Amérique latine

Les États d’Amérique latine possèdent majoritairement des économies extractives, c’est-à-dire qu’ils vivent de l’extraction de matières premières. Ces activités relâchent beaucoup de CO2 dans l’atmosphère, participant ainsi au réchauffement climatique. Mais la région abrite une biodiversité très riche et surtout un des plus grands puits de carbone au monde : la forêt d’Amazonie, avec ses 6,9 millions de km2. Il y a ainsi un grand dilemme entre protéger, pour préserver ses joyaux naturels et ralentir le changement climatique, et extraire, afin que ses économies prospèrent.

Quelques chiffres sur la situation

  • 60 % : l’Amérique latine abrite environ 60 % des forêts tropicales qui restent dans le monde, dont la forêt amazonienne.
  • 17 % : depuis 1970, environ 17 % de la surface de l’Amazonie a été victime de la déforestation.
  • 8 millions : environ 8 millions de kilomètres carrés de biodiversité sont dans des aires protégées en Amérique latine.
  • 1992 : le Sommet de la Terre de Rio (1992) a marqué un tournant pour les politiques environnementales mondiales, avec une forte implication des pays d’Amérique latine.
  • 400 : la région est habitée par environ 400 peuples autochtones, gardiens de la biodiversité locale.
  • 50 % : près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre en Amérique latine proviennent de la déforestation et des changements d’utilisation des terres.

La nature comme sujet de droit

Une juridiction régionale…

L’Amérique latine est une des premières régions du monde à reconnaître la nature par le droit. Cette légifération de la nature a été accélérée en grande partie par la présence de peuples autochtones dans certains États, notamment en Bolivie et en Équateur. Ces communautés entretiennent un lien très particulier avec la nature, elle fait partie intégrante de leur vie.

En effet, pour la plupart d’entre elles, la nature est bien plus qu’un simple environnement : elle est sacrée et habitée par des esprits. Considérée comme une mère nourricière, souvent appelée Pachamama (la Terre-Mère) dans les Andes, elle est vénérée à travers des rituels et des traditions qui célèbrent son rôle vital dans l’équilibre de la vie.

… qui va de pair avec une reconnaissance des minorités

Plusieurs pays d’Amérique latine se distinguent ainsi par des avancées juridiques majeures en matière de protection de la nature et de reconnaissance des droits des peuples autochtones.

C’est le cas de la Colombie d’abord qui, en 1991, alors qu’elle était encore un narco-État, a changé sa Constitution reconnaissant les droits des « indigènes » et de ceux de la nature.

La Bolivie va encore plus loin, puisqu’elle se définit comme un État plurinational. La multiculturalité des peuples autochtones est reconnue dans la Constitution, dans un pays où 80 % de la population est métisse (par exemple, les Quechuas et les Aymaras). Ainsi, avec un vice-président quechua, David Choquehuanca, la Bolivie a à la tête de son gouvernement un défenseur de la cause écologique.

Enfin, la constitution de l’Équateur reconnaît la nature comme une personne juridique et oblige que les objectifs économiques soient subordonnés aux systèmes naturels.

Un bilan contrarié

Un paradoxe régional

Malgré ce lien fort avec la biodiversité et la nature, la plupart des économies latino-américaines sont polluantes, car elles dépendent de l’extraction de matières premières, notamment de minerais et de pétrole. C’est le cas du Chili avec le cuivre et le lithium, ou encore du Venezuela avec le pétrole.

Certains États essaient même de contourner la loi ou de changer la Constitution afin de mener à bien leur politique extractive. La province de Jujuy en Argentine a, par exemple, réformé la Constitution provinciale, encourageant ainsi l’exploitation de minerais sur le territoire des populations indigènes de la région et limitant leurs droits de manifester. L’Équateur, qui possède une législation importante sur le sujet, a exploité de 2013 à 2023 un important gisement de pétrole dans les sols du parc national protégé de Yasuní.

Une déforestation galopante, qui met en péril la survie de la biodiversité…

Ces activités d’extraction s’accompagnent d’une déforestation massive qui affecte gravement la région depuis les années 1970. En un demi-siècle, l’Amérique latine a perdu plus de 25 % de ses forêts, dont 17 % de la forêt amazonienne. Cette déforestation s’intensifie avec des incendies récurrents, souvent intentionnels, notamment en Bolivie. Ces feux criminels visent non seulement à exploiter les terres pour l’agriculture ou l’élevage intensif, mais également à déplacer de force les communautés autochtones.

Cette situation fragilise davantage les politiques environnementales mises en place par certains gouvernements, comme celui de la Bolivie, qui peinent à concilier développement économique et préservation de la biodiversité.

… malgré certains progrès dus à des politiques environnementales fortes

On peut tout de même relever certains progrès dans la lutte pour la préservation de la nature, comme la baisse drastique de la déforestation en Amazonie depuis le retour au pouvoir de Lula da Silva au Brésil. Avec une baisse de 22 % en un an, la déforestation atteint pour la deuxième année consécutive son niveau le plus bas depuis 2019 (selon l’INPE).

En Équateur, c’est l’initiative Yasuní-ITT qui a mis fin à l’exploitation du gisement de pétrole dans le parc national éponyme. L’arrêt de dix ans d’extraction a été permis grâce à la victoire du oui lors du référendum.

Le rôle des minorités dans la lutte contre le changement climatique

Les indigènes, fervents défenseurs de la nature

Les populations indigènes d’Amérique latine, qui représentent environ 8 % de la population totale de la région, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique grâce à leur gestion durable des écosystèmes et leur savoir ancestral. Gardiennes de vastes territoires riches en biodiversité, elles protègent activement les forêts, les eaux et les sols, tout en résistant aux activités extractives.

Deux figures emblématiques incarnent cet engagement

Patricia Gualinga, leader indigène du peuple Kichwa de Sarayaku en Équateur, est une voix majeure de la lutte pour la préservation de l’Amazonie et contre l’exploitation pétrolière. Elle milite pour protéger les territoires indigènes contre les projets d’extraction qui menacent l’environnement et les écosystèmes locaux. Elle défend une vision du « Buen vivir », une philosophie autochtone qui prône une coexistence harmonieuse entre l’humain et la nature. Son action a inspiré des mouvements de résistance écologique et sensibilisé le monde à l’importance de l’Amazonie dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Berta Cáceres, militante indigène hondurienne, a payé de sa vie son engagement en faveur de l’environnement. En 2016, elle a été assassinée pour avoir mené une campagne contre la construction d’un barrage hydroélectrique qui menaçait de détruire les rivières et les cultures de sa communauté. Son combat, devenu mondialement connu grâce à la couverture médiatique de son assassinat, a attiré l’attention sur les luttes environnementales des peuples autochtones. Le responsable de son meurtre, un dirigeant d’entreprise, a été condamné, bien que de tels verdicts restent rares.

Conclusion

Ainsi, la relation singulière qu’entretient l’Amérique latine avec la nature permet à la région d’avoir une juridiction lui assurant une protection face à l’activité humaine. Néanmoins, la fragilité des régimes et des économies remet souvent en cause sa préservation. La société civile est donc de plus en plus engagée dans la lutte, notamment les communautés autochtones qui, pour certaines, vivent encore en symbiose avec la nature.

Le vocabulaire essentiel

  • Changement climatique : cambio climàtico
  • Polluer : contaminar
  • Réchauffement de la planète : calentamiento del planeta
  • Déforestation : deforestación
  • Les pays amazoniens : los países amazónicos
  • Le climat : el clima
  • Atteindre l’objectif : lograr la meta
  • Peuple/communauté autochtone : pueblo/comunidad indigena
  • Légiférer : legislar
  • La loi : la ley
  • Un droit : un derecho
  • Un narco-État : un narcoestado
  • Diversité ethnique : diversidad étnica
  • Incendies intentionnels : incendios intencionales
  • Élevage intensif : cría intensiva

 

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