union européenne

Lors de sa première campagne à la présidentielle, Emmanuel Macron clamait : « L’Europe est déjà à plusieurs vitesses, n’ayons pas peur de le dire et de le vouloir. » Ainsi, pour lui, au sein de l’Union européenne, les pays n’auraient pas tous la même intégration ni la même volonté d’accélérer le processus européen. Il s’agirait donc, selon lui, d’assumer ce fait. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’Europe est-elle à plusieurs vitesses ?

Avant toute chose, n’hésite pas à consulter notre article sur le cas particulier de la Hongrie au sein de l’Union européenne !

Un objectif européen à l’opposé d’une Europe à plusieurs vitesses

En effet, l’Union européenne est fondée sur une coopération entre pays visant à une intégration commune des États membres. On le voit bien dès le traité fondateur de l’UE, celui de Maastricht en 1992. Il annonçait un élargissement des compétences de Bruxelles, qui pouvait dès lors agir en termes de protection des consommateurs, de réseaux transeuropéens et de politique industrielle, par exemple.

Plus récemment, différents plans d’action durant la crise de la Covid se sont faits à l’échelle européenne. Cela semble bien alors montrer la volonté des pays européens de travailler ensemble. Si des divisions internes ont pu apparaître pendant la crise, les vaccins ont bien été commandés au niveau européen.

Pourtant, force est de constater que certains pays s’investissent plus que d’autres dans le processus européen

Au cours de sa construction, l’Europe a créé des systèmes et des accords qui ne sont pas pour autant signés ou appliqués par l’entièreté des États membres. C’est par exemple le cas des accords de Schengen de 1995, permettant la libre circulation des personnes dans l’Union européenne. Cela ne concerne pas l’Irlande, la Roumanie, la Bulgarie, Chypre et la Croatie, bien qu’appartenant à l’UE. De même, la zone euro ne compte que 19 des 27 pays formant l’Union européenne. Ainsi, cette dernière apparaît bien comme un espace à géométrie variable.

Certains pays vont même jusqu’à vouloir ralentir le processus pour affirmer leur indépendance. C’est le cas du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque), qui a avant tout une conception souveraine et intergouvernementale de l’UE. Loin d’être anti-Européens, ces pays sont néanmoins prêts à bloquer l’avancée de certains projets. Ce fut le cas lors de l’adoption du plan de relance suite à la crise de la Covid.

Cette affirmation nationale n’est pas sans rappeler les mots « I want my money back » prononcés par M. Thatcher au sommet de la Communauté européenne de 1979 à Dublin. Elle affichait de cette manière la volonté du Royaume-Uni de rester indépendant, quitte à ne pas s’intégrer totalement. Cette affirmation n’est donc pas nouvelle.

Dès lors, certains dirigeants vont même jusqu’à vouloir assumer ce type de fonctionnement

En 2014, Valéry Giscard d’Estaing proposait, dans son livre Europa : la dernière chance de l’Europe, d’accélérer l’intégration européenne pour certains pays. Et ainsi, il proposait d’assumer le caractère variable de l’Europe afin de sortir de cette « panne européenne ». Il imaginait alors une Europe à 12, intégrée à l’Union européenne (France, Italie, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Irlande, Pologne, Espagne, Portugal, Finlande, Autriche). Toutefois, la présence de la Pologne semble rendre aujourd’hui irréaliste cette idée.

Néanmoins, certains pays tentent bien d’accélérer le processus européen. Le traité d’Aix-la-Chapelle de 2019 en est un exemple parlant. Ce traité entre la France et l’Allemagne visait à compléter celui de l’Élysée. En matière de défense, les deux pays se promettaient la défense mutuelle. En matière économique, le traité insistait sur l’importance de faire converger les deux économies en instaurant un « Conseil franco-allemand d’experts économiques ». L’objectif semblait donc de réaliser les objectifs de l’UE plus rapidement au sein du couple franco-allemand.

Ce traité avait même été critiqué par certains partis politiques français. Ces derniers estimant qu’il pouvait remettre en cause la place de la France au Conseil de sécurité des Nations unies. Cette critique était issue d’un article dans lequel les deux pays « font de l’admission de l’Allemagne au CSNU une priorité de la diplomatie franco-allemande ». Si cette critique vient mettre en avant les divergences de vision de l’UE en France, il vient surtout montrer à quel point la France et l’Allemagne tentent de rapprocher leurs politiques.

Finalement, l’Europe semble bien être à plusieurs vitesses, quand bien même cela contrarie ses ambitions initiales. En effet, certains pays s’impliquent plus dans l’intégration, tandis que d’autres tentent d’affirmer leur indépendance, sans pour autant toujours être anti-Européens.

Si tu veux approfondir la question européenne, un bon moyen est de s’intéresser à Guerres invisibles de Thomas Gomart.