’économie mondiale. Or, ce sentiment est selon lui presque inexistant, ce qui empêche la création d’un social-fédéralisme européen. Dans Capital et Idéologie, sa proposition pour l’Europe est la création d’une assemblée européenne avec 80 % de députés nationaux et 20 % de députés européens. Cela permettrait une mise en commun des idées et une prise de décision plutôt à l’échelle européenne que nationale, afin de réduire les asymétries législatives.

Ensuite, pour consolider cette solidarité, il propose de regrouper quatre grands impôts communs (hauts patrimoines, hauts revenus, bénéfices des sociétés et taxe carbone) qui rapporteraient 4 % du PIB européen. Selon lui, il faudrait reverser la moitié de cette somme aux budgets des États et l’autre à l’investissement commun européen dans la transition énergétique, la recherche, la formation et l’accueil des migrants, afin d’augmenter la croissance économique à long terme, mais surtout de parvenir à une croissance plus juste en termes de répartition des richesses.

Des bons pour l’égalité démocratique

En France, ce sont les plus aisés qui participent au financement des campagnes des différents partis politiques. En effet, ce financement est nécessaire pour faire vivre la vie politique du pays. Cependant, pour Thomas Piketty, le fait que ce financement soit exclusivement réservé à une « élite » pose un réel problème. C’est ainsi qu’il reprend une idée de Julia Cagé (son épouse, également économiste) en proposant de créer un bon annuel de cinq euros, utilisable par tous les Français, permettant de financer un parti politique et d’en devenir adhérent par la même occasion. Cela permettrait un financement plus juste et encouragerait les citoyens français à s’investir davantage dans la vie politique de leur pays.

Ainsi, les citoyens participeraient au renouvellement des partis politiques, un signe de dynamisme qui pourrait apporter un nouvel élan aux campagnes politiques. À travers cette proposition, on comprend qu’une société plus juste peut aussi passer par des biais indirects tels que le biais démocratique.

Une taxe carbone progressive et individuelle, nécessaire pour Piketty

Au moment de l’écriture du livre, en 2019, cinq à six tonnes de carbone étaient émises en moyenne par an et par personne dans le monde. Pour respecter les accords de Paris, d’ici 2050, il faudrait ramener cette valeur autour de 1,5 tonne par personne. Ce qui montre la grande marche à franchir. Comme il est prouvé qu’une corrélation positive existe entre émission de carbone et revenu, il semble nécessaire pour Piketty d’agir sur les plus aisés afin de réduire de manière plus efficace les tonnes de carbone émises. C’est pourquoi il propose de mettre en place une taxe individuelle progressive : les premières tonnes ne seraient pas taxées, les suivantes le seraient davantage, et ainsi de suite. En agissant de la sorte, cette taxe inciterait à une consommation plus raisonnable de carbone, réduisant ainsi les excès.

Cependant, Piketty précise que deux conditions doivent impérativement être respectées pour que la taxe soit acceptée socialement. La première serait un contrôle précis des quantités émises par personne grâce à un mode de calcul rigoureux, et la seconde, une approche pédagogique de l’utilisation des recettes. Ce qu’on appelle aussi le « double dividende » d’une taxe, c’est-à-dire les « retombées », qui, selon Piketty, devraient impérativement servir à compenser l’imposition des ménages modestes et moyens afin de ne pas les pénaliser.

Conclusion

Ainsi, Thomas Piketty montre avec talent qu’il existe diverses solutions pour tendre vers une société plus juste. En fonction de tes préférences, n’hésite pas à choisir l’une de ces propositions pour les insérer dans une dissertation, car elles constituent des exemples précis tirés d’un ouvrage de référence.