Evo morales

Je t’emmène dans le décryptage de la cause indigène en Bolivie. En Amérique latine, les indigènes, ou los indigenas, sont des peuples dont la place au sein d’une société est souvent source de clivages. Dans cet article, Major-Prépa t’illustre quelle est la place occupée par les communautés indigènes en Bolivie.

La place des peuples indigènes en Amérique latine

L’Amérique latine compte environ 50 millions d’indigènes sur tout le continent. Ces peuples se concentrent majoritairement dans cinq pays : la Bolivie, le Guatemala, le Pérou, le Mexique et l’Équateur.

Aujourd’hui encore, les populations indigènes en Amérique latine souffrent de répression et d’un manque de reconnaissance important. La culture des peuples est parfois menacée et stigmatisée. Les communautés indigènes sont donc souvent amenées à lutter pour que les dirigeants et les autres ethnies reconnaissent leurs droits.

Retrouve cet article sur la place des indigènes en Amérique latine.

Focus sur la Bolivie : la place des indigènes au cœur du pays

La Bolivie est le pays d’Amérique latine qui compte le plus de peuples indigènes. En effet, 36 peuples indigènes sont répartis sur l’ensemble du territoire, représentant 2,8 millions d’individus et 40 % de la population nationale. Parmi les ethnies indiennes les plus importantes du pays, on distingue notamment les Aymaras, les Quechuas et les Guaranis.

Le pays est le foyer de nombreuses communautés riches en tradition. La Bolivie s’inscrit d’ailleurs comme la région la plus inclusive du continent, souvent qualifiée de modèle pour les autres pays d’Amérique latine en ce qui concerne la reconnaissance des populations et de la culture indigène.

Les racines historiques des peuples indigènes en Bolivie

La présence des indigènes en Bolivie remonte à des millénaires, bien avant l’arrivée des conquistadors espagnols. Ces peuples ont survécu à la colonisation au XVe siècle. L’Empire inca a su par exemple imposer son pouvoir politique et militaire face aux conquistadors. C’est ce qui a permis de conserver jusqu’à aujourd’hui leurs langues traditionnelles et un profond attachement à leurs terres ancestrales.

Mais au fil des siècles, les peuples indigènes boliviens ont été exclus des décisions politiques et économiques. Leurs terres ont souvent été exploitées sans leur consentement. C’est dans ce contexte que sont nées les revendications politiques des indigènes.

La cause indigène et la politique bolivienne

Dès le 18 décembre 2006, la cause indigène est mise à l’honneur avec l’élection du nouveau Président. Avec 54 % des votes, Evo Morales devient le premier Président indigène de l’histoire du pays. Il marque ainsi un nouveau tournant dans la sphère politique bolivienne. Son parti politique MAS (Movimiento Al Socialismo) soutenait notamment l’inclusion des peuples indigènes et du reste de la population bolivienne au sein d’une société unie et pacifiée.

En 2009, une nouvelle Constitution est adoptée par le pays. Cette nouvelle constitution portée par Evo Morales officialise le fait que la Bolivie est désormais reconnue comme État plurinational, ou Estado plurinacional.

Tu souhaites en apprendre plus sur Evo Morales ? Retrouve un article détaillant son parcours ici.

La mise en place de l’État plurinational en Bolivie

L’État plurinational reconnaît l’égalité des différentes ethnies et fait de la Bolivie un État libre, indépendant, démocratique et interculturel.

Que permet la Constitution de 2009 ?

La Constitution de 2009 donne une place aux peuples indigènes dans la vie du pays à travers plusieurs dispositions emblématiques.

Ce nouveau texte assure la protection des terres ancestrales des indigènes et engage les gouvernements à demander le consentement de ces peuples en cas de modification.

Il fait de la protection des indigènes un enjeu d’action politique qui a pour mission « de construire une société juste et harmonieuse, dépourvue de toute discrimination ».

La Constitution de 2009 reconnaît officiellement les 36 langues indiennes parlées dans le pays (le quetchua, le guarani et l’aymara, notamment), en plus de l’espagnol.

Quelles limites aux droits et à la reconnaissance des peuples indigènes en Bolivie ?

Malgré les avancées politiques qui reconnaissent les droits des indigènes, les chefs de ces peuples continuent d’être mis à l’écart du pouvoir pour certaines décisions.

La méfiance envers les peuples indigènes persiste

Une étude récente révèle la progression des discriminations et de la méfiance envers les peuples indigènes. 23 % des Boliviens interrogés n’autoriseraient pas le mariage de leurs enfants avec un individu appartenant à la communauté indienne.

Une participation des indigènes boliviens dans la vie politique du pays assez faible

L’affaire du TIPNIS, en août 2011, a mis en lumière les limites du droit à la consultation préalable reconnu par la Constitution.

Dans un parc national déclaré « territoire indigène », un projet de route a été lancé par les autorités sans l’accord des 60 communautés indigènes vivant au sein de ce lieu.

Sous la pression et la colère des indigènes, le gouvernement de Morales s’est vu contraint de consulter les habitants du parc, plus de trois ans après le début des travaux.

Mais l’exercice de consultation a été bâclé : information falsifiée, non-application des coutumes indigènes dans la prise de décision. Cet événement a alors montré un désintérêt et un manque profond de volonté politique en ce qui concerne la protection des intérêts des indigènes.

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