démocratie

Comme chaque année, The Economist publie un rapport sur l’état de la démocratie dans le monde, appelé Democracy Index. Le dernier en date, publié le 15 février, soulève des inquiétudes concernant le déclin de la démocratie dans le monde en 2023. En effet, moins de la moitié de la population vit dans une démocratie. Une fois n’est pas coutume, l’Amérique latine contribue fortement à cette régression. La région connaissant un déclin de la démocratie pour la huitième année consécutive. Cet article sera donc une présentation des résultats du rapport ainsi qu’une clé d’analyse de l’état de la démocratie en Amérique latine.

Présentation du rapport

L’indice

Tu peux trouver le lien de téléchargement du rapport ici.

Il consiste en un classement des pays en fonction de l’état de leur démocratie. Chaque pays est noté de 0 à 10, en fonction de plusieurs critères : le fonctionnement du gouvernement, le processus électoral, les libertés civiles…

En fonction de ces notes, les pays sont classés dans différentes catégories :

  • Note supérieure à 8 : les démocraties pleines
  • Note entre 6 et 8 : les démocraties imparfaites
  • Note entre 4 et 6 : les régimes hybrides
  • Note inférieure à 4 : les régimes autoritaires

Que dit le rapport ?

Si tu cherches une analyse globale du classement en 2022 pour pouvoir comparer à celui d’aujourd’hui, je te conseille cet article.

Cette année, le classement nous dit que l’indice global de démocratie est tombé à son niveau le plus bas depuis 2006 et que moins de 8 % de la population mondiale vit dans une démocratie pleine.

Democracy Index de 2023

L’Amérique latine connaît pour sa part un déclin continuel de l’état de la démocratie en son sein, avec un indice moyen passant de 5,79 en 2022 à 5,68 en 2023. Cette baisse s’explique en grande partie par le déclin de la participation politique (–0,25 en moyenne par rapport à 2022) ainsi que du processus électoral et pluralisme (–0,12). Les Caraïbes connaissent également un déclin de la démocratie en 2023. Le rapport indique que le trafic de drogue y joue pour beaucoup et affecte à la fois les forces de sécurité et les civils.

Au niveau des démocraties pleines, la région en compte maintenant deux au lieu de trois : l’Uruguay (indice de 8,66 et 14e mondial) et le Costa Rica (indice de 8,29 et 17e mondial). Le Chili, qui était une démocratie pleine en 2022, passe à une démocratie imparfaite (indice de 7,98).

Au niveau des régimes autoritaires, on retrouve Cuba (indice de 2,65), le Venezuela (2,31) et le Nicaragua (2,26). Les pays ayant contribué le plus à la baisse de l’indice démocratique dans la région sont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras.

On peut noter, au contraire, l’amélioration de l’indice au Paraguay grâce à l’augmentation de la représentation des femmes au sein du Congrès.

L’essor de l’autoritarisme

Après avoir présenté ces résultats, voici quelques clés d’analyse.

Un autoritarisme déjà en place qui se renforce

Les dictatures à Cuba, au Venezuela et au Nicaragua, qualifiées de « troika de la tiranía » par Trump, continuent de résister aux sanctions internationales et de renforcer leurs pouvoirs au sein de ces pays.

Au Venezuela, Nicolas Maduro a entrepris une dérive autoritaire, avec notamment l’emprisonnement des opposants et une fraude électorale pour se maintenir au pouvoir en 2018. Il retrouve aujourd’hui un certain poids à l’international à la suite de la guerre en Ukraine et de la volonté des pays occidentaux de trouver d’autres sources d’énergie. Après avoir affirmé être ouvert à un processus électoral juste pour les prochaines élections, cette promesse semble s’éloigner aujourd’hui, comme le montre cet article.

Daniel Ortega, au pouvoir au Nicaragua depuis 2006, continue le renforcement de son régime autoritaire après la violente répression des manifestations en 2018 et sa réélection frauduleuse en 2021. Retrouve un article plus complet ici.

À Cuba, la dictature la plus vieille d’Amérique latine, les choses bougent peu. Il y a toujours un parti unique, le PCC (Partido Comunista Cubano), il n’existe pas de liberté de la presse et il y a un emprisonnement systématique des opposants. Les protestations en 2021 après la crise de la Covid ont été durement réprimées avec des peines de prison disproportionnées. Pour approfondir, voici un article détaillant la situation.

Un nouvel autoritarisme : le cas du Salvador

La récente dérive autoritaire de Nayib Bukele a créé un séisme dans toute la région. Le jeune Président a commencé à entreprendre une guerre totale contre les bandes criminelles en mars 2022. Pour ce faire, il a bafoué de nombreux droits humains dans le pays. En voici un article détaillé.

Ce qui fait tant de bruit dans la région, c’est que cette technique est très efficace pour faire baisser le niveau de criminalité dans le pays et que Bukele jouit d’une approbation populaire importante (80 % de taux de popularité dans le pays). Même si cette méthode a été dénoncée par de nombreuses organisations pour le déclin des libertés humaines et la concentration des pouvoirs au Salvador (en témoigne la réélection du chef d’État à la base impossible), certains pays commencent à envisager la possibilité d’utiliser cette même technique.

Un déclin général de la démocratie face à l’insécurité et la polarisation politique

L’insécurité

Ce qui pousse les pays et la population à envisager la méthode Bukele, c’est la vaste crise d’insécurité qui ébranle l’Amérique latine. Comme le dit le rapport de The Economist, les trafiquants de drogue et les organisations criminelles affectent tous les domaines des pays où ils sévissent. Cette insécurité contribue à la perte de confiance des citoyens en la démocratie. Ils sont seulement 48 % à préférer la démocratie à d’autres formes de gouvernement, selon Forbes.

L’Équateur ne peut qu’être un exemple probant de ce fléau, puisque l’essor des cartels dans le pays secoue la politique et la vie citoyenne. Le 9 août, le candidat aux élections présidentielles Villavicencio a été assassiné et, plus récemment, la prise d’otages d’un plateau télévisé ainsi que la libération de l’ennemi numéro 1 du pays ont secoué le pays de toutes parts.

Le nouveau Président, Daniel Noboa, cherche à renforcer la sécurité à travers des sanctions plus fortes et une réforme du système carcéral. Pour pouvoir approfondir la question, renseigne-toi sur l’insécurité en Équateur.

Cette augmentation de la violence touche également d’autres pays comme le Mexique ou le Chili. Le Président chilien, Gabriel Boric, a fait passer une loi augmentant le pouvoir de la police face à un taux d’homicides qui augmente (4,6 pour 100 000 habitants en avril 2023). Haïti connaît pour sa part une situation catastrophique, notamment depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse en juillet 2021. Les gangs contrôlent certaines parties du pays face à des forces de l’ordre dépassées par les évènements.

La polarisation et le populisme

La polarisation politique ainsi que le populisme sont également des facteurs jouant sur le déclin de la démocratie dans la région.

Les politiques jouent sur la manipulation de l’opinion publique et la remise en cause des institutions pour servir leurs intérêts. En témoignent les cas de Donald Trump aux États-Unis et surtout de Jair Bolsonaro dans la région. Sous l’impulsion de ce dernier, à travers notamment la remise en cause du résultat des élections, certains de ses partisans ont tenté d’envahir les institutions du pays. La capacité des forces de l’ordre de contrer cette tentative de coup d’État a été considérée par l’actuel Président Lula comme « la victoire de la démocratie sur l’autoritarisme ».

Dans beaucoup d’autres pays, on retrouve cette polarisation politique lors des récentes élections : Chili, Colombie et plus récemment Argentine. L’arrivée au pouvoir du Président d’extrême droite, Javier Milei, résulte d’un manque cinglant de soutien au parti traditionnel, critiqué pour sa faible efficacité face à la crise économique actuelle. Pour beaucoup, l’arrivée au pouvoir de Milei est une menace pour certains droits (notamment celui des femmes) et pour la démocratie en général.

Le Guatemala est également un cas brûlant à étudier. Les élections présidentielles ont été marquées par l’exclusion de nombreux candidats dans le processus tels que la tête des sondages à l’époque, Carlos Pineda. La campagne en général a été marquée par des accusations de corruption et de fraude, générant une méfiance importante de la part de la population. C’est finalement Bernardo Arévalo qui s’est imposé à la surprise générale et au grand dépit des élites politiques du pays qui ont subi un vote de rejet populaire. Ces dernières ont essayé d’invalider le résultat des élections, ce qui a finalement été rejeté. Mais ceci montre une tension politique énorme qui menace le fonctionnement des institutions.

Conclusion

La démocratie est en danger dans de nombreux pays d’Amérique latine et il est peu probable que la situation s’améliore dans les années qui viennent. Surtout étant donné la polarisation et les violences actuelles dans la région.

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