Si les noms de Pablo Escobar, de La Madrina ou d’El Chapo te sont sûrement familiers tant ils sont présents dans la culture populaire, qu’en est-il d’El Diabólico condamné à près de 170 années de prison au Guatemala et de son organisation MS-13 ?
Major-Prépa te propose ici de comprendre un phénomène important d’Amérique centrale : las maras !
Quelques données à connaître
Tu n’es pas censé ignorer que l’Amérique du Sud est sujette à de nombreux fléaux majeurs entravant de fait toute possibilité de développement et participant même à son sous-développement.
Parmi ces fléaux, la violence est un élément majeur du retard de la région et particulièrement en Amérique centrale. En effet, la région du Triángulo Norte (Salvador, Honduras et Guatemala) est malheureusement connue pour sa propension à la violence. Selon l’UNODC, le Salvador est le pays où le taux d’homicide est le plus important avec 83 homicides pour 100 000 habitants, loin devant le second du classement, le Honduras, avec 57 homicides pour 100 000 habitants. Pour te donner un ordre d’idée, la France est en 2021 à 1 pour 100 000 et le Japon… à 0,2 !
À cela vient s’ajouter une pauvreté endémique : 64 % des habitants du Honduras vivent en dessous du seuil de pauvreté national selon l’ONU. Cela pousse les gens à fuir le pays vers le nord ou à trouver des moyens de survie. Selon Jari Dixon, un politicien hondurien : « Ils ne courent pas après le rêve américain, ils fuient le cauchemar hondurien. »
La pauvreté sert ainsi de terreau aux maras. Elle facilite le recrutement des jeunes, ce qui alimente la economía informal : 80 % de la cocaïne à destination des États-Unis transite par l’Amérique centrale. Ces jeunes issus de familles pauvres, sans accès à l’éducation, voient dans les maras une porte de sortie, un moyen de s’élever. Le personnage de Gregorio Ortega dans le roman Más allá del invierno d’Isabel Allende est l’incarnation de cette détresse profonde.
Le fonctionnement des maras
La sélection est violente et fait entrevoir aux nouveaux venus le pouvoir de ces bandes. L’aspirant marero est lynché durant un délai précis par d’autres mareros pour montrer son allégeance. Les aspirants doivent supporter treize secondes de coups pour rejoindre l’une des deux plus dangereuses maras : la mara Salvatrucha (MS-13).
Une fois ce rite passé, les nouveaux mareros rejoignent une nouvelle famille appelée « clicas » qui passe désormais avant tout, la mort étant la sanction la plus commune pour les potentiels rebelles.
La rivalité entre les maras explique le taux d’homicide important dans cette région, les guerres de gangs sont une réalité entre MS-13 et la Mara 18, si bien qu’un simple geste peut être interprété comme une appartenance à un autre gang et mener à la mort.
Les solutions proposées
Les scénarios de sortie de crise sont limités tant la corruption engendrée affecte l’ensemble de la société.
Depuis le début du XXIᵉ siècle, on constate une augmentation significative de politique de la poigne de fer (« mano dura ») portée par Juan Orlando Hernández au Honduras depuis 2014 ou le président Bukele au Salvador depuis 2019, consistant en une répression et une surveillance massives. Dès son élection, le président Bukele a ainsi déployé près de 5 000 militaires et policiers à San Salvador.
Néanmoins, cette politique atteint rapidement ses limites du fait de la surpopulation carcérale et la faiblesse du système judiciaire lui-même sujet à la corruption.
Plus récemment, on constate des gestes pour une résolution sociale du problème par une politique de réinsertion et de création d’opportunités : El Diabólico prône la discussion avec le gouvernement du Guatemala, mais ce dernier refuse toute concession.
Pour aller plus loin et réviser de façon ludique, tu peux visionner ces deux films : Sin Nombre et La Vida Loca.