La rentrée 2018 n’est pas de tout repos pour l’Argentine et son président, Mauricio Macri. La décision de la banque centrale américaine (FED) de procéder à des hausses successives des taux d’intérêts qu’elle verse sur les dollars a eu un effet dévastateur sur le peso argentin, qui n’arrête pas de chuter. Les investisseurs étrangers fuient l’Argentine, les entreprises ferment, le président Mauricio Macri (élu en 2015) coupe dans les budgets et sollicite l’aide du FMI (Fonds Monétaire International, présidé par Christine Lagarde) afin de stabiliser la situation et tenter de calmer les protestations sociales.
Quelle est la situation économique et sociale actuelle en Argentine?
A l’heure d’aujourd’hui, le peso argentin vaut la moitié de ce qu’il valait en début d’année et l’inflation pourrait encore atteindre les 40% d’ici fin décembre, ce qui a un impact énorme sur le pouvoir d’achat des argentins et accule de nombreuses entreprises domestiques à la faillite. Ainsi, pour compenser ce manque d’entrée de pesos, le gouvernement se voit contraint de relever ses taux directeurs pour convaincre les créanciers de lui prêter, d’augmenter les tarifs des services publics et de fermer des ministères (de la Santé et du Travail notamment) pour couper dans les dépenses, ce qui ne fait qu’exacerber la colère des syndicats, qui appellent à la grève et aux mobilisations étudiantes. Pourtant, Mauricio Macri avait réussi à redorer l’image du pays après l’ère Kirchner : l’Argentine avait multiplié par trois ses flux entrants entre 2016 et 2017, avait enregistré une augmentation du stock d’IDE de 8% (76 milliards en 2017) et une croissance 2,8 points plus élevée par rapport à 2016.
Comment expliquer l’ampleur de cette nouvelle crise?
L’Argentine n’en est pas à sa première crise économique et connaît une inflation constante, ce qui a pour conséquence une dépréciation du peso. Les argentins se détournent de leur monnaie, et pour ceux qui le peuvent épargnent en dollars en évitant les circuits officiels (ils gardent le souvenir de la crise de 2001 où tous les avoirs en dollars placés dans les banques argentines avaient été gelés). Cette situation n’est pas nouvelle. Le problème est que le renchérissement du dollars amplifie le phénomène : l’Argentine importe l’essentiel des produits en dollars qui sont plus chers, ce qui contribue à l’inflation et à la dévaluation du pesos, qui elle-même contribue à l’inflation. C’est un cercle infernal dont il est d’autant plus difficile de sortir que, du côté de la Fed, tout indique qu’elle va poursuivre sa politique d’augmentation de ses taux directeurs (elle vient de les relever pour la troisième fois de l’année).
Comment réagit le gouvernement argentin?
L’Argentine a besoin de liquidités, et très vite car elle doit également faire face au remboursement des échéances de sa dette. Elle a dû se résoudre à augmenter ses taux directeurs à 40% en août et 60% en septembre et à faire appel au FMI qui a promis un prêt de 57 milliards en échange d’un contrôle de son inflation et d’une politique d’austérité très sévère pour la population. Tout cela ne rassure pas les argentins, qui ont comme une impression de déjà-vu après la terrible crise de 2001.Les entreprises étrangères ne semblent pas plus convaincues. Elles craignent que le peso ne se fragilise davantage et que les revendications sociales freinent leur activité. C’est le cas des entreprises françaises qui emploient actuellement plus de 50 000 personnes; la France étant le 5e investisseur étranger en Argentine derrière l’Allemagne
Suggestion : Synthèse d’actualité estivale 2018