Le 4 mai 2024, trois anciens présidents latino-américains ont appelé la communauté internationale à apporter de l’aide à Haïti, qui connaît une situation chaotique à la fois au niveau politique, économique et social. Le pays le plus pauvre d’Amérique latine est en proie à une violence des gangs sans précédent, qui a notamment causé l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 et qui paralyse actuellement le pays. Un problème qui s’ajoute à la situation économique et sociale catastrophique d’un pays maudit par les catastrophes naturelles et par une dette historique.
Haïti : un pays endetté et maudit
Ancienne colonie française, Haïti a été le premier pays du continent américain à abolir l’esclavage en prenant son indépendance en 1804. Mais cela s’est fait aux dépens d’une dette colossale (150 millions de francs) qui fera l’effet d’une malédiction dans le développement du pays et qui a toujours une influence aujourd’hui. Voici un article du New York Times qui en détaille les effets. L’économie du pays se base également sur une main-d’œuvre peu chère dans le secteur du textile et de l’agriculture.
Cette économie est particulièrement affectée par les catastrophes naturelles qui ébranlent le pays de manière régulière. Tremblements de terre, cyclones, inondations, Haïti n’est jamais épargné. Un séisme en janvier 2010 a causé la mort de 300 000 personnes. L’ouragan Matthew en 2016 a tué près de 1 000 personnes. La tempête tropicale Grace en 2021 a également dévasté le pays. Chaque catastrophe naturelle enfonce un peu plus Haïti dans une crise sans fin.
À cette malchance s’ajoutent des problèmes structurels, comme la corruption qui empêche le développement du pays et fait disparaître la confiance envers le pouvoir politique. De plus, selon plusieurs organismes internationaux, plus de 60 % de la population vit en situation de pauvreté et l’espérance de vie atteint seulement les 63 ans. Une des conséquences est la migration phénoménale : 1/5 de la population a quitté le pays. La République dominicaine, pays frontalier, est le premier à subir cette dernière.
Une crise politique et sociale particulièrement forte depuis 2021
Avec l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, la crise a pris un tournant particulier en mettant en avant l’influence si importante des gangs. Sa maison présidentielle a été prise d’assaut par des mercenaires, dont de nombreux Colombiens. Sa mort serait liée à une liste qu’il aurait voulu publier sur des personnes politiques et chefs d’entreprises puissants liés au trafic de drogue.
Après la mort de Moïse, c’est Ariel Henry, Premier ministre, qui est élu quelques semaines plus tard. Mais très rapidement, il ne fait pas l’unanimité auprès des partis politiques et de la population, et attise la colère des gangs. Ces derniers sont si puissants qu’ils contrôlent une grande partie de la capitale et y font régner un régime de terreur. Les forces policières haïtiennes sont en infériorité et n’ont pas été en mesure de protéger certaines prisons, desquelles les gangs ont pu libérer des criminels. En une semaine seulement, on a compté 15 000 personnes abandonnant leur logement à cause des pillages et des incendies.
La gestion du pouvoir par le Premier ministre conduit le chef de gang le plus puissant du pays, Jimmy Chérizier, alias « barbecue », à menacer le pays de guerre civile et de génocide. Face à ces nombreuses menaces, Ariel Henry n’a pas pu rentrer au pays depuis et s’est vu contraint de démissionner le 11 mars 2024, à la suite notamment des pressions de la communauté internationale.
Une reconstruction et un apaisement difficiles
Le problème avec la situation actuelle est que la communauté internationale intervient très peu sur le plan militaire, malgré les demandes à répétition du pays. Les cartels gardent une influence conséquente, obligeant le pays et la communauté internationale à négocier avec eux. Un accord a tout de même été trouvé avec le Kenya pour envoyer 1 000 policiers sur l’île afin de rétablir une certaine sécurité.
Au niveau politique, les partis ont trouvé un accord pour la formation d’un conseil de transition visant à organiser des élections d’ici 2026. Il y aura environ 22 mois de transition pendant lesquels la priorité affichée sera bien sûr la sécurité et la préparation d’un plan économique à relance humanitaire. Reste à voir si ce processus se fait de manière juste et sans embûche. Ce qui n’est pas chose facile.
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