Guatemala

Dans un pays rongé par la corruption des élites et par une pauvreté de plus en plus grandissante, Bernardo Arévalo apparaît comme une lueur d’espoir. Fils du premier Président démocratiquement élu au Guatemala, ses idées progressistes pourraient marquer un tournant pour ce pays d’Amérique centrale de plus de 17 millions d’habitants.

Le Guatemala en quelques informations clés

  • Régime : République présidentielle avec à sa tête Bernardo Arévalo (Mouvement Semilla)
  • Population : 17,6 millions d’habitants (dernier recensement de 2023)
  • Langue officielle : espagnol
  • Capitale : Guatemala
  • Monnaie : quetzal
  • Économie : fortement dépendante des États-Unis, puisque c’est la destination de 1/3 de ses exportations et la principale source des remises envoyées par la diaspora
  • Situation sociale : près de 60 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (BM, 2014) et un habitant sur deux souffre de malnutrition (2021)
  • Situation des femmes : 3e pays le plus violent envers les femmes, avec 6,9 morts violentes de femmes sur 100 000 habitantes

Le contexte politique et social

Une corruption systémique

La corruption au Guatemala est omniprésente et est l’une des plus élevées d’Amérique latine. Le pays figure au 150e rang sur 180 dans le classement 2022 de l’ONG anticorruption Transparency International. Cette corruption trouve son origine dans la guerre civile (1960-1996). Cette dernière a créé un contexte d’instabilité dans le pays, qui a permis aux élites politiques, économiques et militaires de s’implanter dans les hautes institutions du pays afin d’en profiter et d’en tirer profit.

Face à tout cela et à la suite d’une demande d’assistance adressée par l’ancien président Oscar Berger aux Nations unies, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) a été créée. Elle avait pour rôle de rechercher les personnes impliquées dans des affaires de corruption à tous les niveaux de la société guatémaltèque. Mais en 2019, le président Jimmy Morales a mis fin à cette Commission puisqu’il la considérait comme un danger pour la sécurité publique.

La corruption est donc toujours présente dans la vie politique guatémaltèque. L’expression « Pacto de corrupto » est devenue virale en 2017 lorsque Jimmy Morales et les cinq blocs politiques du Congrès sont parvenus à un accord pour modifier le Code pénal, permettant ainsi de commuer les peines de prison de moins de 10 ans en amendes. Ainsi, toutes les personnes condamnées par la CICIG ont été libérées de prison, car seules les élites politiques, les oligarques et les entrepreneurs en lien avec le crime organisé et les trafiquants de drogue étaient en mesure de payer ces amendes.

Les effets néfastes de la corruption sur la presse

Cette corruption systémique a aussi lourdement impacté la liberté de la presse. L’incarcération de José Ruben Zamora, fondateur du journal El Periódico, est un exemple frappant.

Zamora, connu pour ses enquêtes approfondies sur la corruption et les abus de pouvoir, a été arrêté en juillet 2022 et condamné à six ans de prison en juin 2023 pour blanchiment d’argent. C’est une accusation largement perçue comme politiquement motivée. Ce verdict a été critiqué par des organisations de défense des droits de l’homme et des institutions internationales, qui y voient une tentative flagrante de réduire au silence les voix critiques et indépendantes.

Les conséquences sur la société

Cette situation politique a des effets sociaux dévastateurs sur la population puisque près de 60 % des Guatémaltèques vivent sous le seuil de pauvreté (selon les derniers chiffres de la Banque mondiale de 2014).

Cela explique l’ascension au pouvoir de Bernardo Arévalo. En effet, il a fait de la lutte contre la corruption son principal thème de campagne. Il veut créer un cabinet contre la corruption et une commission de vigilance autonome. Il s’est aussi engagé auprès de Reporters sans frontières afin de tout faire pour libérer José Ruben Zamora, en tenant compte des limites du pouvoir exécutif dans une affaire qui est entre les mains de la justice.

L’ascension de Bernardo Arévalo

Investiture sous haute tension

Crédité de 5 % des intentions de vote à la veille du scrutin présidentiel, Bernardo Arévalo a été élu au second tour, le 20 août 2023, avec 58 % des suffrages. Cette élection montre qu’il y a une transformation au Guatemala.

Lorsque la Procureure générale de l’État, Maria Consuelo Porras (inscrite sur la liste des personnes les plus corrompues du pays établie par les États-Unis), et certains juges ont tenté d’annuler les résultats (pourtant validés par le Tribunal suprême électoral) et de persécuter le mouvement Semilla, la situation s’est néanmoins dégradée. En effet, de grandes manifestations et un sit-in devant le siège du ministère public ont été organisés. Plusieurs communautés indigènes guatémaltèques ont répondu présentes pour défendre la démocratie et le respect des résultats des élections.

C’est la première fois qu’une manifestation indigène est organisée pour défendre la démocratie. Malgré ces tentatives de « coups d’État » (termes de Bernardo Arévalo), ce dernier a donc été investi le dimanche 14 janvier 2024.

Le Président face aux attaques

Néanmoins, le nouveau chef de l’État fait toujours face aux attaques que lui livre le « pacte des corrompus ».

Le 20 août, pour la troisième fois depuis sa prise de fonction, le ministère public a demandé à la Cour suprême de lever l’immunité du Président. Il est accusé d’avoir donné un ordre illégal pour payer de manière arbitraire des entreprises publiques potentiellement impliquées dans des affaires de corruption. Bien que ces accusations soient fondées sur des faits que le Président Arévalo a lui-même reconnus, elles semblent relever davantage de l’acharnement politique. Certains de ses accusateurs figurent d’ailleurs sur la liste noire des personnes les plus corrompues établie par les États-Unis. Ces attaques rappellent celles orchestrées contre d’autres partis lors de la dernière élection présidentielle.

La corruption continue ainsi de ronger ce petit pays d’Amérique centrale, et ces accusations suggèrent que le « pacte des corrompus » commence à craindre l’ascension du nouveau Président élu.

Conclusion

La situation au Guatemala reste donc incertaine pour le moment, car on ne sait pas si les procédures lancées contre le Président peuvent aboutir. Néanmoins, on peut affirmer que l’accession au pouvoir de Bernardo Arévalo a déstabilisé le système guatémaltèque corrompu.

Vocabulaire essentiel

  • Démocratie : democracia
  • Incertitude : incertidumbre
  • Effets dévastateurs : efectos devastadores
  • Les personnes les plus corrompues : las personas más corruptas
  • Le Président fait toujours face aux attaques : el presidente sigue sufriendo ataques -> Seguir + gérondif = exprime la continuité
  • Danger : peligro
  • Près de 60 % des habitants : casi el (o un) 60% de la población
  • Juges : jueces
  • Juger quelqu’un : juzgar a alguien
  • Coup d’État : golpe de Estado
  • Sous le seuil de pauvreté : por debajo del umbral de pobreza
  • Remises : remisas
  • Manifestation : manifestacion
  • Communauté indigène : comunidad indígena
  • Donner un coup de pied dans la fourmilière : alborotar el gallinero
  • Le Guatemala : Guatemala (PAS D’ARTICLE)
  • Les Guatémaltèques : los guatemaltecos (il est important de savoir dire toutes les nationalités des pays d’Amérique latine, notamment pour les thèmes)

 

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P.-S. : Il ne faut pas confondre Jimmy Morales et Evo Morales.