Perón

Comment parler de l’Argentine sans évoquer le péronisme et comment parler du péronisme sans prononcer le nom du célèbre Juan Domingo Perón ? Érase una vez (Il était une fois)… Juan Perón. Nous allons alors t’expliquer qui était cet homme et dans quelle mesure il a marqué l’histoire de l’Argentine.

Qui était Juan Perón ?

Juan Perón est né en 1895 en Argentine dans la province de Buenos Aires. Militaire, écrivain, il est aussi le premier président élu au suffrage universel en 1946. Pour en arriver là, il participe à la Révolution de 1943 (Revolución del 43) qui met fin à la Décennie infâme (Década Infame). Cette période s’étend de 1930 à 1943 en Argentine et est particulièrement touchée par la fraude électorale, la corruption et la persécution des opposants politiques.

En bref, un autoritarisme de grande ampleur était en place en Argentine. C’est dans ce cadre que Péron s’investit dans le coup d’État militaire le 4 juin 1943. Après quoi, il deviendra ministre du Travail.

En 1945, il est arrêté et incarcéré, car la classe aisée s’opposait à son idéologie. Il est rapidement libéré et élu au suffrage universel. Il défend une politique socialiste et favorable aux secteurs ouvriers. Il se marie trois fois au cours de sa vie, notamment avec la célèbre Eva Duarte, surnommée Evita. Il meurt en 1974 d’une crise cardiaque.

De Juan Perón au péronisme, il n’y a qu’un pas !

Après le coup d’État de 1943, une forme de dictature militaire s’est mise en place en Argentine. Les contradictions sont apparues au sein du nouveau pouvoir militaire.

En effet, le militaire argentin Pedro Pablo Ramírez défendait plutôt un nationalisme catholique de droite, là où le général Farrell et le colonel Perón avaient pour ambition de mettre en place un nationalisme social et travailliste avec des alliances faites aux syndicats. Cette base politique socialiste mènera à la mise en place d’un parti travailliste et au développement du mouvement national justicialiste, qu’on appellera le péronisme (el peronismo).

Le terme de justicialisme s’explique par l’importance qu’accordait ce mouvement à la justice sociale. Justicialisme et péronisme continuent d’être utilisés et mis en avant par de nombreuses personnes sur la scène politique.

En 1946, Perón est élu président au suffrage universel. Les mesures et les réformes mises en place en Argentine sont nombreuses dans les domaines de la santé, de l’éducation et du droit du travail. Ainsi, cela permet au gouvernement de compter sur un soutien important des classes populaires.

Carrière politique et chute de Juan Perón

En arrivant au pouvoir, Juan Perón va mettre en place un État-providence et va chercher à stimuler l’industrialisation de l’Argentine. De grandes avancées auront lieu au cours de son premier mandat.

Sur le plan sanitaire, il investit dans la construction d’hôpitaux, mais il agit également sur le plan éducatif avec la gratuité de l’université. Il devient un symbole pour les descamisados (les « sans-chemise » pour faire référence aux ouvriers). Il modifie la Constitution en 1949 dans le but d’aller plus loin dans ses réformes. Il est réélu en 1952, mais il devra rapidement faire face à de nouveaux problèmes.

Après une sécheresse importante au cours des années 1950, l’Argentine plonge dans une récession. Les forces péronistes sont critiquées par les forces militaires et elles vont rapidement se rebeller contre Perón par un coup d’État qui le mène à l’exil. C’est la première chute de Pérón.

À la suite de cela, l’Argentine fait face à une succession de gouvernements militaires et autoritaires. Une forme de résistance péroniste se met en place. En 1973, Juan Perón se présente aux élections présidentielles et est élu président avec près de 62 % des voix. Cependant, cette période sera brève, car il tombera malade et finira par mourir rapidement. Isabel Perón, sa femme, lui succède et devient la première femme Présidente d’Argentine et du monde. Après moins de deux ans au pouvoir, le général putschiste Jorge Videla la renverse.

Quelque temps après, une dictature très violente va se mettre en place en Argentine.

Le péronisme aujourd’hui en Argentine

De nombreuses crises sociales et économiques touchent l’Argentine entre les années 1970 et les années 2000. Entre guerre, dictature, autoritarisme, meurtres, disparitions, vols de bébés, crise économique, l’Argentine se retrouve rapidement dans une situation critique. Nombreux sont les politiques qui se revendiquent du « péronisme » pour sauver le pays et pour que le parti justicialiste continue d’exister.

En effet, Carlos Menem (1989-1999) va mettre en place une libéralisation massive du pays, alors même qu’il prétend appartenir au Parti péroniste. De même, Néstor Kirchner, qui arrive au pouvoir en 2003 pour sauver le pays, est un péroniste également. Dans ces deux cas de figure, nous avons un président plutôt de droite et un autre plutôt de gauche, mais qui visiblement prétendent tous les deux représenter le péronisme. Encore et toujours, le président actuel, Alberto Fernández, est également un péroniste convaincu…

Dès lors, le péronisme n’est-il pas devenu une sorte d’héritage mythique et pluriel auquel la majorité des politiques tentent de s’affilier ?

En bref, Perón et son parti continuent d’influencer dans une certaine mesure la politique en Argentine. C’est un héritage particulier, car il semble être également instrumentalisé par de nombreuses personnes dans l’unique but de se faire élire ou réélire au nom de Perón.

Perón aura marqué l’histoire du pays et sa vie politique. Tu ne peux désormais plus parler de l’Argentine sans l’évoquer !