Cuba

La cosa está en candela en Cuba est une expression cubaine pour dire que la situation est sur le point d’exploser. Cuba est un pays qui, depuis des années et en particulier depuis la crise de la Covid, souffre d’une crise économique sans précédent à laquelle s’ajoute une crise sociale et migratoire inédite. En effet, en 2022, pas moins de 2 % de la population cubaine a fui aux États-Unis. Ce qui en fait le plus grand exode depuis l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir en 1959. Si cette situation accablante est en grande partie due à la crise sanitaire qui a ébranlé l’Amérique latine, l’embargo américain imposé depuis 1962 est constamment pointé du doigt par la dictature cubaine. Je t’emmène donc dans un décryptage de la crise cubaine afin d’identifier les maux qui rongent l’île et de comprendre les enjeux qui entourent cette crise.

La Covid, un fardeau pour Cuba

La crise Covid a été un véritable fléau pour l’île caribéenne, comme pour beaucoup de pays d’Amérique latine. Face à la pandémie, le pays a été contraint de se fermer au reste du monde, se traduisant par une chute de 11 % du PIB.

Cela est dû en particulier à la chute du tourisme, qui est traditionnellement la première activité économique du pays. Le chef d’État cubain Miguel Díaz-Canel a d’ailleurs annoncé en juillet 2023 que son pays ne réussira pas à atteindre la barre des 3,5 millions de touristes internationaux sur l’année.

Cette chute du PIB se doit également à l’impossibilité pour le pays d’importer depuis les autres pays, provoquant ainsi de nombreuses pénuries. D’une part, le fait que Cuba est dépendant énergétiquement d’autres pays, comme le Venezuela, a été mis en lumière pendant cette période. D’autant plus que ce dernier a aussi été frappé de plein fouet par la pandémie. D’autre part, l’île n’a pas pu importer des produits de première nécessité et a également refusé l’aide vaccinale de l’OMS destinée aux pays à faible économie, symbole de son isolement international, et accentuant la crise sanitaire sur son territoire.

L’embargo américain et le modèle économique cubain, des maux continuels pour le pays

Un facteur majeur de cette crise est également l’embargo américain imposé par les États-Unis à la dictature cubaine. Mis en place en 1962 après la crise des missiles, il continue de faire souffrir le pays en lui interdisant des relations économiques et financières avec de nombreux autres pays. Si l’embargo s’est adouci sous la présidence d’Obama, il a ensuite été largement renforcé par Trump en 2019, interdisant par exemple les transactions en dollars.

Aujourd’hui, le gouvernement cubain reconnaît la gravité de la crise et rejette la faute sur cet embargo qui mènerait à des pénuries d’électricité, de lait, de viande… De fait, l’Assemblée générale des Nations unies a voté le 2 novembre, à une majorité presque totale, pour la fin de cet embargo contre Cuba, mesure qui a été rejetée par les États-Unis.

Le modèle économique cubain a par ailleurs été source de nombreuses difficultés économiques

En effet, le pays a longtemps mené une politique d’isolement international et de nationalisation de son économie, empêchant une prospérité économique. De 2010 à 2014, le gouvernement a mené une politique d’ouverture et de libéralisation pour éviter un effondrement économique. Cette politique a été réaffirmée dans la nouvelle Constitution de 2019, malgré un contrôle étatique encore majoritaire.

Malheureusement, la crise sanitaire a mis en évidence de nombreuses failles économiques encore présentes au sein du pays. Pour beaucoup, la crise économique que traverse le pays est la pire depuis « El Periodo especial », qui correspond à la crise de 1993 provoquée par la chute de l’URSS et à la fin, par conséquent, des subventions apportées à Cuba. La réponse apportée par le gouvernement cubain en 2021, appelée «Tarea Ordenamiento », consistant en une politique d’unification monétaire et d’ouverture internationale, n’a pas résolu ces problèmes. Le gouvernement semble dépassé par les événements.

Une population extrêmement touchée et en colère

Si la situation est comparée à la crise du « Periodo especial », c’est aussi pour ses conséquences sociales inédites.

La population a été la première touchée par ce choc économique affectant les produits de première nécessité ainsi que l’énergie et le carburant. En effet, les prix des produits de première nécessité ont tellement augmenté, qu’en 2021, 90 % des revenus des ménages étaient dédiés à l’achat du panier de consommation de base. Selon l’OCDH (Observatorio Cubano de Derechos Humanos), au mois de septembre 2023, 88 % des Cubains vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour.

Une des premières réactions de la population a été la colère et la protestation

Des milliers de personnes sont allées manifester leur colère et leur désarroi face à l’incapacité de subvenir à leurs besoins. Cependant, si les manifestations ont pour la majorité été pacifiques, elles ont été durement réprimées par Miguel Díaz-Canel. Ce dernier a qualifié les manifestants d’ennemis de la nation et a appelé les milices communistes à les réprimer. Beaucoup ont été condamnés à des peines disproportionnées de 15 années de prison et on a assisté à des violations des droits humains. Un problème structurel dans le pays, comme le montre cet article.

Enfin, un signe non négligeable de la crise sociale à Cuba est l’augmentation effrénée de la migration. Le pays connaît l’exode le plus important de son histoire sous l’ère castriste, avec plus de 300 000 Cubains partis. La nouvelle loi en Espagne, la Ley de Memoria Democrática, attribuant notamment la nationalité espagnole aux descendants des personnes persécutées et exilées par le régime de Franco, a été une aubaine pour des nombreux Cubains qui ont pu partir vivre en Espagne. Cette crise migratoire apporte par conséquent de nombreux problèmes, par exemple la pénurie de personnel médical, qui pour beaucoup ont fui le pays.

Une sortie de crise possible ?

La situation paraît plutôt chaotique à Cuba, d’autant plus que la fin d’un embargo ne serait pas à prévoir de sitôt. En effet, selon des médias américains, la Chine voudrait construire des installations d’espionnage à Cuba, ce qui pourrait sérieusement compromettre un renouveau dans les relations États-Unis/Cuba. De plus, Cuba a affirmé son soutien à la Russie dans la guerre qu’elle mène contre l’Ukraine.

D’un autre côté, certains pays essaient de renouer leurs relations avec Cuba. Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne, a récemment fait un voyage à Cuba afin de renouer les liens entre l’Union européenne et le pays. Celui-ci a critiqué l’embargo en place et a affirmé sa volonté d’aider le secteur privé cubain, et particulièrement les petites entreprises qui représentent 12 % du PIB.

L’Europe serait donc prête à soutenir la réforme économique du pays afin de favoriser sa sortie de crise. Un point encore problématique dans les relations entre Cuba et l’Union européenne est le respect des droits humains, qui glace beaucoup les discussions.

Vocabulaire

  • Hundirse : couler, s’effondrer
  • La escasez : la pénurie
  • El desabastecimiento : le manque d’approvisionnement
  • Un atropello a los derechos humanos : une violation des droits humains
  • Un hartazgo : un ras-le-bol
  • Hacer estragos : faire des ravages
  • Cobrar : toucher, encaisser
  • La canasta básica/la cesta de la compra : le panier alimentaire/de consommation de base
  • Encarecer : renchérir
  • Buscarse la vida : gagner sa vie
  • Suavizar(se) : (s’)adoucir

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